Chab
L’orfèvre du mastering
Son nom est lié à des têtes d’affiche telles que Daft Punk, Charlotte Gainsbourg ou Julien Doré, pour ne citer qu’eux. Chab (Antoine Chabert pour l’état civil) a fait du mastering sa spécialité, et la palette d’artistes confiée à ses oreilles expertes au cours des 20 dernières années l’a entraîné dans les horizons musicaux les plus variés. Nous l’avons rencontré dans son studio du 10e arrondissement de Paris pour discuter de ses choix techniques et esthétiques.
SONO Mag : Quels sont pour toi les maîtres du mastering ?
Chab : Je n’ai jamais eu de mentor. Aujourd’hui, avec les tutoriels vidéo, on peut en apprendre un peu plus, mais j’ai toujours avancé en cherchant, parfois en changeant de machine. Le challenge peut être « inspirant ». Cependant, j’admire le travail de Bob Ludwig, Greg Calbi, Tom Coyne, Mike Marsh.
SONO Mag : Suis-tu tes projets jusqu’à la galette finale ?
Chab : Bien sûr, car le mastering est un métier qui demande énormément de rigueur, l’étape ultime où aucune erreur n’est permise. Il y a certes la qualité sonore, mais aussi toutes les informations qui accompagnent l’œuvre. Lorsque je masterise un vinyle, je reçois des tests pressing, et je vérifie si le résultat est conforme à mes attentes.
SONO Mag : Comment s’est opérée la transition entre le statut de salarié et la création de ta propre structure ?
Chab : En différentes étapes sur plusieurs années. Lorsque la crise du disque est arrivée, Claude Puterflam (directeur de Translab, important studio de mastering – ndlr) a dû licencier les ingés son – nous étions six en mastering pour trois cabines, plus une cabine de montage. En gros, on se partageait le travail, avec chacun trois jours par semaine. Côté technique, on était passés de l’ère U-Matic à celle de l’Hexabyte et au CD Master. Les studios d’enregistrement se sont alors équipés pour effectuer les transferts, supprimant une manne de revenus. Parallèlement à mon travail chez Translab, j’avais monté un label avec quelques amis musiciens et un petit studio. J’ai continué à travailler pour Translab en externe. Puis j’ai abandonné le statut d’intermittent et fondé une vraie boîte de mastering, en 2008. J’utilisais le même matériel depuis huit ans – station de travail Sadie et de beaux périphériques analogiques –, et il me semblait que le moment du renouvellement de matériel était venu. Je souhaitais changer de méthode, remplacer le système de patch, lourd à gérer quand on veut comparer un périphérique A/B, par une console. De fil en aiguille, j’ai reconstitué mon studio, partageant une autre cabine en attendant que mon outil soit prêt. En quelques mois, la clientèle s’est formée, celle de Translab, qui me suivait, et celle que je me suis constituée. On sait combien le bouche-à-oreille fonctionne dans nos métiers. J’ai encore eu un an de « transit » dans les locaux des studios plus XXX, puis je me suis installé dans les locaux que j’occupe maintenant.
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