LE SLAM MUSICAL AU ZÉNITH

Dernier album de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, Mesdames est une suite de duos qu’il réalise avec des interprètes féminines comme Véronique Sanson, Laura Smet, Louane, Camille Lellouche…
Le spectacle en tournée reprend des classiques de l’artiste, ainsi que des titres de l’album Mesdames, avec la participation sur scène de certains co-interprètes du disque. Autre nouveauté, la présence de trois musiciens sur scène et la diffusion de séquences sonores issues du travail en studio.

On connaît Grand Corps Malade pour son slam, genre artistique à mi chemin entre la poésie, la déclamation et la chanson à texte, dont la partie musicale se réduit souvent à la portion congrue. L’artiste a aujourd’hui choisi d’enrichir son contenu en invitant des musiciens ainsi que des co-interprètes, toutes féminines.

La scène de la tournée est désormais occupée par quatre artistes. Grand Corps Malade la partage en effet avec Quentin Mosimann qui, en tant que directeur musical, a composé les titres, et qui joue sur scène des claviers, des platines et percussions. Benoît Simon assure les guitares et les basses tandis que Feedback s’active sur son set de percussions. Accompagnés sur certains titres par des séquences préenregistrées diffusées via le logiciel Logic Pro, le groupe produit des ambiances pouvant aller d’un univers éthéré à un son dense et particulièrement énergique, flirtant avec l’électro.

Nouvel univers pour l’artiste, cette scène est aussi un nouveau défi pour l’équipe technique, plusieurs de ses acteurs accompagnant Grand Corps Malade depuis des années. L’enjeu technique à relever réunit en effet tout à la fois ceux de plateaux pop, rock et électro. Le système de diffusion préconisé témoigne de cet polyvalence recherchée. Nous retrouvons Thomas Iannucci, le régisseur général de la tournée.

Thomas Ianucci : En quelques années, Grand Corps Malade a changé de statut, et la dimension des salles qu’il peut désormais remplir de son public n’est plus la même. Pour l’ensemble du matériel technique, la production a fait appel à la société MPM Audiolight, dont les compétences dans le domaine des kits de tournée ne sont plus à démontrer.
L’équipe de MPM a une réelle expérience du touring. Le directeur technique de la structure, David Nulli, a lui-même réalisé quantité de tournées, tout comme Stéphane Jouve au dépôt. Ils savent exactement comment les choses se passent sur la route, et chaque rack est conçu de façon logique et ergonomique.

Chez certains prestataires, les techniciens de la tournée vont venir passer une semaine au dépôt pour constituer leurs racks. Chez MPM, ces compétences sont déjà présentes et ils livrent des configurations prêtes à l’emploi et qui fonctionnent. Autre intérêt, en cas de problème, ils comprennent tout de suite de quoi il s’agit puisque ce sont eux qui ont préparés les racks. C’est un grand confort.

Nous rejoignons l’équipe en charge du son du plateau et de la salle, à savoir Tristan Mazire qui mixe les retours, Loïc Ravazy, qui gère les séquences et la HF, et Sébastien Fernandez, à la face.
Depuis son obtention de la maîtrise Image et son de Brest, Loïc Ravazy œuvre depuis plus de quinze ans en prestation, en festivals et en tournées, régulièrement pour MPM. Il est généralement focalisé sur la diffusion, avec une spécialisation sur les systèmes Adamson et L-Acoustics. C’est la première tournée qu’il réalise au plateau. Loïc a rencontré Tristan Mazire, qui mixe le son des retours, sur un festival il y a six ans. Lorsqu’il a été question pour la tournée Grand Corps Malade d’ajouter un volet informatique musical à la configuration, Loïc a accepté de s’y consacrer.

Diplômé en 2004 de l’ISTS, Tristan Mazire a intégré le métier en se spécialisant dans le mixage des retours. Il considère que son travail doit se réaliser main dans la main avec l’ingé-son de face, pour le confort de l’artiste et le plaisir du public. Il est aussi intervenu en captation et en audiovisuel, et même pendant deux ans à Londres en tant que support technique Avid. Il œuvre aussi en studio et Grand Corps Malade est actuellement sa seule tournée.

Aujourd’hui au mixage face de la tournée, Sébastien Fernandez a fait très jeune ses premières armes avant d’entrer à l’âge de 20 ans chez le prestataire Potar. Première tournée à 24 ans et 10 ans de calage système plus tard, il commence à mixer régulièrement, en face et en retours. C’est la deuxième tournée Grand Corps Malade qu’il gère.

SONO Mag : Commençons par évoquer les séquences d’accompagnement musical. Comment ont-elles été réalisées et dans quel but ?

Tristan Mazire : Nous sommes repartis des stems réalisés pour l’album en studio. Pour limiter l’étendue du patch, l’un des premiers enjeux était de ne pas dépasser 16 pistes stéréo. Le travail de pré-production a permis cela.

Nous avons ensuite travaillé le spectre. Les possibilités de restitution des graves en situation de concert sont bien plus étendues qu’en studio. Nous avons refait les équilibres et même parfois changé le son de certains instruments, des grosses caisses typiquement.
Dans un second temps, nous avons réalisé une forme de mastering pour que chaque titre sonne au même niveau que le précédent pendant les concerts. L’idée étant qu’en ouvrant toutes les pistes à zéro sur la console, on obtienne un mixage cohérent.

Sébastien Fernandez : Ce travail de préparation en vue des concerts est absolument fondamental. Le travail du son destiné à un album est très spécifique, il se déroule dans des conditions acoustiques souvent excellentes, avec la possibilité d’utiliser un nombre de pistes et de traitements quasiment infinis. En live, c’est l’efficacité qui est primordiale. Nous avons besoin du contenu musical principal, utile au message de l’artiste, mais tout ce que l’on peut enlever dans les sources nous aidera par la suite dans notre mixage de concert. Pour chaque partie de chaque titre, nous devons nettoyer tout ce qui risque de nous poser problème.

En termes de dynamique et d’équilibre spectral, nous recherchons avant tout l’impact et l’intelligibilité. Nous allons aussi pouvoir mobiliser des infra, ce qui n’est pas vraiment possible sur l’album.

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