Vitaa et Slimane, Versus Tour

par | 10 Mar 2023 | n°487, Reportage Lumière & Vidéo

UN FACE-À-FACE LUMIÈRE ET SCÉNOGRAPHIE

Le projet Versus de Vitaa et Slimane est une originalité dans le domaine du show-business : deux têtes d’affiche qui s’allient le temps d’un album et d’une tournée de près de cent dates en Zéniths, pour finir en apothéose dans la salle de Paris la Défense Arena. Et c’est à cette dernière date d’une longue tournée que nous avons été invités par l’équipe technique, et notamment le directeur artistique Julien Mairesse, le designer lumière Victorien Cayzeele et le pupitreur Victor Lacombe, pour évoquer leur travail sur ce spectacle.

C’est dans l’immensité du Paris La Défense Arena, quelques heures avant le dernier spectacle de la tournée, que Julien, Victorien et Victor nous accueillent en régie.

SONO Mag : Bonjour à vous deux, merci de nous accueillir. Pouvez-vous nous évoquer dans les grandes lignes les dates clés de la tournée ?

Victorien Cayzelle : J’arrive juste avant le confinement de 2020, ayant été appelé par Julien, qui a demandé que je récupère ce projet qui avait déjà commencé, mais qui n’avait pas abouti. Le Covid s’étant invité au cours de la résidence, le spectacle n’a jamais joué. La scénographie était déjà réalisée, je n’ai donc eu qu’à refaire le plan de feux. Avec Victor, le pupitreur qui était déjà présent sur la résidence, on a repris les encodages virtuels en août 2020, et après plusieurs faux départs, la résidence de septembre 2021 s’est avérée être la bonne, celle qui a lancé une tournée de près de cent dates dont la dernière est ce soir. C’est vraiment un projet au long cours, car Victor a commencé en février 2019 !

SONO Mag : Julien, peux-tu nous parler de ta scénographie ?

Julien Mairesse : La création est partie d’une réflexion pragmatique sur les outils que j’avais sous la main, à savoir la surface disponible dans les semi-remorques. À la suite des premières réunions de production, on m’a donné une semi pour la scénographie. Et dans ma tête, j’ai commencé à penser aux instruments, au fait que j’allais devoir inclure du mouvement dans le décor, et j’ai imaginé le grand rectangle qu’est la semi, divisée en plusieurs cubes. Alors j’ai creusé dans ce sens, en ajoutant du mapping sur les arêtes, et le fait de pouvoir laisser les cubes équipés en son, lumière et vidéo. Le choix du blanc est venu rapidement dans le processus de création. Les visuels étaient très blancs, on a donc aussi voulu faire l’essai d’un mur vidéo peint en blanc, et là-dessus, on remercie Alabama de nous avoir suivis.

SONO Mag : Ta scénographie prend peu de profondeur au plateau.

J. M. : Oui, l’image que je voulais était celle d’un mur blanc quand le public entre en salle. Les cubes sont reculés à l’aplomb de l’écran et les gens passent une heure à attendre dans une salle vide, sans rien. La séquence d’ouverture permet alors de mettre les volumes en mouvement, on découvre plus tard que les musiciens sont à l’intérieur, et plus tard encore que l’on peut monter dessus, qu’il y a des escaliers, un ascenseur… Mais malgré tous ces mouvements, on voulait des manipulations simples, pour simplifier la vie de l’équipe plateau, qui a d’ailleurs fait un travail extraordinaire sous la tutelle d’Yves, le stage man.

SONO Mag : Victorien, comment s’est passée ton arrivée sur le projet ?

V. C. : On a passé neuf jours avec Victor sur le pré-encodage Wysiwyg, avec Romain Fior, qui s’occupe de la partie vidéo et qui a créé le projet Smode. Victor était déjà sur la première résidence, ce qui a été un atout formidable car il avait la structure du show en tête, tous les timecodes, et moi je suis arrivé avec mon idée de création, et surtout du recul, ce qui nous a permis de passer un bon moment. Mais à cause des reports, on a mis de côté l’encodage pour le ressortir un an après. Nous sommes partis de cette base à la résidence, mais on a eu un énorme travail à faire sur les niveaux, les équilibres, les presets de couteaux…

SONO Mag : C’est la première fois que tu lâches la console pour te concentrer sur la lumière ?

V. C. : La première fois, ça a été avec Victor en 2020 sur cet encodage, et depuis je fais ça systématiquement, mais j’ai eu de la chance d’être avec Victor, qui est quelqu’un qui comprend ce que je veux et qui a la même vision que moi sur ce projet. Cela m’a permis de vraiment lâcher. Depuis, on travaille ensemble sur d’autres projets.

SONO Mag : Victor, tu peux nous parler de ton expérience sur cette tournée ?

Victor Lacombe : Avec Victorien, on s’est bien rencontrés sur la création. J’avais une vision du spectacle dans son ensemble, j’aiguillais Victorien sur les moments clés, sur la scénographie, et on avait à disposition les sessions Ableton des directeurs musicaux. Une grosse partie du travail a consisté à réaliser l’encodage du pixel mapping avec Madmapper, côté qui a été amené par Victorien. Il y a des entrées/sorties partout, c’est très geek mais ça marche bien. Victorien a fait les cinq premières dates avec nous, et ensuite j’ai fait un an et demi de tournée seul.

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