La patte d’Alexis David
Le milieu du divertissement est en pleine révolution. Radio et télévision ont souvent fait les artistes durant des années, mais l’avènement des réseaux sociaux vient chambouler les habitudes de consommation. En bien ou en mal, les réseaux font que désormais, chacun consomme son propre contenu, souvent enfermé dans sa bulle de filtre. Pas étonnant donc de découvrir des artistes comme Khali (prononcez Rhali), inconnu pour beaucoup, mais qui arrive à remplir un Olympia entier pour le troisième concert de sa carrière, son public déjà conquis et connaissant toutes les paroles, le tout en un seul EP. Alexis David, son éclairagiste, nous emmène à la découverte de cet univers.
C’est sur le balcon de la mythique salle de l’Olympia que nous accueille Alexis David, concepteur et pupitreur lumière, à quelques heures du concert. Impressionnant cadre qui a vu défiler tant d’immenses artistes, et qui propose désormais une large programmation de musiques urbaines, dont ce soir le concert de Khali.
SONO Mag : Bonjour Alexis, merci pour l’accueil. En premier lieu, peux-tu nous parler du projet et de comment tu es arrivé à travailler dessus ?
Alexis David : Le projet, de mon côté, est né en mars-avril, au moment où John Artonne m’a contacté pour faire le pupitre sur ce concert. Il était chargé du design, mais de fil en aiguille, il a été occupé par d’autres projets pour que finalement, je signe le design lumière et fasse le pupitre lumière. Avant ce projet, je ne connaissais pas Khali, ça fait donc seulement deux mois que je travaille avec lui. C’est un projet de concert unique, qui est avant tout réfléchi pour frapper un grand coup ici, à l’Olympia, et pour faire ensuite quelques dates de festival, pas une tournée à part entière. Concernant les dates, nous avons eu une période de création, suivie d’une résidence de quatre jours au Bataclan du 7 au 10 mai, il y a deux semaines.
SONO Mag : Quand tu es arrivé et que tu as repris la scénographie lumière, tu as eu des échanges avec Khali directement ? (Ce n’est pas toujours le cas, NDLR)
A. D. : Oui. On a eu des réunions de groupe où il y avait tout le monde. La production, l’artiste et tout son entourage. J’ai signé le design lumière, mais le décor de base qui est constitué du demi croissant au centre et de la main, c’est son scénographe qui l’a dessiné.
Dans le design, tout est parti de l’affiche réalisée pour le concert. On y retrouve le décor central, les mains, la lumière en forme de demi-cercle/planète à l’arrière. À la base, la main n’était pas prévue dans le décor réalisé, j’ai donc implémenté dans le design les totems latéraux en structure qui représentaient cinq doigts de chaque côté pour entourer le décor. Mais elle a finalement été ajoutée.
J’ai eu beaucoup de directives, que ce soit de la part de l’artiste, mais aussi de son scénographe et de son directeur artistique, avec un scénario de spectacle qui était déjà à peu près défini concernant les ambiances et l’atmosphère qu’ils voulaient sur scène. En premier lieu, beaucoup de fumée pour avoir un côté très nuageux, atmosphérique sur scène ; j’ai donc une machine ZR Martin pour l’épaisseur ainsi que deux MDG Atmosphère pour un brouillard constant. Deuxième directive, cette atmosphère très nuageuse doit être en lien avec le ciel et l’espace. C’est pour ça que j’ai fait placer l’arche à l’arrière, qui permet de créer à la fois un demi-cercle éblouissant, présent sur l’affiche, mais qui représente également une planète, ou plutôt une silhouette de planète derrière le décor. Et pour parfaire cette notion d’espace, tous les petits blinders Starway dispersés un peu partout sur scène représentent les étoiles.
SONO Mag : Que représente la main dans la scénographie ?
A. D. : Elle a un rapport à un texte joint à la communication pour le concert : « La main qui donne est au-dessus de la main qui prend. » Ce que j’ai compris de tout ça, c’est que le croissant de l’escalier qui est au sol signifie le monde et la main qui est au-dessus est celle de Dieu.