Lewitt LCT 140 AIR stereo pair

par | 10 Juil 2021 | Test Son

COUPLE STATIQUE APPARIÉ

Lorsqu’un fabricant nous propose un produit pour un test, nous examinons l’opportunité très attentivement, avec comme priorité l’intérêt que pourraient avoir les lecteurs, vous en fait, pour la chose. Un couple de micro, pourquoi pas ? Mais nous souhaitions l’essayer avant de réaliser ou non le test. Il ne nous a pas fallu longtemps pour décider d’accueillir le couple LCT 140 Air dans nos colonnes, tant la proposition est séduisante et d’un rapport qualité prix remarquable.

Depuis l’émergence des propositions asiatiques, l’offre en microphones de prise de son est devenue pléthorique. La marque Lewitt a été créée en 2009 et s’ajoute à ce concert. Implantée à Vienne, en Autriche, Lewitt propose plus d’une vingtaine de références de capteurs. Derrière les modèles large membrane tels que les LCT 440 ou 240, on pourra facilement percevoir l’inspiration de références AKG historiques, tant dans les choix technologiques que dans celui d’une esthétique anguleuse identifiable au premier regard. Rien de surprenant là dedans, les créateurs de Lewitt sont pour la plupart issus des rangs du célèbre fabricant de micros, lui aussi autrichien. Nous verrons dans ces choix un hommage.

Mais ces sept modèles, à l’inspiration assumée, ne se contentent pas d’être de simples déclinaisons au tarif attractif. On perçoit chez Lewitt une réelle volonté de marier la tradition et des inspirations technologiques innovantes. Cela donne des références au bruit propre inférieur au seuil de perception de l’oreille, des modèles à double sortie pour un choix de directivité en postproduction ou encore des solutions de télécommande des micros à distance. Lewitt propose également huit micros dynamiques destinés à la voix, aux instruments, aux reportages… Là aussi, on retrouve un air de famille autrichien, mais l’originalité est aussi de mise, avec par exemple un modèle à double capsule pour les instruments graves.

Troisième catégorie, celle qui regroupe les trois modèles de micros « bâtons » à petite membrane. Le compact LCT 040, le haut de gamme LCT 340, avec ses deux directivités commutables, ainsi que le polyvalent LCT 140 Air, que nous présentons dans ce test sous la forme d’un kit de deux micros appariés.

PRISE EN MAIN

Le kit est rangé dans une boîte en carton équipée d’une mousse prédécoupée dans laquelle prennent place les micros, les bonnettes et les pinces articulées. On trouve aussi une robuste pochette en simili cuir qui présente la particularité de contenir un double compartiment intérieur, séparé par une pièce de tissu rembourrée. Une excellente idée pour éviter que les corps métalliques des micros ne s’entrechoquent pendant le transport et que leur état de surface ne se dégrade.

A la prise en main, les pinces semblent robustes, et le levier de serrage du pivot est confortable. Les mousses anti-vent fournies ont une forme optimisée pour les micros. Les deux LCT 140 Air surprennent de prime abord par leur légèreté. On craint une fabrication plastique bon marché. Il n’en est rien, bien au contraire. Le corps des micros est constitué de pièces usinées en aluminium. Le tube extérieur est solidaire de la grille de protection de la capsule. Il est formé pour libérer l’espace où se logent trois commutateurs, ce qui les protège efficacement, particulièrement quand on place le micro dans sa pince sans prendre garde à ces switches.

Le deuxième ensemble regroupe toute l’électronique, de la capsule jusqu’à l’embase XLR, dont il faut noter que les broches sont plaquées or. Un circuit imprimé court sur toute la longueur du micro, ce qui permet d’éviter tout câblage filaire. Le circuit est soigneusement équipé de composants CMS d’un côté et reçoit directement les broches des commutateurs de l’autre.

Cet ensemble se glisse sans effort dans le corps extérieur du micro. Des pièces cylindriques en mousse guident la capsule dans le logement puis assurent son maintien en limitant la transmission des bruits de manipulation. Trois minuscules vis viennent ensuite solidariser les deux parties du micro. La fabrication est sérieuse, particulièrement au regard du prix de vente de ce matériel.

LA PROCÉDURE D’APPARIAGE

L’appariage est une démarche utile dès lors que l’on souhaite utiliser plusieurs micros pour constituer un couple de prise de son. Avec les deux micros indépendants, vous pouvez constituer une grande diversité de formats de couples AB et XY. On comprend qu’un couple de microphones devrait idéalement être constitué de deux modèles aux caractéristiques parfaitement identiques. Mécaniquement et en termes d’encombrement, on peut considérer que c’est le cas de notre couple Lewitt. Mais qu’en est-il concernant le comportement électro-acoustique ? En dépit de tout le soin apporté au choix des composants et à la fabrication des micros, les caractéristiques des éléments qui les composent présentent des tolérances, des écarts inévitables. Cela est vrai pour toute fabrication, quelle que soit la gamme ou la marque des produits. A partir de cela, le fabricant doit trouver des méthodes pour limiter les écarts de caractéristiques entre ses produits.

Lewitt est fier de son processus d’appariage des kits stéréo de LCT 140 Air. Voyons comment cette opération se réalise. A la sortie de la chaîne de fabrication, la sensibilité de chaque micro est individuellement mesurée sur un banc test, en même temps que l’on trace la réponse en fréquences. Pour homogénéiser les sensibilités, il est ensuite procédé en atelier à un ajustage de la tension de polarisation de la capsule. A partir de ces modèles identiques en sensibilité, le laboratoire compare les réponses des différents micros d’une même série et rapproche les paires aux caractéristiques les plus proches possibles.

Vous connaissez l’équipe du labo de SONO Mag ! Nous sommes curieux. Et nous avons tracé les réponses en fréquence des deux micros du kit qui nous a été fourni pour les comparer. Le tracé de la figure 1 indique la différence de niveau entre les deux sorties micro en fonction de la fréquence.

Un coup d’œil sur la sensibilité ? La différence de niveau entre nos deux micros à 1 kHz s’élève à… 0,15 dB ! On peut dire que le process d’homogénéisation des sensibilités est efficace. Quels écarts obtient-on en considérant la totalité de la bande mesurée ? L’appariage des deux micros permet de limiter la variation relative de niveau entre les sorties des deux micros à +1/-0,5 dB. Si l’on supprime quelques dizaines de Hz dans le bas de la courbe, le tout tient dans 1 dB ! Remarquable.

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