La lumière de cirque réinventée
La transition vers les asservis n’est pas exclusive aux théâtres.
Si les prestataires l’ont effectuée depuis longtemps, désormais tout le monde s’y met, même les cirques. Et aujourd’hui nous allons visiter l’une des plus grandes formations itinérantes d’Europe, le cirque Arlette Gruss. Dirigé par Gilbert Gruss, celui-ci réalise chaque année une tournée marathon de septembre à juin avec un impressionnant kit d’asservis. On vous emmène ?
Notre reportage s’est déroulé en deux temps. En effet, dû à un emploi du temps chargé, le concepteur lumière du projet, Julien Lambotte, ne pouvait pas être présent avec nous à La Rochelle, ville où nous avions rendez-vous avec l’équipe du cirque. Nous avons néanmoins pu prendre du temps avec lui à l’avance pour évoquer son design.
SONO Mag : Bonjour Julien, peux-tu nous parler de ton arrivée sur ce projet ?
Julien Lambotte : Je fais essentiellement du cirque depuis 15 ans. J’ai travaillé au Cirque d’Hiver Bouglione, et un peu partout depuis, notamment à l’étranger. Récemment, je travaillais avec l’un des seuls artistes circassiens qui se déplace avec son éclairagiste – Pierre Marchand, qui fait du diabolo – et il s’est retrouvé à faire la saison chez Arlette Gruss. Le patron du cirque, Gilbert Gruss, en voyant mon travail, m’a proposé de faire la création de l’année suivante, soit en 2022-2023, et c’est comme ça que l’on a commencé à travailler ensemble. J’ai tout de suite adhéré à l’idée, car c’est l’un des plus gros cirques européens en tournée, et je sais que Gilbert est quelqu’un qui aime et n’hésite pas à investir dans la lumière, car c’est pour lui une partie importante du spectacle.
SONO Mag : Quelles sont les grandes dates de la tournée ?
J. L. : Les quartiers d’hiver du cirque sont au Mans, où l’équipe fait un pré-montage sans électricité en septembre. Il y a ensuite environ deux semaines de répétitions à Aix-les-Bains, puis la tournée part début octobre.
SONO Mag : Qu’est-ce que tu as amené de nouveau dans ce spectacle ?
J. L. : En 2022, à mon arrivée, je n’ai pas fait de grande révolution dans le matériel, mais en fin de création, nous avons discuté de la tournée 2023-2024, et j’ai parlé à Gilbert de repartir de zéro et de faire évoluer le matériel pour que je puisse poser ma patte. Le matériel avait déjà quelques années et il fallait selon moi un renouvellement.
SONO Mag : Vous avez donc acheté un nouveau kit de projecteurs ?
J. L. : Non. Précédemment, le cirque possédait effectivement son matériel, mais aujourd’hui, avec les évolutions rapides, c’est difficile de racheter tout ou partie de son parc tous les ans, et donc si tu veux rester au top, il faut louer. Ne serait-ce que pour la charge de travail de maintenance que cela fait gagner aux équipes. Aujourd’hui, il faut de bonnes connaissances pour ouvrir et entretenir un projecteur comparé à l’époque des PAR 38. Je leur ai donc soumis l’idée d’arrêter l’achat, surtout pour le matériel au-dessus de la piste. Les contours en LED sont toujours à eux, mais pour le spectacle, on est parti sur de la location par le biais de la société Magnum.
SONO Mag : Quelles sont les contraintes auxquelles tu as fait face dans cette création ?
J. L. : La principale est celle du poids, contrairement à un Bercy où tu accroches autant que tu veux (ou presque). Et tu ne peux pas mettre des ponts partout, surtout dans ce chapiteau qui a une structure extérieure. Pour le reste, ce sont les contraintes inhérentes au cirque. Il n’y a plus beaucoup d’animaux sauvages mais il y a des chevaux, donc on ne peut pas faire n’importe quoi (strobes au sol…). Cela relève plus de la logique. Également, outre le show normal, il y a des dîners-spectacles le vendredi soir. Dans ce contexte, la moitié des places sont retirées au profit de tables, et l’événement est alors coupé en trois parties : entrée, plat, dessert. Donc je dois, en fin de création, redécouper le show, avec également des inversions de numéros.