Un pont entre héritage et innovation
Ayrton a récemment agrandi son siège à Villebon-sur-Yvette, au sud de Paris, en intégrant entre autres un showroom de 1 200 m² et un musée dédié à ses produits phares. Ces nouveaux espaces, qui mettent en lumière les innovations et l’histoire de la marque, ont été inaugurés en novembre lors de plusieurs événements significatifs, renforçant la vision et l’impact international du fabricant.
L’inauguration a été ponctuée de plusieurs rendez-vous, parmi lesquels des démonstrations de produits, un show lumière imaginé par Stéphane Migné et Willy Heilmann, ainsi qu’une présentation de l’éclairagiste Dimitri Vassiliu. Le programme a également inclus les Women In Entertainment Lighting Sessions 2024, réunissant plus de 80 participantes, et une présentation des dernières innovations aux partenaires internationaux. Cette dernière a été enrichie par les interventions de Christopher Bauder, artiste lumière allemand, et de Mathieu Bosredon, triple médaillé d’or en cyclisme paralympique, qui a partagé un témoignage inspirant sur la résilience et le succès. Lors de notre visite, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Yvan Péard, fondateur et directeur technique d’Ayrton.

SONO Mag : Yvan, vous concevez tous les produits Ayrton. Parlez-vous de votre expérience.
Yvan Péard : En effet, je conçois les machines Ayrton depuis le début, soit plus d’une centaine de modèles en tout. Peu de créateurs conservent une telle continuité, mais c’est ce qui m’intéresse en premier lieu. Aujourd’hui, je délègue beaucoup à Cyril Union, à Alain (mon fils à la R&D), à mon équipe en Chine, et je me concentre exclusivement sur les produits.
La retraite se rapprochant, même si je suis loin de l’avoir réellement prise, j’ai donc choisi de me consacrer pleinement à la création et d’écrire un livre sur l’histoire d’Ayrton. Mon objectif est de laisser un témoignage pour que les gens comprennent mieux cette aventure passionnée.
SONO Mag : Quand vous imaginez une nouvelle machine, qu’est-ce qui oriente votre réflexion ?
Y. P. : Ah c’est compliqué, car je crée toujours quelque chose. Il n’y a pas un moment précis où je commence. Mes idées naissent de mes passions : musique, cinéma, sport mécanique… L’art aussi, notamment le minimalisme, me guide dans la création de machines épurées. La simplicité de Steve Jobs m’a également profondément inspiré. Depuis 23 ans, je conçois des produits alliant esthétique et fiabilité, car cette dernière est essentielle au succès. Je suis obsédé par les détails. Je pense que la majorité des choses sont faciles à réaliser, mais ce sont les dernières précisions qui rendent un objet simple complexe, avec plus de fonctions. C’est ce qui me passionne. Chaque création a une histoire, souvent née d’un moment, d’une inspiration. L’automobile, par exemple, m’a inspiré le LiquidEffect, après avoir vu le clignotant d’une voiture qui donnait l’impression d’un liquide coulant dans un tube.
Certaines idées naissent par accident. Un jour, Monsieur Jiang, de GoldenSea, à qui j’ai vendu la société, m’a dit : « Je voudrais acheter ce qu’il y a dans ta tête ! » Je lui ai répondu qu’il n’y avait rien dans ma tête, c’est une accumulation de petites choses, de rêves. Les créations se suivent, elles sont parfois mises « au réfrigérateur » pour mûrir. Ce processus créatif est similaire à celui des peintres ou des dessinateurs. C’est venu naturellement, sans effort. Je suis inspiré par mes passions : Johnny Hallyday à 30 ans, lorsqu’il vivait à fond, les motos, les voitures, le cinéma, et surtout Alain Delon.