INFINITY CHIMP 300
Le jeune singe qui apprend vite à faire des grimaces
L’ASPECT PHYSIQUE, LES ACCÈS MANUELS, LA MAINTENANCE ET LES CONNECTEURS
La Chimp ne laisse aucun doute sur sa nature, elle ne ressemble pas à une console trad ou à un produit d’entrée de gamme. La moitié supérieure est occupée par un écran tactile monobloc éminemment respectable de 22’’. La moitié inférieure est fort logiquement partagée entre les play-backs de restitution et la section d’encodage.
La masse de 18 kg est conséquente, elle ne glissera pas sur la table de régie ! Le moins que l’on puisse dire est que ce singe réveille en moi irrémédiablement le cochon qui sommeille et la grand-mère qui ronfle. (Ceux qui ne comprennent pas vont avoir du mal pour la suite). L’écran est full HD, de bonne qualité, mais je n’ai pas trouvé de réglage de contraste ou d’intensité, ils viendront avec un update d’après Highlite.
L’interface utilisateur est classique et se prend très vite en main.
Autant le dire tout de suite, sa luminosité trop faible et son angle de vision limité ne me conviennent pas. Le tactile réagit bien, mais à l’ongle, pas avec le gras du doigt, ce qui n’est pas un problème. Les matériaux sont tout à fait corrects avec de bons raccords et le repose-poignets est confortable. Les touches sont rétroéclairées en blanc froid à l’intensité réglable et seul le design rouge du bouton power vient colorer l’ensemble mat et rigoureux. Les encodeurs rotatifs tournent bien et cliquent facilement, sans hésitation. Les touches sont quand même un peu proches et il faudra veiller à ne pas envoyer deux GO en simultané si vous avez des gros doigts.
Attention aux faders, ils coulissent bien mais l’un d’entre eux perd son cale-doigt. L’impression qui se dégage de l’ensemble est tout à fait convenable. Le pupitreur sur Chimp n’aura pas à rougir de sa console lorsque les inévitables curieux viendront tourner autour d’un air circonspect.
Nous avons ouvert la belle pour jeter un coup d’œil à sa conception, le décapotage est simple avec seulement quatre vis cruciformes à manipuler. Toute la façade clavier et écran bascule vers l’écran pour trouver une position maintenue ouverte avec une élingue de sécurité. C’est plutôt bien vu et cela nous laisse un bon accès à l’ensemble. La conception est saine avec un câblage propre et une partie informatique classique. La carte mère est une ASRock D1800M, ce qui sous-entend un processeur dual core Celeron. C’est une carte que vous pouvez trouver sur Internet facilement, donc actuelle. La barrette mémoire est de 4 G et les connecteurs de l’écran sont VGA. Passé un moment de surprise, je vous confirme qu’il est possible de passer du full HD sur un VGA. On distingue facilement les cartes DMX 512 ainsi que la carte Midi. Les encodeurs rotatifs sont à part sur une petite carte très facilement accessible, parfait pour une pièce d’usure sensible, c’est bien vu. Je n’ai pas trouvé d’unité de stockage mémoire et Highlite n’a pas satisfait ma curiosité, pourtant je vous rassure, la console permet de stocker tranquillement ses shows ou de les transférer sur USB. Il n’y a aujourd’hui aucune capacité de réseau interconsoles.
Un panneau de connexions avec de bons choix en série (MIDI et Audio IN) mais une consternante embase CEE 22 non sécurisée.
Côté connecteurs, je fais la grimace en découvrant une CEE 22 non sécurisée. Je teste en débranchant, verdict immédiat, soixante secondes de redémarrage avant de recharger le show. Merci de bien vouloir changer de connecteur ou de sécuriser la connexion. En dehors des inévitables embases XLR cinq points au nombre de quatre, nous constatons la présence d’une Ethercon pour l’Artnet, de trois prises Midi (bravo !), d’un audio IN (rebravo !) d’un USB et d’une HDMI pour écran externe.
Les modes d’emploi et de prise en main rapide sont en anglais mais vraiment bien faits et pédagogiques, ce qui est extrêmement important au regard du positionnement de ce produit. Je me suis régalé avec les captures d’écran commentées au top. Nous nous permettons de conseiller vivement à Highlite de traduire en français ce mode d’emploi qui représente une belle quantité d’heures de travail.
LA MANIPULATION, LE COMPORTEMENT ET LE SOFT
C’est parti, j’ai allumé la console. Je ne vais pas vous faire subir un guide d’initiation point par point, vite rébarbatif, mais plutôt essayer sans prétention de dégager la philosophie de l’ensemble et de mettre en avant les points forts et les lacunes.
D’entrée de jeu, nous avons une vue qui se décompose en quatre parties (nommée quad split) et qui résume bien la Chimp. A savoir que l’utilisateur est guidé naturellement par le soft pour faire du tracking sans le savoir et exploiter facilement une très bonne architecture logicielle.
