Timecode et visualisation 3D au service de la danse
Mai et juin sont tradionnellement les mois consacrés à des fêtes d’écoles ou spectacles de fin d’année. Nombre d’entre nous y sont habitués et en connaissent les enjeux et contraintes. Aujourd’hui, c’est justement à l’un de ces spectacles que nous vous convions, le gala de fin d’année de l’Atelier NCL, école de danse située à Lourdes, qui a la particularité d’avoir à sa tête Marine Lartigue, danseuse et chorégraphe pour qui la lumière n’est pas qu’un accessoire, mais un acteur prépondérant dans ses créations.
Nous avions donc rendez-vous en ce mois de juin 2024 à l’espace Robert Hossein de Lourdes, salle de 1 200 places, avec Marine et Sébastien Lefroy, son éclairagiste depuis de nombreuses années. L’occasion de croiser les regards artistiques et techniques en évoquant le spectacle auquel nous allons assister et la manière dont ils ont abordé sa conception.
SONO Mag : Marine, peux-tu nous expliquer comment fonctionnent tes projets de spectacle ?
Marine Lartigue : Chaque année, je lance une nouvelle création avec mes élèves, dont je débute l’écriture en mai (en ce moment, je suis déjà en préparation de celle de juin 2025). J’ai plusieurs groupes d’élèves, par tranches d’âge, avec qui nous travaillons le spectacle à partir de septembre.
SONO Mag : Et quel est le thème de cette année ?
Sébastien Lefroy : Le nom du spectacle est « Iconiks », on s’inspire d’une licence de série ou d’un film de Netflix par tableau.
SONO Mag : Concernant la lumière en particulier, pouvez-vous nous donner les grandes dates ?
M. L. : Cette année, comme on a un kit important, on a commencé à s’y mettre à partir de mars, mais nous n’avons pas pu nous rencontrer de façon régulière. Nous avons eu moins de temps que d’habitude pour encoder sur place, on a donc dû se voir régulièrement avec Sébastien à partir d’avril pour travailler à l’aide d’un visualiseur 3D.
S. L. : Et sur site, le montage s’est fait lundi soir et mardi, on a eu des répétitions mercredi, puis de l’encodage jeudi et samedi. Au total, nous avons travaillé cinq jours complets sur l’encodage du spectacle.
SONO Mag : Ça fait longtemps que vous travaillez ensemble ?
M. L. : C’est une école qui a appartenu à ma mère durant 33 ans. J’ai pris le relais en 2010 sur le plan artistique, puis les rênes de l’établissement en 2015. Depuis cette date, je construis entièrement les spectacles. On travaille avec Sébastien depuis 2017, donc on se connaît par cœur. Ce que j’aime, c’est qu’il a un œil très créatif, nos deux passions se sont bien trouvées.
S. L. : Depuis le temps que l’on travaille ensemble, on se connaît bien et on va de plus en plus vite. Il y a eu une vraie rencontre artistique et amicale entre nous.
SONO Mag : Marine, à force de t’intéresser à la lumière, tu as l’impression que ton travail chorégraphique en est imprégné ?
M. L. : J’ai l’œil de plus en plus curieux par rapport à la lumière. Elle influence mes idées de chorégraphies, je me dis que certains effets pourront être mis en place grâce à elle. Je consulte Sébastien pour voir si ce que j’imagine est réalisable, puis on le travaille ensemble. On peut faire plein de suppositions, mais on voit véritablement le rendu lors de la semaine de répétitions, il y a des idées qui peuvent émerger, ou d’autres que l’on a imaginées toute l’année et qui ne peuvent pas être mises en place…
S. L. : On part du principe que chaque morceau du spectacle doit avoir une identité visuelle différente. Artistiquement, c’est du sur-mesure. Marine fait appel à Timothé Foulquier pour réaliser ses bandes son et souvent, il y a plusieurs extraits de chansons qui vont se succéder, donc également des changements d’ambiance.
SONO Mag : Cette année, pour gagner du temps, vous avez travaillé le projet à l’avance à l’aide d’un visualiseur 3D ?
SL : Cette année où on manquait de temps dans la salle a coïncidé avec l’achat par ma société Deelite d’une licence du logiciel Capture, et on a ainsi pu se voir sur trois jours de pré-encodage pour dégrossir le travail.
SONO Mag : Marine, c’est ta première expérience avec la 3D ? Qu’en as-tu pensé ?
M. L. : Eh bien je n’ai pas aimé (rires), je trouve que ça ne reflète pas la réalité. Un tableau en particulier n’avait rien à voir avec ce que nous donnait la 3D. Par moments, certains tableaux que l’on trouvait bien en 3D manquaient d’intensité sur certaines couleurs notamment. Il a fallu les réajuster, ainsi que les réglages de position, et ça m’a stressée quand j’ai vu tout ce qu’il fallait reprendre. Sébastien moins, car il a davantage l’habitude.