PHILIPS VARI*LITE VLZ PROFILE

par | 10 Déc 2017 | Test Lumière & Vidéo

TU ES DE LA FAMILLE !

Rappelez-vous le VLX Vari*lite, l’une des toutes premières lyres LED wash professionnelles, c’était une vraie révolution. Aujourd’hui, Vari*Lite est le premier à dégainer une lyre découpe LED blanche de forte puissance, disponible depuis le mois d’octobre. Et ce n’est pas tout, car elle fait partie d’une fratrie de triplés intégrant aussi une wash et un spot. Donc devons-nous en conclure que nous avons là un potentiel remplaçant du légendaire VL 3500 Profile ?

L’ASPECT, LE SYSTÈME D’ACCROCHE, LA MANIPULATION, LE MODE D’EMPLOI

Le premier regard nous révèle une lyre vraiment imposante, dont les plastiques de carrosserie nous laissent quelque peu dubitatifs. Son flight case est extrêmement bien pensé. La lyre y est confortablement nichée et l’ouverture en face avant permet de la glisser sous un pont pour l’accrocher sans la sortir. Et c’est tant mieux car vous ne la sortirez pas tout seul, elle est trop lourde pour cela avec ses 42,7 kg. La ressemblance avec un VL 4000 Spot est évidente et l’appartenance à la famille VL est instantanée. La face de connexion est idéale à mon goût ; du cinq points pour le DMX et une preuve de switch réseau intégré permettant de ponter vos machines en réseau avec un Ethercon In et un Ethercon Out, plus, évidemment, la True One qui va bien. Le mode d’emploi est lui aussi tellement VL …

Par contre, les temps de transferts en dixièmes de seconde ont disparu, vous vous rappelez, ces temps qui remplissaient des pages et des pages à la fi n des modes d’emploi ! Pourtant, on en parle dans le manuel du fameux « timing chart », mais impossible de le trouver (1)… Bref, c’est plus un gag qu’autre chose. Le mode d’emploi est en anglais certes, mais il est très pro, et celui qui veut attaquer un mode d’emploi VL peut m’appeler, il sera accueilli comme il se doit. Ah oui, j’oubliais, vous avez des poignées, des emplacements pour crochet et pour élingue de sécu, what else ? L’afficheur ? VL. Le même ? Un peu de couleur avec le bleu, très élégant. Il faudrait peut-être envisager de le rendre tactile ? Non ? Ça se discute.

L’afficheur se pare de bleu, petite touche d’élégance.

LA SOURCE, L’OPTIQUE

Sur le papier, l’équation est intéressante : 620 W de LEDs blanches à 8 000 K et un zoom au débattement respectable de 8 à 50°, soit un rapport supérieur à six. Nous mesurons 6,3° au plus serré pour être précis. Et bien, dans la réalité, le résultat est exceptionnel. L’éclairement est spectaculaire, après avoir subi l’épreuve temporelle du dérating, nous mesurons encore 52 900 Lux à 5 m. C’est très impressionnant, il s’agit de la mesure la plus élevée que nous ayons jamais obtenue avec une machine LED focalisée. Côté étale et qualité, c’est excellent aussi, les courbes d’éclairement médium et wide sont dignes d’un télescope spatial. Plus sérieusement, l’image projetée est vraiment propre, sans défaut, sans aberration et d’une netteté rarement constatée sur un spot à LED.

Le zoom est rapide et efficace mais un tantinet bruyant quand même. Le bruit s’estompe lorsqu’on diminue la vitesse pour atteindre un niveau parfaitement honorable. Nous ne sommes pas allés jusqu’au moteur LED, mais nous constatons qu’il est corrigé par un système plus ou moins bulboïde et prismatique, les photos en coupe et axiale de ce moteur et de son optique sont intéressantes.

1/ La sortie de lumière du moteur à LED. 
2/ Le moteur à LED vu de face, on distingue bien l’aspect bulbeux aperçu sur la photo précédente.