Les sélections et les manipulations sont instinctives avec un affichage qui guide efficacement le regard en toute simplicité : surlignage vert, affichage de la trichro, de la position et du gobo en vignettes. Cette vue trouve ses limites lorsque de nombreuses machines sont sélectionnées et avec le mélange des couleurs issues d’une roue ou d’une trichromie. Il s’agit donc bien d’une console de tracking avec programmateur prioritaire en toute circonstance et deux niveaux de priorité sur les playbacks. Ça me plaît et je considère qu’il s’agit de la meilleure solution existante. Mais ce n’est qu’un avis personnel et je comprends parfaitement l’autre école qui préfère un programmer non prioritaire réagissant aux règles du LTP (Last Takes Priority, la dernière action prend la priorité). J’en profite une nouvelle fois pour souligner la pédagogie du mode d’emploi qui, humblement, reprend les termes de base en les expliquant clairement. Ce mode d’emploi est parfait pour expliquer le tracking. Merci Highlite.
Un choix intéressant pour la maintenance, en équilibre avec un élingue, et c’est bien !
Un intérieur propre avec des câbles bien rangés.
Les « indispensables » et les « incontournables » sont bien présents, avec la même terminologie que sur des produits concurrents. La Chimp n’a pas la prétention de réécrire les canons du métier de pupitreur et elle adopte les bons termes avec les bons outils. L’ensemble qui tourne agilement sous Linux est – pour autant que nous ayons pu le juger – stable et fonctionnel, nous l’avons chargé avec trois univers bien remplis et un WYG. Nous apprécions quelques astuces maison telles que la numération des luminaires en commençant par le « 1 » de la dizaine suivante, le mode éventail d’un accès ultra simple ou la facilité de création de groupes si les machines sont bien nommées. La touche Edit est puissante et pratique, par exemple avec l’état du luminaire édité. Nous apprécions aussi la richesse de la bibliothèque, l’import et la création de fixtures. Les cue list peuvent déjà être restituées en timecode (avec fonction learn et internal en plus) ou transfert manuel et chaque paramètre de chaque cue peut avoir ses propres temps de transfert et de maintien. Les triggers de cue correspondent à ce qu’un pupitreur exigeant est en droit d’attendre, tout comme les riches options de fonctionnement des playback de restitution. Notons que la Chimp intègre le clonage de fi xture et le remplacement dans le patch.
La vue « quad split » est très lisible et rassure le débutant.
Notez la richesse des options de playback pour une version 1.03.
Les quatre « special faders » situés à droite de la console sont intéressants, ils permettent simplement et sans masturbation intellectuelle d’affecter des vitesses, des groupes, des réglages de fade ou un grand master. Cela sera vite limité en utilisation complexe mais c’est un bon début vraiment pédagogique. La gestion des pages est implémentée avec une gestion de cue lists permanentes, bon point pour notre singe. Côté restitution, nous avons dix playbacks avec fader et trois boutons et dix executor boutons. Cette capacité peut s’étendre avec les virtual playback de l’écran tactile, une extension Banana ou en utilisant le DMX IN qui n’a malheureusement pas de prise In dédiée. Par contre, quelques lacunes m’attristent, notamment le manque de visualisations de valeurs dans le programmer, le cue ou l’output. Le patch est quand même un tantinet laborieux en refusant les syntaxes simples telles que « @ univers / adresse ». La gestion des vues doit s’améliorer avec un mode expert qui permet de gérer ses propres agencements et enregistrements de vues. Les effets gagneraient à être enregistrables sur preset. Il n’y a d’ailleurs pas d’auto preset, ce que je considère comme étant un excellent choix ! C’est le genre d’artifice inutile qui vous fait perdre plus de temps à les trier plutôt qu’à les recréer. Il manque aussi un outil de pixel mapping qui est devenu un véritable incontournable des consoles, il va falloir répondre très vite à cette demande indispensable. Enfin, j’aurais aimé trouver un vrai playback de master séquence avec une pause, un go back, un transfert manuel longue course et un flash. Je comprends que cela aurait augmenté le prix de la console mais cela reste un luxe assez indispensable à mes yeux.
Quel est le verdict, donc ? Et bien il est bon, il s’agit de la version 1.03 de la console et ce qui est présent est vraiment satisfaisant. N’importe quel pupitreur GrandMA, MX serie, HOG, Avolites ou Chamsys prendra cette console en main de manière instantanée, certes avec moultes râleries car il manque certains détails habituels fort utiles… Le cahier des charges de base est respecté. Je pense surtout que ce soft est une excellente porte d’entrée pour accéder aux pupitres haut de gamme en comprenant bien ce qui se passe et comment fonctionne la console. Grâce à cette pédagogie, de nombreux techniciens vont gagner leurs premiers galons de pupitreurs et découvrir le bonheur de devenir une interface chaise/console.
