6e partie – Le time code pour les DJs
Si le mode d’expression historique des DJs se traduisait via deux platines, un mixeur et des galettes noires soigneusement choisies, la technologie numérique s’est également emparée de cet univers. Les lecteurs de CD, puis les contrôleurs ont peu à peu détrôné les mythiques SL1200 dans les setup de nombreux DJs.
Et c’est le time code qui, avec le DVS, va permettre de proposer une option alternative mêlant les qualités des deux mondes.
Les DJs qui ont opté pour le passage au CD ou au contrôleur ont assurément gagné en simplicité ce qu’il ont perdu en sensibilité et sensations. Cette relation purement organique et très analogique de l’artiste artisan qui modèle son set de ses mains.
Les jog wheels, ces molettes physiques cherchant à redonner au DJ des sensations physiques dans un monde virtuel, ont montré assez vite leurs limites. Certains fabricants ont donc cherché comment ils pourraient repenser l’ergonomie pour réunir le meilleur de deux mondes, l’haptique et le numérique. En deux mots, conserver la vraie sensation physique de la manipulation des vinyles, mais profiter aussi des fonctionnalités étendues des outils numériques. L’exploitation des loops, des effets, de la synchro ou des hot cues par exemple, ou plus pragmatiquement la possibilité de remplacer plusieurs caisses de vinyles par une simple clé USB, et même en préservant l’audio en choisissant un format WAV.
DVS – Digital Vinyl System
L’idée consiste à disposer de platines vinyles traditionnelles, et donc des sensations physiques qui vont avec, mais d’utiliser des disques dont les sillons, au lieu de la musique, contiennent du time code. Ce signal de contrôle va être lu par une interface audio DVS spécifique, pour traduire toutes les manipulations du DJ, rotation avant, arrière, vitesse et accélération. Ces infos vont être exploitées par un logiciel qui va transcrire les paramètres en les appliquant au fichier audionumérique sélectionné pour la lecture.
De nombreuses propositions existent, dont VirtualDJ, Rekordbox, Numark, MixVibes, Traktor ou encore Serato. Et en termes de hardware, on trouve des interfaces DVS à relier à un PC, d’autres directement incluses dans un contrôleur, ou encore implantées dans le mixeur. Chacun choisit en fonction de ses goûts, ses besoins et son budget.
DVS, comment ça marche ?
Le signal analogique correspondant au time code est gravé sur les deux canaux du sillon, correspondant à la gauche et à la droite d’une modulation stéréo. La fréquence du signal est codée en biphase, ce qui permet une information d’horloge, dont la fréquence à vitesse nominale est proche de 1 kHz. Un choix correspondant au centre de la bande passante audible, très efficace pour sa reproduction, et qui permettra une confortable marge de manœuvre pour les variations de vitesse.
L’interface DVS compare en permanence la fréquence du signal lu avec celle d’un oscillateur de référence à 1 kHz. Elle détermine facilement par ce biais la vitesse de rotation de la platine.
Mais comment le contrôleur peut-il déterminer si le disque tourne à l’endroit ou à l’envers ? En y regardant de près, on note que les deux formes d’onde sont légèrement décalées dans le temps, d’un quart de cycle sinusoïdal précisément. Il suffit donc à l’interface de comparer les formes d’onde des deux canaux pour en déduire le sens de lecture du vinyle. Si l’évolution du signal est croissante sur les deux canaux, le vinyle tourne en avant, si les signaux se croisent, le disque tourne en arrière. Simple et efficace.
À noter qu’il existe aussi des CDs time codés. Ils permettent les mêmes prouesses qu’avec les vinyles DVS, mais avec une ergonomie de lecteur de CD et jog wheel. Chacun ses goûts et ses habitudes de travail.