Dans la tête de Grand Corps Malade

par | 10 Juin 2022 | n°480, Reportage Lumière & Vidéo

SCÉNOGRAPHIE, LUMIÈRE ET VIDÉO

Grand Corps Malade nous donne à tous une belle leçon de vie. Par son parcours, déjà, en tant que sportif de haut niveau qui, suite à un accident qui lui a endommagé la colonne vertébrale, a réussi à changer de vie en devenant poète, et à démocratiser le slam auprès du grand public. Et c’est dans le cadre de sa nouvelle tournée, faisant suite à son album Mesdames, que nous sommes allés à la rencontre de ses équipes lumière et vidéo pour découvrir comment l’on sublime la poésie d’un tel artiste à l’aide de nos outils.

C’est au Zénith de Paris, porte de la Villette, que nous a donné rendez-vous son régisseur général, Thomas Iannucci, au deuxième jour de l’escale parisienne. C’est donc dans une ambiance décontractée, sans la contrainte du montage, que nous avons été reçus.

SONO Mag : Bonjour Thomas, peux-tu nous parler de la genèse de cette tournée ?

Thomas Iannucci : C’est suite au succès de son septième album studio que l’idée de lancer la 5e tournée de Grand Corps Malade a été émise, durant le confinement de novembre 2020, période incertaine pas très propice aux grands projets, où la décision a donc été prise de partir sur un kit plus limité, mais efficace et réfléchi. Cet album étant constitué de nombreux duos avec des artistes féminines, le choix a rapidement été fait d’intégrer de la vidéo dans la scénographie, pour donner une présence virtuelle à leurs voix durant les chansons, sachant qu’elles ne seraient pas présentes en tournée. Cette décision a eu plusieurs conséquences, la première étant la nécessité de créer des médias adaptés, et la deuxième l’obligation d’assujettir quasiment l’entièreté du spectacle à un timecode afin d’assurer une bonne synchronisation labiale entre la vidéo et le son.

Concernant les médias, une partie a été réalisée directement par Grand Corps Malade et son ami Mehdi Idir, tous deux co-réalisateurs de deux films (Patients et La Vie scolaire, NDLR). Ils ont effectué les prises de vues réelles, qui comprennent des passages de duos avec les artistes féminines et un court métrage qui va être le fil rouge du spectacle. La création des médias graphiques et l’intégration des images réelles ont ensuite été supervisés par Pierre Nouvel.
La scénographie et le design lumière ont été confiés à Nicolas Brion, pour une exploitation effectuée par Quentin Sangline, éclairagiste de Grand Corps Malade.

Pour donner une idée de la chronologie, le tournage des médias a eu lieu en mars-avril 2021, suivi de la phase de pré-production en juin de la même année pour un départ en tournées petites salles à cette même période. Ensuite, une tournée de trente dates en Zéniths a été assurée, le tout représentant une centaine de dates entre mi-2021 et la dernière qui aura lieu à Paris-Bercy – Accor Arena le 20 décembre 2022.

MISE EN BOÎTE

Faisons un point sur la scénographie. On nous propose un voyage dans la tête de Grand Corps Malade, symbolisée par un élément de décor nommé la « boîte », constituée d’un panneau de dalles vidéo au lointain de 13 m par 5,5 m de hauteur, complété par deux panneaux vidéo latéraux de 3 m par 5,5 m qui viennent évaser la boîte selon un angle de 15°. Le tout est surplombé par un plafond métallique réfléchissant percé d’ouvertures rectangulaires laissant place à une partie du kit lumière. Au sol, le choix a été fait de poser un tapis de danse brillant recouvrant également les praticables et les passages de câbles pour une épure du plateau (et faciliter au passage les déplacements de l’artiste). Il avait été évoqué à un moment de mettre des écrans LEDs également au plafond, mais pour des raisons pratiques, c’est un plafond en aluminium qui a été retenu, créateur de reflets tant venus des écrans LEDs que des projecteurs. Pour parfaire la boîte, une marie-louise de 15,5 m par 6 m vient encadrer le tout. Enfin, le design vient étendre la boîte selon le même angle d’ouverture, avec des MegaPointe placés sur des ponts et au sol.
Et puisque l’on commence à évoquer les projecteurs, il va être temps pour nous de nous diriger vers la régie lumière, pour une rencontre avec Quentin Sangline, jeune pupitreur de 26 ans qui officie au poste d’éclairagiste de Grand Corps Malade depuis cinq ans.

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