Sonorisation pour la télévision

par | 10 Mai 2024 | n°499, Reportage Son

S Group aux manettes

Créée en 2000 par la radio NRJ avec le soutien de TF1, les NRJ Music Awards (NMA) se déroulent chaque année au Palais des festivals de Cannes. Six candidats par catégorie sont choisis par NRJ et des votes du public, réalisés par téléphone ou SMS pendant le direct, induisent le palmarès. Loin d’être anodine, la sonorisation du lieu est un support essentiel pour la dynamisation de l’ambiance à l’antenne.

C’est Antoine Dollé qui a la responsabilité de l’événement. Y accompagnant des membres de sa famille, qui ont pour ainsi dire inventé le métier dans lequel il évolue aujourd’hui, il fréquente les coulisses des plateaux télé depuis ses plus jeunes années. Aujourd’hui chef de projet AV-TV Audio chez S Group, il supervise le NMA, mais aussi d’autres émissions musicales très populaires.

SONO Mag : S Group est ici en charge du son. Quelle est l’importance de cet aspect sur un tel événement ?

Antoine Dollé : Dans la plupart des émissions télévisées, qu’elles soient musicales ou non, la priorité est donnée à la lumière et la décoration. La consigne principale concernant le son est que l’on ne voie pas le matériel. Mais on nous demande aussi de restituer une excellente intelligibilité en tout point du plateau pour les artistes et les autres intervenants, animateurs et remettants par exemple. Nous devons aussi pouvoir proposer une diffusion de niveau et de qualité concert vers le public, tout en limitant notre impact sur la captation des ambiances sonores du mixage broadcast. C’est paradoxal, mais c’est comme ça.

SONO Mag : Je ne vois aucun retour sur le plateau, toujours des contraintes esthétiques ?

A. D. : En effet, cela faisait partie des consignes, pas de retours visibles. Le plateau étant dissymétrique, cela a nécessité une disposition particulière des retours. Nous avons implanté des wedges sous des caillebotis prévus pour cela. Les enceintes sont toutes inclinées vers le haut, en direction du point lead, un emplacement unique, où se situera chaque chanteur soliste.
Pour toute l’arrière-scène, derrière le soliste, nous avons suspendu des grappes de sides de référence AED Flex 6. Ces enceintes très polyvalentes assurent la couverture de la zone où évoluent les danseurs et autres artistes. C’est plus simple que de devoir fournir des ears à chacun.

scène nrj music awards
Cette vue sommitale donne une idée de l’originalité des géométries de la scénographie. L’équipe S Group doit s’adapter.

SONO Mag : Comment est gérée ce qui est une priorité en broadcast, à savoir la redondance ?

A. D. : Pour les systèmes de diffusion, nous utilisons l’architecture Adamson CS, avec la redondance en AVB-Milan ainsi que des liaisons analogiques de secours.

Concernant les mixages, il n’y a en effet qu’une console par poste de travail. Mais chacune des consoles reçoit des prémixes venant des autres postes. La console retour reçoit un mix secours venant de celle de face par exemple, et inversement. Le car AMP réalise aussi un départ de secours qui alimente les autres consoles. Il y a ainsi un maillage dans tous les sens qui permet des bascules en cas de besoin.

Pour le plateau, l’assistant réalisateur qui est à la manœuvre pour donner les go dispose d’un micro de spare dans sa poche. Il est prêt à foncer sur scène en cas de défaillance. Le signal de ce micro est présent sur chaque console, sur une tranche dédiée.

Aurélien Lesicki gère pour S Group l’ensemble des solutions de sonorisation de l’événement. En tant que chef de projet, il reçoit les demandes artistiques de la production qu’il transforme en solutions avec les équipes du prestataire. Durant l’événement, il devient personne ressource à la disposition des équipes.

Aurélien Lesicki : Côté diffusion, la demande de la production est celle d’un son de type concert. Nous devons combiner ce souhait avec les besoins du mixage broadcast, d’autant plus efficace que le son de plateau est épargné de celui de la diff de salle.

D’une année sur l’autre, le même système de sonorisation est implanté. Nouveauté 2023, les références Adamson S ont été remplacées par des CS, leur déclinaison amplifiée et processée.

Nous travaillons aussi les retours, avec quatre retours volants pour des demandes spécifiques, pour un batteur sur riser par exemple, mais principalement des wedges sous les caillebottis de la scène, qui ont été intégrés à notre demande en amont. Un système très efficace, sauf quand la déco vient placer de la moquette sur ces grilles pour les scènes avec de la fumée lourde. C’est alors un échange avec les artistes pour trouver une solution, en ears ou en enlevant les moquettes pour préserver les wedges.

Cette prestation est réalisée depuis de nombreuses années par les mêmes équipes, et le fonctionnement est calé. Il reste à gérer les demandes de dernière minute, sur du matériel spécifique pour un artiste par exemple.

Le mixage du son de salle, c’est Mehdi Doughouas qui le réalise. Présent depuis dix ans sur cet événement, Mehdi a longtemps occupé le rôle de caleur système. Cette année, il réalise le mixage de la façade.

Mehdi Doughouas : Le travail avec la télévision nécessite de savoir s’adapter à bien des situations. Là où se place habituellement pour les spectacles la régie de mixage, la production des NMA a installé des caméras et un grand écran prompteur. Ma régie est donc implantée au niveau du balcon, là où il restait de la place. J’y ai une belle vue sur la scène, mais je ne suis pas dans le champ direct de la diffusion. J’ai donc installé deux enceintes de proximité, des Adamson Point 8, qui sont mes références pour le mixage. Dans les premiers temps des balances, je fais beaucoup d’allers-retours entre la salle et ma console pour me constituer une base de comparaison. J’ai aussi plusieurs micros d’analyse qui me permettent de comparer les réponses de différentes zones.

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