Les projections de gobos sont excellentes, tout comme les effets volumétriques, et l’optique est vraiment d’une précision redoutable. Seul le prisme laisse passer un peu de flou, ce qui est quand même tout à fait logique. Toujours au chapitre netteté, les couteaux sont chacun sur un plan différent, ce qui est juste une évidence physique, il est donc impossible d’avoir le net sur les quatre en même temps. Ce qui est aussi un pléonasme. Toutefois, nous avons déjà rencontré mieux en termes de netteté sur quatre couteaux. Sinon, la distance entre chaque élément focusé et les différents plans du moteur graphique nous permettent de morpher entre gobo, roue d’animation et découpe de manière tout-à-fait efficace.

On reconnait le Vari*Lite à son rouge, l’étale est superbe.

Terminons ce chapitre en évoquant la présence d’un frost progressif en deux temps, adoucisseur et diffuseur, qui fait le job en diffusant convenablement, ce qui est la moindre des choses.

LES COULEURS, PERSONNALITÉ, EFFETS ET RAPIDITÉ

Les couleurs sont très Vari*Lite avec un cyan très bleu et un rouge profond. On aime ou on n’aime pas. Ceux qui n’aiment pas ont malgré tout toute ma sympathie, je suis tolérant. Le mix des couleurs est bien travaillé, à condition de rester dans la plage de netteté du faisceau. Lorsqu’on conduit une voiture vraiment performante, il faut faire quelques concessions et savoir piloter. Et bien là c’est pareil, ne faites pas de sortie de route, merci, sinon le public verra les couteaux de trichromie s’engager, ce qui sera du plus mauvais eff et. On vous aura prévenu. Le VLZ Profile dispose d’un excellent correcteur progressif de température de couleur, parfaitement bienvenu avec cette source particulièrement froide. Il me rappelle celui du Vl 3000, très cuivré en note finale. La roue de couleur est riche et avec de bonnes juxtapositions qui donnent des demi-couleurs facilement exploitables.

 De belles juxtapositions de couleurs.

Les couteaux de découpe fonctionnent comme d’habitude sur un VL, « pousse à gauche », « pousse à droite ». On ne se refait pas, pour le coup c’est dommage, je préfère un « pousse au centre » et « incline ». Bref, ça marche quand même très bien. Le neuvième moteur sert à orienter l’ensemble de 90°, c’est du classique de bon aloi. Comme je le disais précédemment, les plans focaux sont bien faits et la combinaison gobo et cadrage permet d’avoir le juste flou sur le couteau avec un net impeccable sur le gobo. Comble du luxe, nous avons aussi un iris, ce qui est très rare sur les découpes asservies. Le moteur graphique est exceptionnel pour une découpe ! Deux roues de sept gobos dont une rotative, un prisme rotatif à trois facettes qui manque un peu d’amplitude et une roue d’animation. Génial, au moins on ne s’ennuiera pas. 

Le choix des gobos est classique (pour un VL) et classieux, certes un peu déjà vu mais j’ai du mal à m’en lasser. Le mix gobo/roue d’animation gagnerait à être retravaillé, le mélange des deux ne donne pas le dynamisme espéré. Côté couleur, découpe et graphique, VL nous sort un quasi sans faute qui lui fait honneur.

REFROIDISSEMENT, BRUIT, CONSOMMATION ET FACTEUR DE PUISSANCE

Ce n’est pas le chapitre le plus élogieux de cet article car je trouve que le VLZ profi le gagnerait vraiment à être plus discret, notamment côté décibels. Si vous êtes délicat avec votre machine sans lui imposer des eff ets dans tous les sens en mouvement, trichro et zoom, alors vous vous en sortirez tout à fait honorablement avec seulement 44,5 dB(A) en mode studio, ce qui est un bon chiff re. Par contre, avec eff ets et en mode standard, là vous grimpez à 55,5 dB(A), ce qui est un mauvais résultat.

Un des deux ventilateurs du moteur à LED et les caloporteurs en cuivre.

