L’éclairage : Les axes de faisceaux

10 Juin 2021 | Tutoriel Lumière & Vidéo

ÉPISODE 1 : LES AXES DE FAISCEAUX

Que ce soit dans les domaines de la photographie, du film, de l’événementiel ou de la scène, les principes de base de l’esthétique et des techniques d’éclairage restent identiques. Comme le musicien qui, maîtrisant ses gammes, se donne la liberté d’improviser, intégrer ces principes est, pour le designer lumière, une étape pour s’en affranchir et stimuler sa créativité. Premier épisode de ce dossier, les axes d’éclairage.

L’ANGLE D’ÉCLAIRAGE SUR LE PLAN HORIZONTAL

On identifie trois grandes zones, la face, le latéral et le contre (fig. 1). Ces espaces n’ont pas de frontières franches. La transition de l’un à l’autre se réalise en fondu continu et en passant par des positions intermédiaires nommées trois quarts.

Il est rare en design lumière de ne recourir qu’à un seul angle d’éclairage. La plupart du temps, deux, trois, voire de multiples sources de lumière seront utilisées simultanément et dosées les unes par rapport aux autres. Mais la source qui, au final, dominera le tableau participera beaucoup à l’ambiance exprimée.

LA FACE DOMINANTE

Lorsque l’angle du faisceau d’éclairage se rapproche de celui de la vision du spectateur (ou de celui de l’objectif de la caméra ou de l’appareil photo), la lumière va induire sur les sujets très peu d’ombres visibles (fig. 2).

L’exemple typique est celui de la poursuite utilisée en spectacle. L’éclairage obtenu est d’une tendance neutre, uniforme, présent pour mettre en valeur l’image du sujet avant toute préoccupation artistique. En plateau de production vidéo, l’éclairage avec face dominante est le standard.

L’ÉCLAIRAGE DE TROIS QUARTS

En décalant la source lumineuse vers le côté du sujet, on donne le jour à des ombres dont la projection augmente avec la valeur de l’angle choisi (fig. 3). Cet éclairage permet de révéler les reliefs du sujet et d’introduire des choix esthétiques, ce qui est quasiment impossible avec un faisceau purement frontal.

Plus la source lumineuse est ponctuelle, plus les ombres sont marquées. Utiliser un diffuseur ou des réflecteurs permet d’adoucir le résultat. En termes d’angles, plus on se rapproche du latéral, plus on introduit de dramaturgie sur le sujet. Notre exemple montre un résultat dit Rembrandt, du nom du peintre flamand qui choisissait cet angle d’éclairage pour ses portraits. L’ombre du nez rejoint celle de la joue et un triangle lumineux est préservé sur la pommette.

Lorsque ces deux ombres ne se rejoignent pas, celle du nez forme une sorte de boucle. On parle dans le milieu du cinéma d’éclairage Loop.

L’ÉCLAIRAGE LATÉRAL

Placée à 90° de l’axe de vision (fig. 4), l’éclairage induit ici une séparation du sujet en deux parties, l’une totalement éclairée, l’autre dans l’ombre. Aussi appelé Split, cette lumière augmente encore l’aspect dramatique de la scène. Ce type d’éclairage rasant, surtout sans diffuseur, met aussi en évidence les irrégularités de la peau, telles que les rides. A manier en conscience et avec précaution, donc.

LE PLAN VERTICAL

Bien que cela se rencontre en photo ou en tournage vidéo léger avec les solutions de sources annulaires, il est rare d’éclairer réellement la face à l’horizontale. En spectacle, les projecteurs sont majoritairement placés en hauteur, sur le grill qui surplombe la scène, ou sur un pont de face, plus ou moins éloigné dans la salle et précisément destiné à accueillir ce matériel. A l’inverse, on trouve aussi des luminaires posés sur le plateau, en contrebas des artistes (fig. 5).On incline donc plus ou moins le faisceau lumineux. Et cela va induire des changements d’ambiance radicaux.

LA PLONGÉE

(fig. 6) La source lumineuse est dans le plan vertical de l’axe de vision mais se trouve placée un peu en hauteur par rapport au sujet. La lumière plonge donc vers le visage. Ce choix permet de conserver une face uniformément éclairée, tout en révélant avec élégance le relief de ses formes. Appelé Papillon dans le monde de la photo – l’ombre qui se crée sous le nez a une forme qui rappelle la silhouette de l’animal –, ce mode d’éclairage traditionnel a beaucoup inspiré les portraitistes noir et blanc. Le résultat est un peu rétro, glamour et très tolérant pour les visages ridés. Attention cependant aux poches sous les yeux, que ce type d’éclairage a tendance à accentuer.

Augmenter légèrement l’angle du faisceau lumineux change radicalement le tableau (fig. 7). Une connotation dramatique se dessine. Autre détail, qui n’en est pas un dans l’univers de l’image. Lorsque l’angle est trop prononcé vers le haut, la lumière ne parvient pas jusqu’aux yeux. Elle est stoppée par les paupières, et il manque alors son reflet dans l’œil, que vous retrouvez dans la plupart des prises de vue soignées.(fig. 8) En poussant la plongée à son paroxysme, on obtient l’éclairage zénithal, aussi appelé douche. Il ne s’utilise qu’en effet ponctuellement. Il a un impact très fort et doit être choisi à propos.

LA CONTRE-PLONGÉE

Les éclairages dominants provenant d’en dessous le sujet, dits en contre-plongée, sont réservés à des options artistiques fortes (fig. 9). Ils induisent un sentiment d’étrangeté, de malaise, du fait des ombres portées qui apparaissent à l’inverse de celles que la lumière naturelle produit, qui nous provient toujours de la partie supérieure de l’espace nous entourant.

Pendant longtemps, l’éclairage principal des scènes de théâtre a été constitué d’une rangée de sources posées au niveau du nez de scène. C’était la seule solution pour éclairer la scène. La mise en valeur des acteurs ne devait pas particulièrement être au rendez-vous, mais l’effet dramatique était assuré.

LE CONTRE

Tout comme la douche, l’éclairage principal à contre reste un effet (fig. 10). Faisceaux traçants et autres blinders sont largement utilisés en spectacle. Trop parfois ? Peut-être dès lors que les artistes ne sont plus que des ombres chinoises essayant d’exister devant une débauche d’effets lumineux.

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