La ChamSys de Drichos aux manettes
La tournée 2024-2025 de Chinese Man est l’occasion pour ce collectif de faire le point sur les vingt ans du groupe avec l’album We’ve Been Here Before. Pour marquer l’événement, leur éclairagiste Drichos propose une scénographie riche de sens aux manettes de sa ChamSys MQ500, opportunité pour nous d’échanger avec lui sur ses choix artistiques et les contraintes liées aux festivals.
Notre reportage s’est déroulé sur deux dates. Programmés au festival Fête du Bruit de Saint-Nolff (Morbihan), les Chinese Man n’ont malheureusement pas pu installer toute leur scénographie pour des raisons techniques. Nous avons quand même pu réaliser l’interview et prendre quelques photos. Mais dans la mesure où ils se produisaient la semaine suivante au festival Terres du Son de Monts (Indre-et-Loir), nous y sommes retournés pour prendre des photos dans de meilleures conditions.
Ce sont donc Drichos – concepteur de la scénographie, de la lumière et pupitreur – et Mathieu Zangrillo – au réseau, blocs et soutien consoles – qui nous accueillent pour évoquer ce projet.

SONO Mag : Pour commencer, peut-on évoquer cette tournée en général ? Drichos, je crois comprendre que ça fait longtemps que tu suis Chinese Man.
Drichos : Ca fait 20 ans que je les connais. Les premières années, c’est un ami à moi qui les suivait, mais au bout de cinq ans il est parti avec Deluxe. Je suis donc arrivé sur le projet et je ne les ai jamais quittés. Cette tournée est celle de l’album We’ve Been Here Before et a débuté au printemps de l’année dernière, le projet ayant été à l’étude pendant un an. On a assuré une semaine de création au 6MIC à Aix-en-Provence, et la dernière date sera le Zénith de Paris le 22 novembre prochain.
SONO Mag : Quel a été ton fonctionnement avec le groupe concernant la création ?
Drichos : Les artistes m’envoient toujours un mood board précis. Ils ont des univers très oniriques et il y a une primauté de la vidéo qui est très importante pour eux, avec beaucoup de conception en amont.
Cette tournée revient sur les 20 ans de Chinese Man. Elle évoque les notions de retour en arrière, de déjà-vu, de cycle… J’ai donc eu l’idée de dessiner des gyroscopes, symboles de machines à remonter le temps, de vertical et d’horizontal, de cycle, et qui ressemblent également à un atome.
Après avoir évoqué ce concept, ils ont carrément décidé de mettre des gyroscopes sur leur prochain album, l’idée était donc lancée.
Je pense que le design lumière passe avant tout par la scénographie. Je fais mes plans de feux sur VectorWorks, qui est un vrai logiciel de construction où l’on peut dessiner tout ce que l’on veut. Idéalement, le design doit déjà fonctionner avec les projecteurs éteints. Ici, avec les gyroscopes, la vidéo englobante, les desks des DJs qui sont des demi-gyroscopes, le design a une identité à part entière, c’est du pur univers Chinese Man.
SONO Mag : Ces gyroscopes sont l’élément central de la scénographie, ce sont des exemplaires uniques.
Drichos : On a eu du mal à trouver quelqu’un pour les réaliser, c’est techniquement difficile. Ils ont une rotation infinie sur plusieurs axes, sont asservis dans l’espace par des winchs Wahlberg, incluant du ruban de LED, et il faut qu’ils forment trois cercles concentriques imbriqués les uns dans les autres sous forme d’assiette qui descend sur les musiciens puis s’ouvre pour révéler leur forme. Finalement, la société Kelook nous a proposé un prototype convaincant, à la suite de quoi les trois gyros sont arrivés à peu près fonctionnels à la création, mais il a fallu un peu de travail pour que ça tienne la route. Pas à cause du fonctionnement global, mais à cause du transport qui met le matériel à rude épreuve.