LA CAPACITÉ, LES EXTENSIONS
La Chimp ne gère que quatre univers DMX, que ce soit en DMX ou en Artnet. C’est très peu, cela nous ramène, en capacité, à la Wholehog II de 1996. Sa capacité de gestion est elle aussi limitée à trois-cents identifi ants, vous pouvez oublier le pixel mapping de grande échelle. Il s’agit là d’une vraie restriction qui me surprend quelque peu, je suppose que la gamme Infinity va rapidement s’agrandir avec des licences ou autres processeurs réseaux. J’ai aussi une pensée pour mon ami le RDM qui n’a pas été convié à la fête, il me manque. Côté extensions, vous avez la sympathique « Banana Wing » avec vingt playbacks supplémentaires ; deux univers et cent fixtures de plus. Toujours bon à prendre, le prix est d’ailleurs très raisonnable (1 290 € HT). A noter qu’il existe une version sans écran : la Chimp 100 pour 2 000 € de moins avec deux univers DMX et 100 ID. Je relève un autre absent de taille… La version PC pour travailler Off Line, sans console. Certes la Chimp travaille sous Linux, mais cela n’interdit pas une version Windows, c’est vraiment un manque. Nul doute que cet outil va bientôt être disponible avec un dongle pour un univers DMX ou un processeur avec licence de quatre univers.
Une feuille de patch lisible avec des options intéressantes.
CONCLUSION
Et bien tout d’abord bravo à Highlite pour oser sortir une gamme de console. Bravo pour cet aspect pédagogique auquel je suis très sensible et bravo pour proposer une machine stable et efficace à un rapport qualité-prix intéressant. Maintenant, il vous reste un bon bout de chemin à faire, beaucoup de développement à assumer et de nombreuses améliorations à apporter. Je ne doute pas une seconde que ceux qui se lancent dans cette aventure aujourd’hui ont déjà beaucoup de plaisir à travailler sur ce pupitre et en auront encore plus à suivre son évolution qui peut se révéler fort intéressante.
BILAN
INNOVATION – Non, mais sortir aujourd’hui une nouvelle console est une innovation en soi
QUALITÉ DE FABRICATION – Bonne, quelques défauts à corriger facilement
EXPLOITATION – Pédagogique, simple et effi cace
PERFORMANCES – Limitées en nombre de machines et canaux DMX – Bonnes concernant la vitesse et la qualité de travail
RAPPORT QUALITÉ/PRIX – Intéressant
LE MOT DU CHEF DE PRODUIT
Gilles Demosthene
Quelle est l’idée initiale Infinity Chimp ? Depuis de nombreuses années, on constate un énorme fossé entre les contrôleurs très haut de gamme professionnels et les contrôleurs dits simples. Cela signifie que, pour une grande majorité d’événements de taille moyenne, il n’existe pas de solutions adaptées à ce type d’opérations, de rentabilité d’entreprise, de confort d’utilisation… Les consoles de lumière Infinity Chimp viennent combler cette lacune. Dans l’ensemble, un défi intéressant puisque rien de semblable n’est disponible jusqu’à présent. Nous nous sommes attachés donc à concevoir nos propres logiciels, avec des syntaxes de programmation basées sur les standards de l’industrie et une ergonomie intelligente pour rendre cette console très intuitive ; et je suis fier de dire que nous avons relevé ce défi !
Quel est le résultat ?
Le Chimp 300 peut gérer quatre univers et contrôler jusqu’à trois-cents appareils. Il est équipé de toutes les fonctionnalités standards telles que le sélecteur de couleurs, les bibliothèques de filtres Lee/ Rosco/Apollo, un visualiseur de sortie et une bibliothèque intégrée AtlaBase. Tout peut être contrôlé et programmé via l’écran tactile 22’’ intégré ainsi que par les touches physiques et les faders. Un générateur de montage embarqué permet une configuration rapide des appareils même « exotiques ». En outre, c’est le premier contrôleur de lumière à embarquer le WDMX de Wireless Solutions Sweden ! Une version plus Light nommée Chimp 100 (deux univers, cent appareils) complète la gamme et enfin une extension très utile, la Banana Wing, permet d’ajouter vingt autres faders de lecture, deux univers de plus et cent appareils fixes à votre configuration.
Alors, est-ce vraiment différent ?
Oh oui ! Le contrôleur de lumière Infinity Chimp est un dispositif unique qui offre une véritable polyvalence face à la concurrence. L’accueil reçu sur le terrain ne peut que renforcer notre engagement dans le domaine. Enfin, notre engagement en termes de formation est prioritaire.
Anthony LE FUR & François GUILLET
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