À l’usage du temps et des éléments
La plupart des fabricants affichent désormais dans leurs catalogues des références des équipements IP.
Le classement IP, et tout particulièrement celui des luminaires, constitue aujourd’hui un enjeu réel pour les fabricants tant il est plébiscité pour assurer la polyvalence des appareils. Mais qu’en est-il de le pérennité de cet IP dans le temps ou dans des situations particulières d’usage ? Questions réponses avec les fabricants.
L’idée de cette enquête de terrain est née d’échanges avec des utilisateurs de matériel IP à l’occasion de reportages ou sur les salons internationaux. Une interrogation, une préoccupation même, revenait régulièrement dans les discussions. Le matériel étant soumis aux affres du temps, comment conserver le classement IP au fil de la durée de vie des appareils ? Comment mener les opérations d’entretien, alors qu’il est nécessaire d’ouvrir une machine dite « étanche » ? Comment apprécier le comportement des matériaux constitutif du matériel IP face aux agressions chimiques de milieux non neutres ?
Quelques prises de contacts avec des responsables techniques de fabricants nous ont permis de vite comprendre qu’à ces questions, il n’y avait pas de réponse absolue, mais bien des points de vue, des approches et des propositions propres à chaque type de produit et à chaque marque. Aussi avons nous choisi de solliciter les principaux fabricants, ainsi que des prestataires, pour leur demander leur point de vue.
La plupart des personnes contactées se sont prêtées au jeu, avec une vraie pertinence de leur retour d’expérience. Nous les remercions de leur disponibilité.
Certaines rares marques n’ont pas montré le même engouement devant nos questions. Le temps a passé et, sans retour concret, nous avons du renoncer à leur présence dans ces colonnes. Aucune importance, il y a déjà tellement à dire.
L’équipement lumière majoritairement concerné
Si le matériel audio, en particulier certaines enceintes électroacoustiques, présente depuis longtemps des caractéristiques IP, il s’agit le plus souvent de certifier une capacité à survivre un certain temps à la pluie, de façon à assurer sans trop de risques la protection d’un système accroché sur le pont d’une scène extérieure. Nombre de fabricants d’enceintes proposent des housses et capots additionnels pour mieux préserver l’équipement, et l’électronique interne des boîtes actives est souvent protégée indépendamment.
C’est bien dans le matériel d’éclairage, avec son électronique sophistiquée, sa mécanique délicate, ses mouvements asservis et systèmes de refroidissement, que l’on trouve vraiment matière à s’interroger sur la pérennité de la protection.
D’autant plus qu’il n’est ici pas suffisant d’envisager les seules opérations de dépannage de l’appareil. Il est beaucoup plus fréquent que cela de devoir ouvrir certains luminaires. Pour le nettoyage interne périodique ou pour changer une roue de gobos par exemple.
Nous avons donc choisi de focaliser ce dossier sur les produits d’éclairage, et de regrouper les points de vue par thématique, en essayant d’apporter des réponses, des solutions pratiques pour l’exploitation au quotidien des ces luminaires IP. Les interventions sont classées par ordre alphabétique de marque.
Comprendre les indices IP et leurs limitations
IP reprend les initiales de Ingress Protection, ce qui signifie littéralement « protection à l’infiltration ». On a l’habitude de dire en français « Indice de Protection ». L’IP est une norme internationale de la CIE (commission internationale électrotechnique) qui définit un cadre au niveau de protection des enveloppes du matériel électrique dont la tension est inférieure à 72,5 kV, face aux intrusions des corps solides, des poussières et des liquides.
Contrairement à ce que l’on entend communément, l’indice IP ne doit pas être lu comme un nombre, mais bien comme deux chiffres. Pour IP65, on ne dit donc pas IP soixante-cinq, mais IP six cinq. Sur les deux chiffres que compte l’IP, le premier, qui varie de 0 à 6, définit l’indice de protection contre les solides. Le deuxième, qui va de 0 à 8, se positionne contre les intrusions d’eau (voir le tableau).
Lorsqu’un des deux chiffres est remplacé par la lettre x, par exemple pour IP3x, on exprime le fait qu’aucune protection particulière n’est prévue dans la catégorie.
Certaines lettres peuvent aussi compléter l’indice IP. Elles précisent soit des propriétés particulières, comme la résistance aux huiles, soit des conditions d’évaluation de l’indice IP.
Quel IP pour quel usage ?
La première valeur de l’IP ne présente un réel intérêt différenciant dans l’univers du spectacle qu’à 5x ou 6x. Le matériel va être alors immune au sable et aux poussières, souvent très présentes. Si on souhaite utiliser l’équipement en extérieur, nous allons compléter la protection en nous intéressant à l’étanchéité à l’eau. Dès l’indice x1, le matériel continue à fonctionner sous des gouttes d’eau verticales, mais il faut chercher l’indice 4 pour se prémunir d’une pluie dans toutes les directions. A x5 et x6, on est protégé des jets d’eau plus ou moins puissants tandis que, à x7 et x8, on peut immerger l’équipement en fonctionnement. Chaque indice IP doit donc être soigneusement vérifié en fonction de ses usages.
Les limitations de l’IP
Apportant un cadre au comportement des appareils dans l’environnement réel de travail, la norme est pourtant critiquée sur plusieurs aspects. Sur les conditions de mesure par exemple, que vous pouvez consulter in extenso sur le document IEC-60529, qui se télécharge facilement en ligne. Document où vous trouverez aussi les détails des compléments possibles de l’indication IP, sous formes des lettres A, B, C, D, H, M, S et W qui ajoutent des informations.
D’autre part, l’indice affiché valide celui-ci sans prise en compte obligatoire des indices inférieurs. Un IPx7 va, par exemple, garantir que l’appareil supporte une immersion jusqu’à 1 m pendant trente minutes, mais pas nécessairement les contraintes de l’indice IPx6 concernant la résistance aux jets d’eau définis.
Et que dire de la résistance du matériel aux liquides qui ne sont pas l’eau douce utilisée pour les qualifications. Avec de l’eau de mer, ou de l’eau traitée au chlore ou au brome des piscines par exemple.
Il reste donc souvent utile de procéder à ses propres essais avant de réaliser un investissement important dans du matériel essentiel à une production.