SailGP

par | 19 Déc 2023 | n°495, Reportage Son

Un maillage vidéo, son et intercom signé Riedel

La troisième étape de la saison 4 de SailGP a eu lieu à Saint-Tropez les 9 et 10 septembre. Véritables purs sangs des mers – en 2022, le bateau français a atteint en course la vitesse de 99,94 km/h – ces F50 sont équipés de multiples dispositifs de mesure de paramètres, de captation de sons et d’images, de transmissions intercom et de liaisons broadcast. Un maillage extrêmement dense géré par la division Managed Technology de Riedel communications.

La société Riedel communications est présente sur de nombreux événements d’envergure à travers le monde. Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer le rôle de ses équipes sur l’Eurovision. Dans le domaine du sport, Riedel officie entre autres sur les grands prix de Formule 1 et de moto GP. Concernant la voile, ce fut pour Thomas Riedel un coup de cœur. Au point de devenir initiateur et propriétaire, en compagnie de son ami Sebastian Vettel, quatre fois champion du monde de Formule 1 de 2010 à 2013, de l’équipe allemande de SailGP.

SailGP, la F1 de la mer

Dix fois par an se retrouve sur certains des plus remarquables spots du monde l’élite de la voile mondiale sur multicoque à foil. Au programme, des manches de régate très impressionnantes sur des F50 qui peuvent en vol flirter avec les 100 km/h.
À part leurs couleurs, les bateaux sont tous rigoureusement identiques. En fonction des conditions du jour, et pour une totale équité, les choix de dimension d’aile et autres options sont imposés par l’organisation.

À l’image d’autres événements sportifs, le SailGP fait l’objet d’une captation broadcast très riche. Pour l’image, hélicoptères de prise de vue, bateaux suiveurs avec caméras stabilisées sur l’eau, mais aussi caméras tourelles embarquées à l’avant des bateaux et fixes à l’arrière. Pour le son, chaque bateau intègre deux micros d’ambiance et tous les marins à bord sont équipés d’un micro casque de communication dont les signaux sont disponibles pour le mixage brodcast.
Moins visibles de prime abord, mais cruciaux pour la course, les bateaux sont aussi truffés de capteurs mesurant une multitude de paramètres d’aide aux décisions des équipes.

Grande architecte de cette myriade de données, l’entreprise Riedel voyage avec son équipe d’exploitation de Chicago à Los Angeles, de Dubaï à Cadix et d’Auckland aux Bermudes. Et c’est sur l’étape française de Saint-Tropez que nous nous sommes rendus pour en savoir plus sur ce défi, en commençant par laisser la parole au fondateur de Riedel communications.

Thomas Riedel : Je suis passionné par le sport, la voile fait partie des domaines qui m’intéressent. Au fil du temps, les équipes de SailGP et de Riedel ont développé des liens uniques, la passion se mêlant à la technologie et inversement. Lorsque je me suis impliqué dans la création de l’équipe allemande de SailGP, je n’étais jamais monté sur un voilier de course, mais ce n’est pas un obstacle. J’agis dans l’univers de la Formule 1 depuis plus de trente ans, et sauf une fois pour une expérience effrayante en tant que passager, je ne monte jamais dans les voitures de course. Il est d’ailleurs souvent intéressant de placer une certaine distance avec les sujets, ne serait-ce que pour garder une objectivité.

Ma position au sein de Riedel n’est plus aujourd’hui opérationnelle, j’interviens sur les aspects stratégiques et en tant que conseiller à la disposition des différents dirigeants de branches. M’impliquer sur des projets tels que celui de SailGP me permet de rester totalement connecté avec la réalité des besoins de nos clients, tout en prenant un recul intéressant dans ma position. Je sors de l’approche uniquement technologique pour une vision plus holistique, touchant le marketing ou la communication. J’apprécie énormément de pouvoir travailler avec des personnes très brillantes impliquées dans d’autres univers.

Un exemple, le coureur automobile Sebastian Vettel, plus jeune champion du monde de F1, qui est devenu un ami, et avec qui j’échange régulièrement sur les aspects les plus divers. Il est très brillant et me permet une ouverture d’esprit que je n’aurais pas atteinte en restant cantonné dans mon propre univers.

Le SailGP devient aujourd’hui une forme de vitrine des technologies Riedel, exploitées dans un environnement particulièrement exigeant, et avec la préoccupation constante de réduire l’empreinte écologique des événements, notamment par la limitation des volumes de matériel et de taille des équipes déplacées sur site. Nos solutions permettant la gestion à distance de la vidéo, pour le replay ou le ralenti par exemple, contribuent à cette démarche. La possibilité d’impliquer dans l’événement un ensemble de personnes telles que des arbitres ou des VIP où qu’ils soient dans le monde, sans qu’ils n’aient à prendre l’avion pour se déplacer, participe aussi à la limitation de l’empreinte carbone.
Je pourrais même dire qu’aujourd’hui, l’aspect environnemental devient une vraie priorité dans notre quotidien, un paramètre clé dans les options que nous réalisons sur nos développements technologiques.

Pour moi, la préoccupation « développement durable » regroupe trois aspects. Tout d’abord, l’approche environnementale, qui est fondamentale. Ensuite, la préoccupation sociale, qui couvre un ensemble de notions. Enfin, l’aspect économique.
De nombreux modèles économiques se revendiquent « durables », mais ne le sont pas car ils négligent un ou plusieurs de ces trois aspects, et oublient de s’inscrire dans la durée. Si, au bout de cinq ans, le projet est modifié par l’arrivée de nouveaux décideurs par exemple, tout peut être remis en cause.

Si l’aspect économique est privilégié, voire considéré comme le seul vrai projet, cela revient à se comporter comme un agriculteur qui sèmerait chaque année les mêmes végétaux au même endroit en augmentant la dose d’engrais pour maintenir le rendement. À terme, la parcelle sera tuée par la chimie et la production réduite à néant.
Dans notre quotidien, nous devons sans cesse nous demander si ce que nous faisons permet de préserver notre environnement, ne pas le dégrader, voire le laisser dans un état meilleur que celui dans lequel nous l’avons trouvé. À l’inverse de ce que ma génération, et celle de mes parents, a fait durant les cinquante ou soixante dernières années. Il est encore temps d’agir, et c’est notre rôle à tous, au quotidien. Agir sur les trois aspects, le social, l’économique et l’environnemental.

Un des slogans de l’événement SailGP est « Powered by nature », la symbolique des bateaux se déplaçant grâce au vent est forte. En fin de saison, un prix particulier est attribué à l’équipe qui aura déployé les solutions environnementales les plus intéressantes et efficaces. La première année d’attribution de ce prix, aucune équipe n’y a vraiment prêté attention. Mais le classement a été affiché, et l’un des bateaux s’est retrouvé dernier de ce palmarès environnemental. Ses sponsors ont aussitôt réagi, ils ne voulaient pas être associés à cette image de lanterne rouge du classement développement durable. Et depuis, chaque équipe réalise tous les efforts possibles pour se classer au mieux sur ce podium environnemental, pas nécessairement pour être premier, mais pour éviter d’être dernier. Petit à petit, les choses bougent, et si notre entreprise peut être impliquée dans ce genre d’avancées, j’en suis tout à fait ravi.

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