AUDIO 3D, Le son naturel est immersif #1

10 Avr 2025 | n°508, Tutoriels

épisode 1

Au cours de cette série d’articles tutoriels, nous allons déambuler dans l’univers du son que l’on dit spatial, immersif, ou encore 3D. S’il fait aujourd’hui l’objet d’un intérêt grandissant de la part des productions et du public, il a été un sujet de recherche récurrent de la part de professionnels du son, et ce depuis plus d’un siècle. Commençons aux origines donc, avant même les premières captations audio.

Essayons-nous à un effort d’imagination. Les microphones n’existent pas plus que les haut-parleurs, les consoles ou les amplis. Aucun moyen d’enregistrer ni de le reproduire du son, pourtant présent à tout moment. Celui de la nature qui nous environne, celui des personnes qui travaillent, qui parlent, qui chantent, qui ronflent ou qui rigolent.

Eh bien en ces temps non technologiques, 100 % des sons étaient néanmoins présents en 3D. Par la subtile et infiniment riche interaction du son initial avec son environnement, le paysage sonore que tout un chacun perçoit est un hologramme audio en trois dimensions. Et il participe largement à la perception de l’environnement tout en produisant des éléments d’alertes nécessaires à la vigilance.

Depuis les temps immémoriaux, les humains ont créé de l’art, dont la musique et les chants. Et à ces occasions aussi, le paysage sonore produit est en trois dimensions, avec une cohérence parfaite du champ sonore et du champ visuel. Chaque source, aussi complexe soit-elle, est perçue par chaque personne de l’assistance précisément à sa place physique, et dans des rapports de proximité/éloignement parfaitement cohérents vis-à-vis des autres sources sonores.
La perception à 360° n’est cependant pas innée mais le fruit d’un apprentissage qui commence dès le plus jeune âge.

07 audio 3D tuto immersif 360 Eric Moutot sonomag Chanteur grec ambulant et costumes des habitans de la Morée Castellan Antoine laurent 1808

Bien avant que les images perçues ne prennent pour eux un sens, les nourrissons découvrent le monde par le son. Leurs mouvements de tête sont très tôt influencés par la provenance des stimuli sonores. Depuis les origines de notre vie, notre cerveau, associé à nos oreilles, fonctionne comme une vigie à l’affût du paysage sonore qui nous entoure.

À l’instar du monsieur Jourdain de Molière, qui se trouvait fort aise de faire de la prose sans le savoir, chacun de nous pratique le son immersif depuis toujours. C’est sans doute le domaine dans lequel notre cerveau a le plus d’expérience, et la perception qu’il assure est active 24 h/24, que l’on soit éveillé ou endormi. En une année, nous aurons écouté 8 760 heures de son immersif. Avant même de commencer à lire cet article, vous voilà déjà spécialiste du domaine. La vie n’est-elle pas bien faite ?

Pendant des millénaires donc, les humains se sont contentés d’écouter le son qui les entourait au naturel. Il y a eu, bien sûr, des révélations acoustiques, comme l’écho d’une montagne ou la réverbération d’une caverne. Et aussi des trouvailles formidables, comme celle « d’entendre la mer » en collant une oreille devant un coquillage, ou encore de pouvoir projeter sa voix en plaçant les mains en pavillon. Puis on a compris certains comportements acoustiques et bâti des niches, résonateurs et autres réflecteurs dans les lieux de spectacle et de culte. Les siècles ont passé, jusqu’à la maîtrise de l’électricité. Le premier transducteur électrodynamique apparaît en 1861 et Graham Bell impose son téléphone en 1876. En 1877, C.H. Siemens dépose le premier brevet de haut-parleur à bobine mobile. La technologie de la sonorisation est née.

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