Dans le liv(r)e blanc publié par SONO Mag dans son édition de juin 2020, plus de 80 professionnels de nos univers relataient leur expérience du premier confinement, de ce moment suspendu de nos vies, entre temps retrouvé et soleil du printemps. Au pire, on allait reprendre les activités à la rentrée de septembre, disait-on. Depuis, chacun d’entre nous a compris que la situation s’était s’installée pour un moment et qu’un retour à la « normale » pouvait difficilement se pronostiquer. A la forme d’insouciance du printemps 2020 a succédé la nécessité d’une gestion active des conséquences économiques de la pandémie. Nous avons souhaité, un an après, rouvrir nos colonnes à un panel représentatif de professionnels de nos métiers. Ils s’expriment sur la situation, sur les idées et les solutions pour avancer, et donnent leur vision de ce que sera désormais notre univers du spectacle et de l’événementiel.

CÉDRIC BEGOC // DIRECTEUR DES CONTENUS FRANCE D’ACAST, PLATEFORME D’ACCÉLÉRATION DE PODCAST AUDIO

Notre mission est la mise en place d’une économie pour les podcasteurs

Nous avons débuté notre activité en France en 2019 avec un modèle publicitaire novateur. En mars 2020, une baisse des investissements a été constatée mais, rapidement, les usages du podcast ont augmenté. Les écoutes ont grimpé de plus de 250 % tout au long de l’année. Nous apportons aux artistes un support technique et un outil de communication en les mettant en avant sur les différentes plateformes de podcast, dans le but de leur générer des revenus grâce à la publicité afin qu’ils puissent progressivement vivre de leur créativité. L’avantage du podcast est qu’il ne demande pas un investissement technique énorme pour débuter et que les studios d’enregistrement audio trouvent une clientèle avec les podcasteurs qui cherchent à professionnaliser leur son. Un vrai marché est en train de se créer car la France, comme le Royaume-Uni, sont deux pays de tradition radiophonique où les annonceurs ont découvert dans le podcast des terrains d’expression qu’ils ne trouvaient plus ailleurs.

NICOLAS BEZARD // FONDATEUR DE SONOVENTE.COM

Un entrepreneur se doit d’embaucher, de créer des équipes, c’est ce qui donne de la valeur à une société !

Concernant Sonovente.com, nous nous sommes réinventés pendant cette crise, le B to C « musique » s’est développé mais n’a pas compensé l’effondrement de notre cœur de métier, nos marges ont été dynamitées. Les projets d’installation et d’intégration s’essoufflent, et la visioconférence ne réussira pas à combler le manque à gagner. Certes, le chômage partiel a permis à nos salariés de continuer à vivre, et nous remercions l’État pour cela, mais les entreprises de plus de 50 salariés ne sont pas considérées et n’ont aucune aide. Le PGE (prêt garanti par l’Etat) a le mérite d’exister mais il s’agit bien d’une dette qu’il faudra rembourser. Je crois que les mesures plus strictes mises en place dans certains pays, accompagnées d’une discipline générale plus rigoureuse, nous permettraient de voir enfin le bout de cette crise. Pour terminer, je remercie nos équipes pour leur volonté, leur pugnacité et leur agilité. Le bout du tunnel arrive

OLIVIER CHAMBIN // INGÉNIEUR BROADCAST SPÉCIALISÉ AOIP CHEZ EUROSPORT

La gestion des réseaux et du cloud devient un métier à part entière.

Depuis 2018, je me focalise sur la “remote production”. En un an, la production TV des événements sportifs a radicalement changé. Les équipes envoyées sur site ont dû être drastiquement allégées et il a fallu trouver de nouvelles solutions. Les commentateurs travaillent en direct de chez eux, à partir du flux image international. Nous incrustons les présentateurs sur des décors virtuels et réalisons la même chose sur place avec les sportifs interviewés. Cela induit des exigences techniques importantes, et donc de nouvelles compétences, orientées sur l’IP, mais intégrant les problématiques du broadcast, comme la latence et la synchro. Après la crise sanitaire, ces pratiques vont perdurer. La production à distance a de beaux jours devant elle. La pandémie a été un accélérateur, et toutes les chaînes de télévision tendent vers ces solutions. Il y a de vrais besoins en opérateurs spécialisés. La gestion des réseaux et du cloud devient un métier à part entière.

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