COMMENT LA PROTÉGER
Nos oreilles n’ont pas de paupières. Elles ne se reposent jamais si nous ne les protégeons pas du bruit environnant, très présent dans le spectacle et l’événementiel. Si le cadre réglementaire permet de fixer des limites protégeant des débordements, il n’en reste pas moins que chaque technicien va au fil de sa carrière être soumis à des doses de son qui dépassent largement les seuils assurant une préservation de sa santé auditive.
Ce dossier concerne tous les professionnels du spectacle. Car tous sont soumis, plus ou moins intensément et plus ou moins longtemps, à de fortes pressions acoustiques. Pas seulement durant le temps du spectacle, mais aussi pendant les balances, ou encore lors du calage du système de diffusion.
Même s’il devient de plus en plus fréquent de croiser des techniciens de la lumière ou du plateau se protégeant les oreilles dès qu’ils le peuvent, les métiers du spectacle restent fortement exposés aux pressions acoustiques élevées. Autant en savoir un peu plus sur le sujet.
LE SYSTÈME AUDITIF
Il est l’organe de la perception des sons, mais aussi celui qui permet l’équilibre. L’oreille conjugue une fonction de perception destinée à capter les sons, et une fonction de transmission des sons au cerveau. Chaque partie du système auditif a un rôle bien déterminé dans le processus de l’audition. Notre système auditif est composé de trois parties.
L’oreille externe va du pavillon au tympan. Le pavillon recueille les vibrations sonores et les dirige vers le conduit auditif externe, petit tuyau qui débouche sur le tympan. Ce dernier est une membrane qui va vibrer sous l’effet des ondes sonores.
L’oreille moyenne est une partie non visible de l’extérieur. Elle s’étend du tympan jusqu’à aux fenêtres. Cette cavité remplie d’air communique avec le pharynx par le conduit de la trompe d’Eustache. L’oreille moyenne abrite une chaîne d’osselets (marteau, enclume, étrier) reliés entre eux par leurs articulations, maintenus à la cavité du tympan par des ligaments et par des muscles. L’oreille moyenne assure la transmission mécanique des vibrations sonores du tympan à l’oreille interne, et leur amplification.
Communicant avec l’oreille moyenne par la fenêtre ovale, l’oreille interne est divisée en plusieurs parties. D’une part le vestibule et les canaux semi-circulaires, qui interviennent dans l’équilibre et la posture, d’autre part la cochlée, qui est un tube enroulé sur lui-même dont la base est tapissée de cellules sensorielles, appelées cellules ciliées. On en compte environ 15 000, et leur rôle est essentiel dans le traitement de l’information sonore par le cerveau. C’est la mise en mouvement de ces cils grâce aux ondes sonores qui engendre la formation d’un message nerveux transmis par des fibres du nerf auditif aux aires auditives du cerveau.
Les trois parties du système auditif qui relient l’environnement sonore à la perception qu’en fait notre cerveau.
LES DÉFICIENCES AUDITIVES
Deux types de déficiences auditives peuvent être constatées.
Minoritaire, la déficience de transmission est la conséquence d’obstacles rencontrés par les ondes sonores au niveau de l’oreille interne ou moyenne. Le grand classique est le bouchon de cérumen, mais les otites ou perforation du tympan sont aussi à classer dans les déficiences de transmission.
La déficience de perception est plus fréquente. Elle consiste en une dégradation du processus de perception des sons par l’oreille interne. L’altération des cellules cillées de l’oreille interne ou du nerf auditif, qui transmet les sons au cerveau, est souvent constatée.
Les causes peuvent être une pathologie de type presbyacousie, des facteurs génétiques, l’âge du sujet, l’exposition à des sons de forte intensité, bien souvent un cumul de plusieurs de ces facteurs.
Dans l’univers du spectacle, être soumis à des pressions acoustiques dépassant le seuil tolérable pour préserver sa santé auditive est le quotidien de nombre d’entre nous.
PRESSIONS ACOUSTIQUES TOLÉRABLES
Les facteurs influençant la survenue de troubles auditifs sont le niveau du bruit et la durée d’exposition, les deux données se cumulant. Intervient aussi la fréquence du bruit considéré, ainsi que son caractère impulsionnel.
C’est pourquoi les normes sont exprimées en iso-énergie ou en « dose de bruit équivalente », c’est-à-dire en niveau sonore continu équivalent pendant une durée donnée.