Le Triton passe à l’immersif

8 Mar 2025 | n°507, Reportage Son

d&b Soundscape et SPAT Revolution main dans la main

En 1984, Jacques Vivante crée AGC, une société de prestation informatique qui sera à l’origine des premiers investissements du Triton. Peu à peu, le projet se développe jusqu’à devenir la structure d’aujourd’hui, employant 20 personnes et comptant deux salles de spectacle, un restaurant et des moyens techniques de captation et de diffusion immersifs assez exceptionnels.

Au Triton, tous les concerts sont filmés puis post produits et mis en ligne sur le site VOD. Une approche culturelle patrimoniale en osmose avec le modèle économique du lieu, qui s’appuie sur les opportunités du crédit d’impôts pour la production d’œuvres artistiques. Plus de 300 concerts vidéo sont en ligne, et des archives sonores considérables sont aussi stockées.

Les concerts du Triton, depuis son origine, ont en effet tous été enregistrés en multipiste.
Le lieu est né de l’énergie des frères Jean-Pierre et Jacques Valente. Musiciens, ils avaient fondé dans les années 1970 le groupe Vortex, mais leurs métiers étaient autres. Et c’est il y a 25 ans qu’ils décident de se focaliser sur le Triton, salle de concert et maison de production donc, un lieu à taille et visage humains, qui accueille de multiples projets dans les univers du jazz et des musiques improvisées, aussi bien que du classique.

Pour préparer son quart de siècle, le Triton a décidé de refondre ses systèmes audio en optant pour l’immersif. Et c’est Jacques Valente qui nous présente le projet.

SONO Mag : Quelle fut l’idée de départ de cette implantation immersive ?

Jacques Valente : À l’origine, nous souhaitions uniquement pouvoir émuler dans la salle différentes acoustiques à partir des réverbes à convolution du DS100. Le but étant de réaliser des prises de son acoustiques dans ces conditions, recréer par exemple une acoustique d’église alors que la salle est d’un petit volume. Aujourd’hui, nous avons pris une direction bien différente de cette idée initiale, en focalisant nos moyens sur la sonorisation immersive de notre salle historique de 180 places.

52 salle immersif sonomag reportage triton immersif eric moutot
Les trois volumes contigus de la scène, de la salle et de la régie, sont traités en trois espaces tout à la fois indépendants et interfaçables d’un point de vue du paysage sonore restitué.

Notre idée est d’aller au-delà de l’écoute stéréo pour faire vivre aux spectateurs une expérience augmentée. En multipliant les enceintes frontales et en les alimentant avec un processeur spécifique, on crée une scène sonore très cohérente avec la scène visuelle. Avec la couronne de haut-parleurs autour du public, on peut générer des réverbérations particulièrement réalistes. Enfin, le public peut assister à une diffusion spatialisée d’objets sonores mouvants ou fixes disposés par le musicien où il l’a choisi dans toute la salle.

La salle est donc désormais équipée d’une couronne de douze haut-parleurs d&b 5’’ pour le surround ainsi que quatre de 8’’ en système frontal WFS. Le fond d’onde généré par cette ligne d’enceintes a engendré une amélioration significative de l’intelligibilité du son. Nous avons récemment produit un concert de Magma, groupe qui compte plusieurs chanteurs leaders plus des chœurs. En répartissant les sources sur la largeur du fond d’onde, chaque voix était à sa place et se distinguait parfaitement, où que l’on se trouve dans la salle. C’est une autre façon de mixer, mais le résultat est bluffant, avec un continuum sonore sur toute la largeur de la scène.

Sur scène aussi le son est immersif, ce qui améliore l’expérience du musicien en lui permettant d’avoir la main sur la fabrication des espaces sonores qu’il crée dans la salle. De plus on change complètement la façon qu’a le musicien de s’entendre sur scène, puisque le retour du son qu’il génère ne provient plus de sources ponctuelles disposées le plus souvent au sol mais bien d’un espace englobant et infiniment plus cohérent.

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