Eurovision Junior 2023

par | 8 Mar 2024 | n°497, Reportage Lumière & Vidéo

Les français ont la Baracca

Après une édition à la Seine musicale en 2021, et à la suite de la victoire de Lissandro, le candidat français en 2022 en Arménie, le pays hôte de l’Eurovision Junior est cette année encore la France. Décentralisé au palais Nikaïa à Nice, c’est Dushow TV qui assure la lumière de l’événement. Frédéric Dorieux, officiant en tant que concepteur lumière et directeur de la photographie, nous accueille en ce jour de répétitions. On vous emmène sur place ?

C’est au cœur du palais Nikaïa que se déroule l’événement, une salle de 9 500 m2 pour 9 000 places assises, l’équivalent d’un Zénith et la plus grande salle de la région PACA. Et il fallait au moins cela pour accueillir ce gigantesque kit lumière et vidéo tout en largeur.

C’est tôt le matin que nous retrouvons Frédéric Dorieux, dans la régie lumière en milieu de salle. Frédéric Dorieux, s’il est besoin de le présenter, est directeur de la photographie pour la télévision depuis de nombreuses années, et officie dans ce poste sur les plus grands événements français (Star Academy, NRJ Music Awards, Miss France, Eurovision Junior, The Voice, les Restos du Cœur…).

SONO Mag : Bonjour Frédéric, merci pour l’accueil malgré le timing serré. Pouvez-vous nous parler du projet dans ses grandes lignes et ses grandes dates ?

Frédéric Dorieux : À la suite de la victoire de Lissandro l’an dernier, nous avons débuté la réflexion sur le design de la nouvelle édition en mai avec la productrice. Il y a ensuite eu beaucoup d’aller-retours entre les différentes parties impliquées. Nous réalisons un concours de chant européen qui doit être chaleureux, pas enfantin, mais qui doit tout de même présenter les codes d’un prime time où les enfants peuvent se retrouver. D’où le thème Heroes, qui a été l’une de nos pistes de thématiques, et qui a été retenue en septembre.

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L’immense plateau dans son ensemble. On peut voir la charte graphique sur le thème « Heroes » du projet.

On en a fait une première présentation aux délégations des différents pays, puis nous leur avons fourni le plan six semaines avant l’événement. Ils reçoivent le plan lumière en format Wysiwyg, puis après un temps de réflexion, un coordinateur scénographique nous remonte leurs demandes, à la suite de quoi on commence à construire.

L’Eurovision Junior est un événement très organisé. Et à raison. Seize pays nous transmettent seize demandes, avec autant de façons de voir les choses.
Nous sommes arrivés à Nice le 9 novembre, pour un spectacle le 26. Les équipes sont donc restées 17 jours sur place hors démontage. Entre la phase accroche, décor, installation lumière et écran, nous avons pu récupérer le kit lumière le 15 novembre. Nous avions réalisé un pré-encodage à l’avance, donc les 15 et 16 nous avons contrôlé les tableaux en petite équipe artistique, puis nous avons envoyé chaque vidéo de prestation aux délégations, qui nous ont alors renvoyé leurs commentaires. D’abord, nous avons fait les corrections avant leur venue, et quand ils sont arrivés à Nice, ils ont eu une première répétition de 40 min où ils ont réalisé trois fois leur prestation. Ils vont ensuite dans une salle pour visionner la vidéo et ont deux heures pour nous donner leurs nouvelles corrections. Aujourd’hui c’est la seconde répétition, il y a encore un peu de marge, mais demain (samedi, jour de la générale, NDLR), il n’y aura plus de possibilité d’apporter des correctifs.

SONO Mag : On entend souvent dire que chaque répétition est enregistrée. Qu’en est-il ?

F. D. : Chaque répétition et prestation est entièrement timecodée sur le logiciel Live Edit, qui génère un timecode centralisé pour tous les corps de métier. On peut y bouger les plans de caméra, la lumière, les sfx… L’Eurovision est le seul spectacle en France fabriqué comme ça. Il faut se rappeler que c’est un concours équilibré, et qu’il ne faut pas que les pays puissent contester quoi que ce soit à la suite d’un loupé. Tout le monde a donc le même temps de répétitions, le même nombre de projecteurs… Ce système où tout est enregistré permet d’éviter les erreurs. En ce qui concerne l’enregistrement, le samedi matin est consacré à la générale, et un premier tournage a lieu le samedi après-midi, qui servira de secours en cas de perte de faisceau.

SONO Mag : Un événement comme celui-ci demande-t-il plus de travail en amont ?

F. D. : Au niveau encodage, oui. Contrairement à une émission classique où il y a un seul univers graphique, ici on en a seize. Et le leur n’est pas forcément le vôtre. Il y a des pays qui veulent des choses très rythmées, alors que nous Français, on aime parfois ne pas trop allumer.

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Les cent Baracca 360 Starway créent des bâtons bien définis et très saturés.

SONO Mag : Y a-t-il eu des demandes particulières de projecteur sur ce kit ?

F. D. : Non, pas vraiment, mais s’il y en avait eu, j’aurais dû accepter. Dans l’organisation de l’Eurovision, il est stipulé que je dois accéder aux demandes qui me sont faites, je ne peux pas refuser une modification. Pour autant, il n’y a pas de frustration car on est à leur service, moi et mon équipe (qui est très investie sur le projet), et parce que c’est un projet exceptionnel.


SONO Mag : De combien de temps les équipes au plateau disposent-elles pour réaliser les changements de plateau ? Sur la prestation française, il faut ajouter un kit de sol et le piano par exemple.

F. D. : 30 secondes, pas plus. Tout est déjà coordonné, travaillé. Le soir, on a un débriefing en petit comité, on re-visionne, on prend des notes, on corrige…

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