Tournée S3NS d’Ibrahim Maalouf

par | 10 Sep 2021 | Reportage Lumière & Vidéo

RETROUVER LA LUMIÈRE

Entamée à l’automne 2019, la tournée S3NS avait dû s’interrompre à la suite des mesures de prudence sanitaires. Une année et demie plus tard, la troupe du spectacle, qui mêle l’univers personnel du trompettiste à une ambiance afro-cubaine débridée, reprend la route avec bonheur. C’est à l’occasion des deux dates inaugurales, prévues fin juin lors du festival Jazz à Vienne, que nous sommes allés à la rencontre de l’équipe lumière de la tournée.

L’équipe lumière de la tournée S3NS, c’est avant tout trois larrons qui s’entendent à merveille. Dopé par le bonheur de retrouver l’ambiance des spectacles, on perçoit tout de suite chez le trio ce généreux enthousiasme. En dépit de l’emploi du temps plus que chargé de ces journées de reprise, John Mahon, le bloqueur, Jean-Lou Navarro, le chef d’équipe, et Olivier Germain, le designer pupitreur, se sont rendus disponibles pour cet échange. Nous leur adressons un grand merci.

John Mahon compte plus de vingt-cinq ans de tournées au compteur, en compagnie d’artistes français et étrangers, et dans différents rôles suivant les projets, pupitreur, par exemple. Pour la tournée S3NS, il a la responsabilité des armoires électriques et de la fourniture d’énergie.

Jean-Lou Navarro a pour sa part commencé sa vie professionnelle dans le spectacle à l’EMB Sannois, fameux club de la région parisienne. Il évolue ensuite au fil des rencontres et des affinités, tantôt designer, tantôt pupitreur. Il est coordinateur de l’équipe lumière pour la tournée S3NS. A partir du projet que lui communique le designer lumière, il réalise l’étude technique, les plans de câblage… tout ce qui est nécessaire pour sa mise en œuvre.

Le designer, c’est Olivier Germain. Il a commencé il y a plus de vingt ans avec Les Blérots de R.A.V.E.L., a vécu dix ans en Belgique, où il a travaillé en événementiel, et a accompagné une bonne vingtaine de tournées dont, actuellement, celles de Yann Tiersen et de Gaël Faye. Avec Matthieu Etignard et Julien Desbrosse, il développe Atfull, une structure de création lumière. Il est impliqué dans B Live en tant que directeur des opérations. Designer lumière de la tournée S3NS, il en est également le pupitreur.

SONO Mag : Olivier, comment en es-tu arrivé à travailler avec Ibrahim Maalouf ?

Olivier Germain : Ma rencontre avec Ibrahim a eu lieu il y a environ trois ans. Il avait assisté à un concert de Gaël Faye, pour lequel j’ai réalisé le design lumière et avec qui je tourne. Il a apprécié et a écrit à Gaël pour lui demander mes coordonnées. On a échangé et il m’a demandé de lui faire une proposition de design. En septembre 2019, on avait réalisé une première création pour la tournée des Zénith, c’est-à-dire adaptée à l’intérieur. Du fait des circonstances sanitaires, la tournée a fait long feu, mais elle reprend aujourd’hui, avec les festivals, en extérieur. Ibrahim m’a demandé de réaliser un design marquant, une scénographie impactante, adaptée à ces grandes scènes. Il aime la présence de nombreuses machines mais, dans le cahier des charges, l’impératif était que ce soit simple et rapide à monter et démonter. A l’automne, nous aménagerons le kit pour retourner en salles, avec un mix du design Zénith de 2019 et de celui des festivals de l’ été 2021.

En début et en fin de concert, la scène est plongée dans une ambiance uniformément bleue, qui accompagne des passages nostalgiques et sensibles du spectacle

SONO Mag : Concrètement, quelles sont les consignes que te donne Ibrahim d’un point de vue artistique ?

O. G. : Ibrahim fait confiance à son équipe. Il ne nous assomme donc pas de directives. Il m’a demandé que le public soit éclairé le plus souvent possible, car il aime bien le voir. Il déteste en revanche être davantage dans la lumière que les autres artistes sur scène. Il revendique son appartenance au groupe de musiciens. Chacun doit être considéré avec une importance égale. Ibrahim déteste les poursuites, qui valorisent un interprète en particulier. Et, même quand il joue des chorus, il ne souhaite pas être mis en avant par le design lumière.

Dans la scénographie des Zénith, j’avais prévu un Robospot, en contre, et dont le faisceau était coloré et fondu dans le reste de l’ambiance. Lors d’une date, il a remarqué ce faisceau sur l’une de ses ombres, devant lui, et a demandé qu’on le supprime.

SONO Mag : Le contenu musical est varié, de la ballade mélancolique à la salsa la plus débridée. Reçois-tu des consignes par rapport au contexte musical, à l’ambiance de chaque titre ?

O. G. : On a échangé sur quelques moments particuliers et certains morceaux, comme « Beirut ». Nous avons aussi identifié des pêches qu’il souhaite souligner. Mais sinon, j’ai une liberté totale pour créer un plateau très lumineux, pour ne pas dire chargé, et dont l’éclairage permet de voir le public le plus souvent possible.

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