Festival Innovasound

par | 15 Déc 2021 | Reportage Son

LA NOUVELLE FRONTIÈRE DU CLASSIQUE

Davantage qu’un simple festival, Innovasound est un espace de rencontres qui a vocation à accompagner dans le temps les artistes et entrepreneurs impliqués autour des technologies nouvelles appliquées à la musique classique et contemporaine. Profitons d’une deuxième édition tronquée, qui s’est tenue du 17 au 19 septembre à Paris au 104, pour revenir sur ses débuts en 2019 et aborder ses ambitions futures à l’échelle mondiale.

Innovasound appartient à l’association loi 1901 Sound Venture, dont la présidente Magali Rousseau est aussi directrice d’orchestre. Le portage du festival, toutefois, ainsi que la stratégie de développement de la marque ont été délégués au Collège contemporain. Rencontre avec son président Benoît Sitzia.

BENOÎT SITZIA :

« Le Collège contemporain est une structure encore associative, qui va certainement basculer en entreprise car le principe juridique d’une association à la française est peu lisible à l’international, potentiellement bloquant sur certains projets.

Nous soutenons un réseau d’artistes (musique, lumières, vidéo) actifs dans les entreprises et les pratiques innovantes. Il y a d’une part un volet d’aide aux entrepreneurs, d’autre part un soutien à la création. Ce dernier passe par la commande d’œuvres et l’organisation de moments de convergences, comme ce festival qui est un endroit où les gens se rencontrent à travers leurs travaux et présentent leurs productions au public.
Nous disposons pour réaliser tout cela d’un pôle d’ingénierie culturelle : production événementielle, marketing, communication. Ce pôle est également mis à la disposition de différentes structures privées pour nous apporter du carburant financier. Ce modèle hybride, qui s’appuie sur le privé pour dégager les marges financières nécessaires au soutien à la création, est encore rare dans notre milieu de la musique classique et contemporaine :
nous incarnons donc une approche nouvelle, et il nous arrive encore de rencontrer des résistances. »
« L’objectif du festival est de créer des synergies et de les accompagner sur plusieurs années : son déroulement, condensé sur un week-end, permet des rencontres qui vont ensuite se traduire en créations, lesquelles seront présentées au public les années suivantes. Notre ambition est de faire pivoter la relation entre les industriels et les créatifs, non plus dans un rapport d’interdépendance mais dans un rapport de coconstruction.
Pour incarner cette dynamique, le festival est composé de trois espaces : un village d’entreprises innovantes (qui est un espace de coworking) ; un espace de rencontres et de débats et un espace de concerts. Pour les professionnels (artistes comme entrepreneurs), cet événement est un jalon durant lequel ils vont rencontrer de nouveaux partenaires et un public ; du point de vue des visiteurs, c’est un parcours d’expériences musicales augmentées via la technologie, présentées de manières tantôt ludiques tantôt spectaculaires.
Le 104, partenaire du festival, nous dote d’une salle de 200 places pour les expériences en réalité virtuelle et les concerts gratuits, qui ont lieu l’après-midi. En soirée les concerts sont payants et se déroulent dans une salle de 400 places. La programmation est abordée selon le principe industriel et non plus selon le principe esthétique : elle est donc plus ouverte – on peut dire aussi moins clivée – que la norme de notre secteur, avec un mélange de musique classique, de musique contemporaine, de musique improvisée et de musiques électroniques actuelles.

Le village entrepreneurial de l’édition 2019. 

La Spedidam, organisme qui a pour objet l’exercice du droit d’auteur des interprètes au niveau international, est l’un des principaux financeurs du festival : un parrainage cohérent dans la mesure où notre axe de développement est d’initier le processus Innovasound au niveau mondial, en ciblant des villes high-tech comme Shenzhen… Une première édition du festival à Shanghai avait d’ores et déjà été planifiée pour 2020, mais nous avons évidemment dû l’annuler.
L’édition 2019 était une première marche, un premier tour de manivelle. Cette année, nous avons dû prioriser pour nous adapter aux contraintes sanitaires : dans ce nécessaire compromis, nous avons choisi de conserver uniquement l’espace de concerts, car l’urgence nous a semblé être de redonner du spectacle au public. Les espaces de coworking et de débats sont donc déportés sur la Toile, sous la forme de présentations et de conférences virtuelles des entrepreneurs durant les prochains mois. »

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