Le VLZ manque de discrétion dans ses mouvements, dans son zoom et pour sa trichromie, il y a là de toute évidence une optimisation logicielle à accomplir. La température ne se stabilise pas au bout de quatre-vingt minutes alors que l’éclairement trouve sa vitesse de croisière en un quart d’heure. Nous mesurons quand même 52 °C. Il s’agit là d’un point à surveiller et à mettre en relation avec le faible niveau sonore de la ventilation de la source lumineuse. La perte d’éclairement est dans l’ensemble gérée avec maestria avec seulement 7 % de chute vite maîtrisée. La puissance active mesurée plafonne à 858 W lorsque vous agitez votre VL dans tous les sens. 821 W au repos et LED à 100 %. Il s’agit d’un très bon rapport puissance électrique/lumière. Le facteur de puissance est de 0,95, tout va bien de ce côté. 

LA FABRICATION ET L’ENTRETIEN

Tout commence bien, deux capots, deux vis quart de tour par capot, emboîtage des demies coques dans l’optique, le tout avec élingues. C’est propre mais un peu contraignant à emboîter et on ne sait pas trop comment ça va vieillir. Les bras ont chacun quatre vis perdables. Attention, le blocage de tilt est inutilisable si vous décapotez les bras ! L’ensemble est costaud et bien métallique, sérieusement charpenté même. A l’intérieur, les modules sont connectés par un SUB-D vraiment accessible et très bien conçu. Les deux modules (trichro plus effets et couteaux) ne sont tenus que par deux vis et s’engagent dans des glissières permettant de les poser et de les retirer sans griffer ce qui est juste devant ou derrière, classique mais remarquable. Le moteur à LEDs est bien ventilé avec deux gros ventilateurs et un système caloporteur en tuyaux de cuivre. Chaque module dispose d’une turbine axiale pour éviter les températures trop élevées dans l’axe de lumière, surtout pour les couteaux de découpe et les pales de l’iris. Nous avons donc une machine solide, de conception sérieuse, laissant présager des interventions de maintenance aisées, même pour des opérations habituellement complexes.

Les huit drapeaux de trichromie et CTP progressif, la roue d’animation et un gobo.

Un fort joli plateau de découpe avec ses neuf moteurs et sa turbine.

Un module bien fait avec la trichro, les gobos et la roue d’animation.

MENU ET MODES

Concernant le menu, à part le réglage de la fréquence des LEDs de 900 à 25 000 Hz (par défaut à 1 200), nous ne constatons rien de particulier. L’ArtNET est utilisable en IP2 ou IP10 et la machine est RDM. Il n’y a que deux modes, ce qui est largement suffi sant : soit en 16 bits, soit en 16 bits étendu. Avec respectivement cinquante-six et soixante-et-un canaux DMX (!!), la différence vient des canaux de fade sur les différents groupes de paramètre, comme toujours chez Vari*Lite. Je suis heureux de voir que ces canaux (pourtant inutiles au vu de nos méthodes de programmation européennes) existent toujours, c’est une espèce d’héritage historique datant de l’époque où les temps de fade étaient gérés par les machines et non par les consoles, une vraie trace d’ADN du siècle passé, garante de la pérennité de la marque ! Plus sérieusement, la multiplicité des canaux en 16 bits donne une vraie fluidité des paramètres, c’est agréable. La machine s’utilise tout à fait spontanément et nous n’avons pas trouvé le moindre piège, il n’y a aucun problème de prise en main de l’ensemble.

CONCLUSION

Il fait partie de la famille, c’est bel et bien un Vari*Lite. Son ADN est présent, et il s’exprime de belle manière avec un éclairement superbe, de vraies couleurs, une découpe généreuse et un moteur graphique de très grande classe. Le pari de la première lyre à LED non wash de la marque est réussi. Nous aurions apprécié une machine plus discrète et plus légère, mais nous nous réjouissons de ses qualités qui vont faire des heureux.

BILAN

INNOVATION : Meilleur éclairement jamais mesuré pour un spot à LED
QUALITÉ DE FABRICATION : Excellente
EXPLOITATION : Abordable facilement
PERFORMANCES : Excellentes
RAPPORT QUALITÉ/PRIX : Correct

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