Énergie décarbonée

10 Nov 2023 | n°494, Reportage

L’hydrogène pour l’événementiel

Pas une journée sans que ne soient évoquées aussi bien dans les médias que dans les instances institutionnelles des idées ou solutions capables de contribuer à la transition énergétique, pour se passer à terme des énergies fossiles. En alternative des groupes électrogènes diesel très présents en événementiel, les piles à combustibles peuvent dans certaines conditions apporter des solutions.

Les 9 et 10 septembre s’est déroulée la manche française du SailGP, compétition internationale confrontant dix équipes et leurs F50, voiliers sur foils pouvant atteindre des vitesses proches de 100 km/h. L’alimentation en énergie du site était en partie réalisée via une pile à combustible, délivrant 70 kW d’énergie décarbonée en continu. Nous retrouvons sur place, à Saint-Tropez, Thibault Tallieu, le directeur marketing de EODev – Energy Observer Developments, structure qui a développé le générateur à hydrogène.

Thibault Tallieu : EODev développe des solutions de production d’énergie à partir de l’hydrogène. C’est la prolongation industrielle du projet Energy Observer, catamaran lancé en 2017 et conçu comme une grille énergétique du futur, avec de la production d’énergie renouvelable à bord, du stockage sous forme d’hydrogène et la transformation de cet hydrogène en électricité lorsque l’on se retrouve dans des sites où le besoin s’en fait sentir.
Nous développons deux gammes. L’une de générateurs pour les bateaux, l’ADN du projet. La seconde constituée de piles à combustibles terrestres destinées à remplacer les groupes électrogènes à carburants fossiles. Ces générateurs s’utilisent en événementiel et audiovisuel, mais aussi en BTP, dans des opérations de secours… En fait, dans tous les cas où il n’y a soit pas de réseau, soit pas assez d’énergie disponible, soit une défaillance du réseau.

L’hydrogène est un vecteur énergétique. Sa production traditionnelle passe par des procédés chimiques. L’hydrogène gris, obtenu par reformage du méthane avec de la vapeur à haute température, nécessite beaucoup d’énergie, ce qui produit du CO2. C’est loin d’être neutre en ce qui concerne l’environnement. En extrayant l’hydrogène de l’eau par électrolyse, on consomme aussi beaucoup d’énergie, mais elle peut être issue de sources non carbonées. C’est l’option choisie pour produire celle utilisée au SailGP. L’hydrogène constitue alors une solution de stockage des énergies renouvelables. Leur stockage est nécessaire car elles sont intermittentes, dépendant des conditions climatiques par exemple, et leur disponibilité est rarement corrélée avec les besoins en énergie du site.

T. T. : Quel que soit le mode de production de l’hydrogène utilisé, notre procédé permet de réduire l’empreinte carbone de la production d’énergie. Avec de l’hydrogène dit gris, la réduction de CO2 se situe entre 35 et 40 %. Avec de l’hydrogène renouvelable, on atteint 90 à 95 % de réduction.

Un autre aspect vraiment important est l’absence totale de particules fines lors du fonctionnement, ce qui est loin d’être le cas avec les imbrûlés des moteurs à combustion. C’est un grand bénéfice en termes d’amélioration de la qualité de l’air. Sur certains sites, par exemple la Ville de Paris, les obligations de respecter des critères par rapport aux particules fines sont désormais étendues à l’usage des générateurs. C’est un point à prendre en compte lors du choix du matériel.
Il y a donc avec les générateurs à hydrogène un double bénéfice, celui d’une réduction de l’empreinte carbone d’une part, et celui d’une préservation de la santé publique d’autre part.

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