Comédies musicales en d&b Soundscape
Salle patrimoniale des Champs-Élysées de Paris, le Lido a vécu ces dernières années une refonte complète de son équipement. Concernant le volet son et ses sujets connexes, l’exploitant du lieu a fait appel à Unisson Design, une structure jeune mais cependant riche de l’expérience accumulée par son équipe sur d’autres projets d’envergure. Retour sur un projet ambitieux et immersif.
Cyril Auclair et Léonard Françon sont tous deux issus des équipes du théâtre du Châtelet, à Paris, où ils ont officié en tant que permanents pendant une dizaine d’année. Forts de cette expérience au contact de certaines des plus prestigieuses productions internationales de théâtre musical, ils ont récemment décidé de voler de leurs propres ailes en créant la société Unisson Design.
Leur structure dispose de trois secteurs d’activité. D’une part le sound design, métier de passion pour les deux associés, qui dans l’univers de la comédie musicale peut consister à prendre en charge l’intégralité du dossier son, depuis le choix du matériel jusqu’à la sélection des équipes et la gestion du planning, pour répondre au mieux aux besoins d’une équipe de production artistique.
D’autre part l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, comme pour le chantier du Lido2Paris, mais également sur d’autres projets tels que celui de l’Orient Express Silenseas, un yacht de luxe de 220 m de long associant propulsion à voile et au GNL et contenant, au-delà de l’équipement audiovisuel habituel de ce type de navires, une salle de spectacle, une salle de cinéma et un studio d’enregistrement.
Enfin, le département coup de cœur d’Unisson design, à savoir le soutien apporté à des artistes choisis, soit via des compétences techniques, soit en tant que producteurs de spectacles.
SONO Mag : Comment avez-vous été choisis pour le projet du Lido2Paris ?
Cyril Auclair : Nous avons eu le privilège de travailler pendant 10 ans au Châtelet avec le producteur et directeur de théâtres Jean-Luc Choplin. Et c’est à lui qu’a été confié par Accor, le gestionnaire du lieu, la transition entre le Lido et le Lido2Paris. Il nous a alors contactés pour cette refonte technique, sachant que nous avions déjà l’expérience d’une démarche similaire au théâtre du Châtelet. Nous connaissions ses attentes, et lui savait déjà comment nous travaillions. Léonard et moi avons donc quitté le Châtelet pour créer Unisson Design. Nous avons dans un premier temps géré les travaux dans une mission d’assistance à la maîtrise d’ouvrage, et sommes aujourd’hui responsables du sound design des productions. Cette mission consiste à prendre en charge l’ensemble des aspects qui incombent à une équipe son au théâtre, des choix techniques aux options artistiques.
Léonard Françon : nous avons eu un premier galop d’essai avec la production Cabaret, réalisée pour la réouverture du lieu repris par Accor, mais dans l’ancienne installation du Lido. Le spectacle a joué jusqu’au 3 février 2023. Cette mise en situation nous a permis de valider des choix, notamment au sujet de la diffusion. Nous avons pu entre autres essayer la diffusion immersive en conditions réelles.
SONO Mag : Quels arguments vous ont finalement poussés à choisir un système immersif plutôt qu’une diffusion traditionnelle de type LCR par exemple ?
L. F. : Deux paramètres ont joué. La forme atypique du lieu d’une part, ouvert à 180°, voire 270°, et la faible hauteur sous plafond d’autre part. En comédie musicale, on travaille très souvent avec un point central qui diffuse les voix. La géométrie du Lido rendait impossible ce principe de point central, tout comme l’implantation de clusters line array. La seule solution traditionnelle cohérente était de placer de multiples points source, gérés par un système matriciel, avec tous les problèmes que cela peut poser.
C. A. : L’idée d’une diffusion immersive a alors été envisagée dans le but d’assurer une couverture uniforme mais également de préserver la proximité avec l’artiste. Si un spectateur ferme les yeux, il doit pouvoir entendre la scène sonore fidèlement, où qui soit dans la salle. Nous avons donc commencé à échanger avec d&b sur le Soundscape.
L. F. : Très vite, cette solution est apparue comme l’évolution technologique évidente, capable de produire un son tel qu’il est attendu dans la production type anglo-saxonne des comédies musicales.
Historiquement, avec un système en multidiffusion, nous réalisions déjà via des groupes une séparation des sources sonores pour les diffuser principalement dans les enceintes situées dans la direction leur correspondant. C’était une forme d’ancêtre matriciel du Soundscape, système qui nous apporte une optimisation du dispositif et donne la possibilité d’un tracking en temps réel pour les comédiens chanteurs.
SONO Mag : Quel système de tracking avez-vous choisi, et pour quelles raisons ?
L. F. : L’un des premiers paramètres que nous avons pris en compte était une demande du Lido sur un système qui pouvait être tout à la fois utilisé par le son et par la lumière. Une fois ce pré tri fait, nous avons contacté les fabricants pour pouvoir essayer les systèmes en conditions réelles et seul Zactrack a pu nous fournir un kit avec 30 trackeurs et 12 antennes pour la période de test. C’est cette configuration qui est exploitée. Elle est en location et nous devons faire des tests avec d’autres marques comme Naostage, TTA et TiMax, pour choisir la solution définitive qui sera achetée par la salle.