L’énergie en conscience avec visu

par | 19 Déc 2023 | n°495, Reportage

Créée en 2021, Visu s’est fixée trois objectifs liés au pilotage de l’énergie. Permettre aux exploitants de mieux comprendre les usages de l’énergie pour en optimiser le cadrage des besoins, identifier les solutions de production les plus adaptées à chaque équipement et s’assurer de la continuité de l’alimentation et de la qualité du réseau par l’interprétation des paramètres mesurés.

Des préoccupations clairement d’actualité à propos desquelles nous avons contacter Jérémy Jourdain et Philippe Wattel, respectivement fondateur et directeur associé de Visu.

Jérémy Jourdain : J’ai passé 7 ans chez Novelty comme chargé d’affaires, et 6 ans chez Aggreko, une importante société de production et distribution d’énergie temporaire.
J’ai régulièrement pu constater des écarts de dimensionnement entre ce qui est imaginé et les réalités d’usage, particulièrement avec les groupes électrogènes. Nous avions accès à un certain nombre de données qui nous permettaient de constater le phénomène, mais il n’y avait pas de volonté de structuration de ces informations pour leur exploitation.

La société Visu est née dans le but d’apporter à l’univers de l’événementiel une offre de conseil, neutre et objective, sur des sujets de gestion et de dimensionnement de l’énergie. Nous nous inscrivons tout à fait dans la dynamique de la transition énergétique, pour aider les professionnels à faire des choix éclairés.

Car il y a un paradoxe d’évolution. Les dimensionnements des besoins en énergie étant toujours très généreux, chacun croit qu’il n’y a pas de solution alternative, moins défavorable à l’environnement, qui pourrait remplacer de tels besoins. Or nous montrons avec nos études que les véritables nécessités sont beaucoup plus faibles. Cette constatation ouvre par exemple la porte à des options beaucoup plus respectueuses de l’environnement en alternative aux groupes électrogènes.

La valise Visu se relie au réseau via une standard 32 tri pour une prise de tension. Un certain nombre de clamps, type pince ampérométrique, viennent ensuite se positionner sur les phases à contrôler.

SONO Mag : Qu’apporte Visu aux utilisateurs ?

J. J. : Le but est de donner une lecture accessible et directement exploitable des flux d’énergie utilisés sur l’événement. Les données doivent pouvoir être interprétables par des non-spécialistes de l’énergie, un directeur technique ou un responsable RSE par exemple. Les informations doivent leur permettre d’analyser les points positifs, de pointer le négatif et d’orienter le dispositif pour optimiser le poste énergie.
Un autre aspect se révèle peu à peu tout aussi intéressant. La capacité de notre système d’analyser de multiples paramètres de la variable énergie d’un événement pour identifier d’éventuels dysfonctionnements, lors des phases de répétitions par exemple.

SONO Mag : Qu’est-ce qui pourrait motiver un prestataire à recourir à un tel système, alors même qu’il va mettre le doigt sur des problèmes absents jusque-là puisqu’on en ignorait jusqu’à l’existence ?

J. J. : Jusqu’à présent, tant dans le domaine citoyen que dans l’événementiel, nous avons vécu dans une opulence inconsciente. L’énergie était abondante et peu onéreuse. Visu est née avant la crise énergétique. On ne pourra pas nous qualifier d’opportunistes, la réalité est bien là et l’enjeu est double. D’une part sur la notion de réduction de l’empreinte carbone, d’autre part sur l’aspect économique compte tenu du coût croissant de l’énergie. L’aspect empreinte carbone de l’énergie consommée par le matériel reste à la marge. Sur la plupart des événements, c’est le poste transport du public et des équipes qui occupe de loin la première place en termes d’émission de CO2.

L’approche économique de réduction de la consommation est en revanche aujourd’hui une préoccupation de tous les jours pour les entreprises. Dans les métiers de l’événementiel, le dénominateur commun au son, à la lumière et à la vidéo est indiscutablement l’énergie. Et si aujourd’hui les prestataires ne s’intéressent pas au dimensionnement raisonné de sa distribution, les productions vont en prendre conscience un jour ou l’autre et essayer de trouver une meilleure solution auprès d’autres fournisseurs. Tout simplement parce qu’en tant qu’organisateur, un producteur sait qu’il va devoir de plus en plus se justifier vis-à-vis de ses partenaires sur son empreinte énergétique, comme sur bien d’autres domaines d’ailleurs. Il va devoir démontrer l’aspect raisonné de sa démarche.

SONO Mag : Les données obtenues avec les systèmes Visu restent tout de même très techniques. Des nouveaux métiers tels que directeur technique énergie vont-ils apparaître pour exploiter les paramètres ?

J. J. : Parmi nos clients, nous avons aujourd’hui principalement des grosses structures, qui disposent de compétences importantes du type des référents énergie, qui sont à la recherche de solutions comme les nôtres. Ces personnes interviennent en sensibilisation, questionnement et suivi de projets. Leurs compétences leur permettent d’interpréter les données. Mais notre travail de tous les jours est justement de traduire les informations pour qu’elles soient utilisables par le plus grand nombre possible de personnes. Nous proposons plusieurs niveaux de lecture, qui peuvent aller de la fourniture de données brutes à interpréter jusqu’à l’affichage simple d’alertes qui apparaîtraient au franchissement de seuils définis.

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