Innovation et recyclage font bon ménage
2025 est une année doublement importante pour Pascal Obispo, qui célèbre à Bercy en janvier ses 60 ans et une tournée marquant ses 30 ans de carrière. Et pour cette dernière, dans un format plus intime qu’à l’habitude, son éclairagiste historique Dimitri Vassiliu a décidé d’inclure un projecteur unique créé en recyclant d’anciennes lyres. L’occasion d’aller à ce concert, non ?
Notre reportage s’est déroulé en deux parties, à savoir la visite de l’équipe technique lors d’une date à la Cité des Congrès de Nantes et un entretien séparé avec Dimitri, qui ne pouvait être présent ce soir-là. L’occasion d’évoquer le design d’un côté et l’opérationnel de l’autre. Ce sont donc Stéphane Chiron, pupitreur, Fred Audran, aux blocs, et Aurélien Visbecq, technicien lumière et Robospot, qui nous ont accueillis à Nantes.
Quant à Dimitri Vassiliu, on ne le présente plus !
Concepteur lumière et directeur photo depuis de nombreuses années, il a travaillé pour Zazie, Obispo, Vanessa Paradis, Calogero et Mylène Farmer.
SONO Mag : Dimitri, peux-tu nous parler de ton histoire avec Pascal Obispo ?
Dimitri Vassiliu : Cela fait plus de 25 ans que nous travaillons ensemble. Je suis arrivé au moment où il s’est mis à cartonner. Je travaillais pour Zazie à cette époque et Pascal ayant participé à son album, il passait souvent en régie pendant les concerts. Il a aimé comment je travaillais, on a donc commencé ensemble dans des petites salles puis ça s’est mis à grandir et grossir au fil de l’année car son album avec « Lucie » et tous ses tubes est sorti. En 25 ans, on a évolué ensemble. C’est en partie grâce à lui que j’ai eu cette carrière. Quand tu as un artiste qui marche autant, tout le monde vient le voir, on s’intéresse à la personne qui a géré la lumière et tout ça amène d’autres projets.
SONO Mag : Peux-tu nous donner quelques informations sur ce spectacle ?
D. V. : Entre 2024 et 2025 deux tournées se sont enchaînées, celle des Zéniths puis un mois après une autre dans des salles moins grandes, plus une date avec le grand kit pour les 60 ans de Pascal à Bercy. On a travaillé dessus quasiment un an, le calage de cette tournée s’étant fait pendant les Zéniths. Quand les dernières dates arriveront fin avril, cela fera plus d’un an que l’équipe aura entamé les tournées.
SONO Mag : Quelle est ta manière de fonctionner avec Pascal ?
D. V. : On travaille beaucoup ensemble, j’amène une idée, lui aussi… Ici, on avait un point de départ, la dernière tournée de Zéniths. Mais cette fois, il voulait quelque chose de basé sur la musique avant tout, assez chaleureux, pas trop éclairé, sans trop d’effets et aux tableaux posés.
Je dessine sur Wysiwyg, mais c’est un brouillon qui me sert à travailler. J’y essaie toutes mes idées et ensuite je le fais refaire par le pupitreur ou quelqu’un de Dushow pour le remettre au propre. J’en ai deux versions, une pour les plans techniques et une pour moi uniquement pour travailler la lumière. Je vais aux répétitions avec les musiciens, j’écoute musique, arrangements, paroles et crée à partir de ça un tableau par chanson. Pour chacune d’elles je réalise une capture d’écran pour couplet, refrain et des vidéos pour les mouvements. Ça permet d’avoir des bonnes bases de travail. Ensuite, on modifie selon ce qui marche ou non, selon les envies… Il ne reste plus qu’à encoder. Stéphane passe quelques jours sur Wysiwyg et on a du temps ensemble pour peaufiner.
SONO Mag : Ta présence aux répétitions implique que tu bases entièrement ton design sur la musique ?
D. V. : Oui, je suis un peu de la vieille école. Un chanteur comme Pascal n’a pas créé ses chansons au hasard. Tout est méticuleux, et j’ai donc envie de respecter cette approche. Je ne peux pas dire « oh ce tableau va sur n’importe quelle chanson ».
Dans l’idéal, j’aimerais que le show d’Obispo ne convienne qu’à lui. Chaque tableau est prévu pour une chanson précise, notre travail est d’amener les gens dans un univers musical mis en valeur par la lumière.
SONO Mag : Parlons un peu de tes choix de scénographie lumière.
D. V. : D’abord, j’ai choisi des projecteurs qui marchent bien. Je recherche de la fiabilité et comme j’ai peu de machines sur cette tournée, il me fallait un kit efficace. Je suis passé par plein d’étapes. On voulait que le logo de Pascal, ce « O » en parenthèses, apparaisse. On a donc pensé à des néons, des miroirs, et finalement la cerce est apparue comme une évidence. Ainsi, la scénographie est tout-en-un : c’est rapide à monter, elle représente le logo, c’est une implantation lumière pas trop en hauteur, ça me permet d’englober tous les musiciens et ça crée de l’effet.