The light must go on
Ballet créé en 1996, « Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat », dit « Ballet for Life », a été programmé pour sept dates au théâtre de Beaulieu de Lausanne, en Suisse. Chorégraphie de Maurice Béjart, costumes de Gianni Versace, musique de Queen et Mozart sont indissociables de cette œuvre intemporelle, tout comme le design lumière de Clément Cayrol.
Voici donc presque 30 ans que ce ballet emblématique dédié à la jeunesse, à l’amour et à la vie, transcende les époques et captive les spectateurs du monde entier. Si aujourd’hui Maurice Béjart, Gianni Versace, Freddie Mercury, et bien sûr Wolfgang Amadeus Mozart ne sont plus de ce monde, leurs œuvres figurent dans le patrimoine culturel intemporel.
Mais en trente ans, tout ou presque a changé dans la lumière pour le spectacle. En 1996 régnaient les trads et les gradas. Les asservis n’en étaient qu’à leur balbutiement. Quant aux LEDs et autres réseaux numériques, ils faisaient figure de prototype.
Direction Lausanne pour rencontrer l’équipe de la compagnie Béjart et mieux comprendre comment on parvient, en utilisant les technologies d’aujourd’hui, à préserver l’identité forte de l’œuvre originelle. Quelles adaptations, quelles contraintes, et quel champ des possibles ?
Nous retrouvons au plateau Gabrielle Petit et Emmanuel Derclaye.
Gabrielle est française. Travaillant comme intermittente, elle a croisé l’équipe du Béjart Ballet Lausanne (BBL) lors d’une date en France. Gabrielle est peu de temps après recrutée par la compagnie en tant que régisseuse lumière, rôle qu’elle occupe depuis six ans.
Originaire de Belgique, Manu Derclaye travaille depuis 13 ans pour le BBL. Il est adjoint de Lucas Borgeaud, le directeur technique, ainsi que chef électro de la compagnie.
Emmanuel Derclaye : Notre kit de base, commun à l’ensemble des spectacles, nous accompagne sur toutes les dates de la compagnie. Les projecteurs clés sont des spots à couteau Diablo S et des wash multi-sources RVBB Zonda 3 de Ayrton, ainsi que des Fuze Wash 500 Elation, qui remplacent des luminaires traditionnels. Leur spectre complet nous permet de descendre assez bas en température de couleur pour se rapprocher du rendu tungstène.
Pour « Ballet for Life », nous avons gardé pour les diagonales les PAR 64 CP/60. Cet éclairage traditionnel fait partie du design originel réalisé par Clément Cayrol. Bien sûr, nous sommes toujours à l’affût du matériel qui pourrait remplacer le trad, mais il nous faut absolument respecter l’intention et la qualité de lumière initiales. Et c’est aussi vrai pour l’optique, qui devra nous permettre de produire un faisceau de type CP/60.
En latéral, nous utilisons des découpes Prolights Eclipse FW VW avec des nez de 50°. Elles sont équipées de 91 LEDs de 3 W. Sur « Ballet for Life », elles servent à tracer des chemins de lumière, mais nous les utilisons également pour les autres spectacles, toujours en latéral. L’angle de 50° permet d’éviter d’éblouir les danseurs.

SONO Mag : À la création de « Ballet for Life », les asservis tels qu’on les conçoit de nos jours n’existaient pas. Pourtant, on en trouve aujourd’hui au plateau.
M. D. : À l’époque, il me semble qu’ils utilisaient des scans, et qu’ils avaient été en partie développés par l’assistant de Clément Cayrol. L’idée de faisceau mobile était déjà présente.
Gabrielle Petit : Le spectacle est assez rock’n’roll tout en restant relativement simple du point de vue de la lumière. Les faisceaux mobiles jouent un rôle essentiel depuis l’origine. Pour la « première internationale » au théâtre de Chaillot à Paris, il y avait même des mouvements à vue de certains asservis, y compris en contre. Il y a aussi eu ensuite des poursuites en contre.