Hellfest, metal chauffé à blanc

par | 11 Oct 2022 | n°483, Reportage Lumière & Vidéo

METAL CHAUFFÉ À BLANC

Après 15 ans d’existence, et malgré deux années blanches pour cause de pandémie, le Hellfest nous a montré cette année, à l’occasion d’une double édition spéciale, qu’il était toujours un rendez-vous majeur avec 480 000 spectateurs et plus de 350 artistes en sept jours. C’est le groupe B-Live, via sa filiale Melpomen (ou B-Live Nantes à présent), qui s’occupe de la lumière des deux Main Stages et de la scène de la Warzone. Nous sommes allés à la rencontre des équipes de B-Live pour découvrir l’organisation des accueils lumière d’un tel événement.

Le temps n’aura pas été vraiment clément pour le public du Hellfest 2022 : canicule la première semaine et pluie la seconde. Pas de quoi décourager les fans cependant, qui étaient bien au rendez-vous pour cette édition qui restera dans les mémoires. En effet, le programmateur a décidé de mettre les petits plats dans les grands en termes de têtes d’affiche. Un sacré challenge d’accueillir des groupes comme Megadeth, The Offspring, Scorpions, Guns N’ Roses, Nine Inch Nails, Alice Cooper… pour finir en beauté avec Metallica. Défi relevé par les équipes de B-Live, chapeautées par Cyril Prat en qualité de directeur technique et Cyril « 6sou » Dupont en tant que chargé de projet et designer. Le tout sous la direction de « Twiggy » Chatal, production manager du festival.
Sans plus attendre, allons discuter avec Cyril Prat et 6sou pour parler de cet événement hors normes.

SONO Mag : Pouvez-vous d’abord nous présenter vos missions respective ?

Cyril Dupont « 6sou » : J’ai débuté sur le dossier du Hellfest 2022 en tant que chef de projet, et je me suis détaché petit à petit de cette fonction quand j’ai été nommé designer lumière. Ma mission est de réaliser un design lumière conséquent qui puisse correspondre à chaque accueil, même si ce n’est jamais possible de coller à 100 % des demandes sur un festival. Je suis pour cela en relation avec la production et les groupes.

Cyril Prat : Mon rôle est de trouver les solutions techniques les plus adaptées pour réaliser le design de 6sou, et de booker avec lui l’équipe capable de monter et démonter le kit pratiquement tous les soirs pour répondre aux attentes des productions. Nous avons été plusieurs à travailler sur le projet en interne, 6sou a commencé le dossier, puis Tomas Lassere a repris toute la partie gestion de projet, et Justin Devinaz la partie réseau.

SONO Mag : Pouvez-vous revenir sur la chronologie d’une telle organisation ?

6sou : 2022 a été une année particulière en termes de booking. Il y a eu un choix de la part du Hellfest d’aller chercher un designer qui pourrait proposer quelque chose de différent au niveau technique et du plan de feu. On a reçu les premiers éléments en février, sans savoir si nous étions chargés du design du festival, ou si on allait être uniquement accompagnants techniques. J’ai commencé à dessiner en mars pour essayer de gagner un peu de temps, et la décision du festival de nous confier design et technique est arrivée à la fin du même mois.

C’est la première grosse saison post-covid, et on avait très peu d’informations des productions, car la situation que nous connaissons en ce moment, d’une demande accrue en personnel et matériel est mondiale, et donc les informations des conditions de déroulement des tournées n’étaient pas entièrement définies à cause de l’incertitude de l’époque. On a travaillé sur le plan entre début avril et la veille de l’arrivée sur le site.

SONO Mag : Quand les plans ont-ils été entièrement terminés ?

6sou : Jamais ! (rires) On a encore eu des changements au montage, et des modifications ont dû être apportées au cours du festival. Mais le dernier gros changement a consisté à passer les GLP JDC1 en mode 68 canaux suite à la demande de têtes d’affiches qui avaient déjà ce genre de machines dans leur kit de tournée, et qui ont insisté pour cela. Ce n’est pas très heureux car ça complexifie les accueils, et je m’attendais à ce que ça pose des problèmes, car on a dû déplacer des univers, rajouter du câblage, des nodes et des NPU/GPU (processeurs pour GrandMAs 2&3), mais au final, tout s’est plutôt bien passé.

SONO Mag : Comment, à la conception du design, détermines-tu le type de machines et en quelle quantité les proposes-tu aux groupes ?

6sou : On est sur deux grosses scènes, avec une grande hauteur (on culmine presque à 22 m de haut, NDLR), et on joue la majorité des concerts de jour. On a donc besoin de sources qui puissent sortir un vrai flux de lumière. Notre démarche a consisté à aller d’abord chercher dans le parc de B-Live, qui a une grande quantité de projecteurs Robe BMFL Blade et BMFL WashBeam, pour éviter des surcoûts de location. Et même si on a besoin de complément, ce sont des projecteurs faciles à trouver. De plus, cette machine est très connue des éclairagistes et tout le monde sait travailler avec.

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