Cirque de Paname
Son immersif pour un spectacle hors norme
Le Monde de Jalèya est un show hybride mêlant cirque contemporain, danse et comédie musicale. Un concept du Cirque de Paname englobant une offre événementielle, dans un lieu atypique et nomade capable d’accueillir 2 500 spectateurs assis. La technique est à la hauteur des ambitions et tous les moyens sont mis en œuvre pour entraîner le public dans un univers féerique, avec un son immersif enchanteur à nos oreilles et pourtant si discret au regard.
Le Cirque de Paname (marque déposée) est le fruit d’un projet porté par de jeunes artistes et techniciens créatifs, dont une bonne partie vient de la comédie musicale. Au cours de mes entretiens avec les différents protagonistes de cette aventure, la référence à ces spectacles chers aux années 2000 reviendra d’ailleurs souvent dans la conversation. Ludovic Marcato, metteur en scène et concepteur de la marque Cirque de Paname, qui a lui-même fait ses débuts dans le son, a exprimé des demandes spécifiques sur la spatialisation sonore de cette première production, et ce, dès la phase d’écriture du livret du Monde de Jalèya. Son maître mot : mettre le son au milieu des spectateurs.Il avoue avoir longtemps rêvé en lisant SONO Mag, dont il collectionnait les numéros, et c’est avec émotion qu’il se retrouve, quelques années plus tard, sous les feux de la rampe de notre magazine !
uN CHAPITEAU INÉDIT
L’étude du projet remonte à plusieurs années, avec notamment le choix du lieu, Longchamp, un espace fixe mais temporaire, cirque oblige. L’idée de base d’un chapiteau traditionnel, avec quatre mâts et un dôme, fut vite réfutée en rai–son des obstacles au champ de vision générés par lesdits mâts. La réflexion s’engage alors sur une structure sans piliers intérieurs. Le fabricant (la société BCI) n’avait jamais conçu une telle réalisation pour le spectacle, mais il avait l’expérience de modules industriels et de hangars à avions. Cette « bulle » géante tournera plusieurs années et reviendra s’installer à Longchamp pendant la période hivernale avec un nouveau spectacle, mais aussi avec une offre événementielle, d’où la nécessité de disposer d’un très grand hall d’accueil (le pré-show), qui permet de faire de la convention, du dîner assis, etc. Le jour de notre venue, une partie du hall était d’ailleurs privatisée pour un événement d’entreprise et, quelques jours auparavant, le chapiteau accueillait une assemblée générale. Après la première saison de spectacles, cet immense dôme et sa tente technique de 1 000 m2 (bureaux de production, catering, etc.) sont démontés et stockés, ce qui représente le volume de 84 semi-remorques.L’espace spectacle se compose d’une scène principale de 37 m d’ouverture et de 14 m de profondeur, avec un proscénium de 1 m de haut et 8 m de diamètre. Le décor est principalement projeté sur un arbre multifacette en origami. La machinerie scénique se résume donc à une tournette avec tapis roulant intégré, deux chariots porte-décor mobiles, deux toiles kabuki, un rideau d’eau de 9 m de diamètre et 12 m de chutes d’eau situées devant le proscénium.
LES INSÉPARABLES
Le décor étant planté, passons au plat de résistance de cette aventure hors normes avec la présentation du binôme audio et de son rôle dans le processus de création. Arnaud Bayssat et Greg Carlet ont usé leurs jeans sur les mêmes flight cases des comédies musicales (Mozart, Le Roi Soleil, Les Amants de la Bastille).
Ils ont appris tous deux leur métier au contact de Jean-Jacques Dialo (parti trop tôt mixer chez les anges…) et de Jean-Philippe Bonichon. Présent le soir de ma venue, ce dernier opérait à la console de façade à la place d’Ar-naud, très amusé par cette passation de relais et heureux de constater que ses jeunes pousses se portaient bien ! Pour défendre leur binôme, qu’ils ont réussi à imposer auprès des prestataires, Arnaud et Greg se sont prêtés ensemble au jeu de l’interview.
SONO Mag : Le son du spectacle fait appel à deux marques qui proposent chacune leur solution immersive. Vous avez choisi une diffusion en Kara L-Acoustics associée au DS-100 de d&b. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Arnaud Bayssat et Greg Carlet : Ce sont deux outils indépendants, et c’est pour cela qu’on a pu les associer. On souhaitait une diffusion avec des enceintes L-Acoustics parce qu’on est très fans et que nous utilisons ces produits depuis des années, ce qui est pour nous un vrai gage de sécurité. Pour ce qui est du système immersif, nous avons longuement examiné les deux procédés, L-isa L-
Acoustics et Soundscape d&b. Le premier est fondé sur un algorithme basé sur la localisation, en intensité (plus fort ou moins fort sur certains haut-parleurs pour localiser une source audio). L’objectif est de garder la meilleure énergie possible. Pour L-Acoustics, lorsqu’on positionne un objet sonore, il vaut mieux limiter le nombre de haut-parleurs, pour éviter les problèmes de filtrage en peigne.Chez d&b, ils ont choisi, à l’inverse, d’intégrer une composante temporelle dans la position de l’objet, avec les conséquences imaginables mais une manipulation qui offre une plus grande souplesse de design. D’un côté, nous avions le choix entre deux systèmes dont l’approche de l’outil est un peu différente.
Certes, L-isa est conçu sur la base du respect de l’onde sonore elle-même. Il est pensé pour se mettre à la place du mixeur et lui apporter un outil sans faille, agréable à utiliser et d’une efficacité redoutable. En revanche, l’utilisation du R1 pour configurer le Soundscape demande un peu plus d’attention, et le parcours de configuration n’est pas le même. Le cas particulier de notre audience à 180° est LE vrai argument qui a orienté notre choix vers le Soundscape, avec son algorithme basé sur la WFS (Wave Field Synthesis, synthèse de champ acoustique – ndlr), sur laquelle je me suis beaucoup renseigné et dont je suis tombé amoureux.
Cet algorithme de synthèse d’onde sonore recrée un front d’onde qui nous permet de composer un design plus adapté à notre projet.
un article de
gisèle clark
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