Mac Encore Performance Cold/Warm
Les derniers Jedi
L’ASPECT, LE SYSTÈME D’ACCROCHE, LA MANIPULATION, LE MODE D’EMPLOI
Qu’ils sont originaux, ces nouveaux projecteurs Martin ! Une aura de professionnalisme s’en dégage immédiatement, et ce n’est pas leur aspect plutôt compact qui va nous contredire : 31 kg pour 74 cm de haut, il restent discrets et leur poids raisonnable. Ils ressemblent au Mac Quantum : les traits sont durs et certains angles sont bien marqués, les rondeurs sont aussi présentes, c’est surprenant ! C’est un choix esthétique assumé, mais que l’on aime ou non, gardons en tête que c’est ce qu’il y a à l’intérieur qui compte… Justement, la lentille nous invite à plonger dans la machine. Avec ses 452 mm de diamètre, celle-ci est bien proportionnée et laisse présager un flux conséquent. La finition du produit est bonne, même si les bras souffrent toujours de marques visibles d’assemblage surprenantes. Les plastiques sont de bonne qualité. Toute une section de la machine est occupée par un bandeau sphérique inhabituel. Les grilles de ventilation qui expulsent l’air en permanence sont bien présentes. La gamme Encore est d’ailleurs sous pression positive pour faciliter la maintenance en expulsant les calories sans laisser rentrer la poussière. La base carrée forme un seul bloc massif, de la même largeur que les bras. Sur cette base, vous trouverez un échantillon ultra minimaliste de connexions (alimentation Powercon sans repique et XLR in/out cinq points).
On a presque l’impression qu’elles ont été oubliées et rajoutées au dernier moment. Il n’y a pas de XLR trois points ? Très bien, si toutes les marques faisaient de même, ce serait bien plus simple ! Par contre, l’absence d’Ethercon me peine sérieusement tant il me semble aujourd’hui indispensable d’être réseauluble (soluble dans le réseau, c’est moi qui ai inventé ce mot et j’y tiens !). L’afficheur habituel, pourvu de ses quatre touches ainsi que d’un voyant vert et d’un port USB est sur l’autre face. Les Encore disposent de quatre poignées ; deux bien larges au niveau de la base et une en haut de chaque bras avec une texture antidérapante aussi seyante qu’utile. Pratique, n’est-ce pas ? Il y a également un blocage tilt, pourquoi ne pas en avoir placé un pour le pan ? Il y a bien sûr un emplacement pour l’élingue de sécurité et deux pour des accroches oméga positionnables en parallèle ou à la perpendiculaire de la structure. La documentation papier n’est pas fournie avec le projecteur mais vous trouverez tout sur le site Internet, et en français s’il vous plaît. Les informations de montage ne sont pas dans le manuel d’utilisation : il existe un guide spécifique à l’installation très détaillé. En résumé : face de connexion minimaliste, afficheur Martin qui n’a pas changé depuis le Viper, super facile à manipuler, bien fini et compact.
LA SOURCE ET L’OPTIQUE
Nous parlons ici de deux machines et de deux sources différentes. En bonne fratrie Jedi, le Mac Encore Performance est un duo de jumeaux ; Warm (3 000 K) et Cold (6 000 K), avec pour chacun trente-six fois 13 W de LED (total de 468 W). Toutefois, nous observons un plus faible flux lumineux sur le Mac Encore Performance Warm. Nous avons 27 200 lux pour le projecteur Cold en zoom narrow contre 20 320 lux pour le Warm. Est-ce suffisant pour éclairer les toiles noires ? Cette observation se confirme avec le zoom medium (7 200 lux contre 5 950 lux) et le zoom wide (1 660 lux contre 1 378 lux). L’impact est d’environ 80 cm pour le zoom narrow, 150 cm pour le zoom medium et 370 cm pour le zoom wide. Ce qui nous donne un zoom au débattement de 10°-40° et non 12°-48° comme annoncé. Le rapport reste toutefois identique avec un pour quatre. La rapidité du débattement est bonne. L’éclairement est superbement réparti, sans défaut, l’optique est de très bonne facture et l’ensemble a été soigneusement travaillé. Au cours de nos tests, nous avons remarqué que le centre de l’impact n’est pas le même en fonction du zoom utilisé. Il y a un très léger décalage axial du faisceau !
C’est assez étrange mais cela se joue sur très peu de centimètres en zoom médium sur le Performance Cold. En large et en serré, le point milieu reste le même. L’impact est homogène et nous plaît beaucoup mais malheureusement, nous ne pouvons pas avoir le net sur tout le contour de l’impact, notamment avec la version cold. Cela se vérifie avec les projections de gobo. Notons quand même que nous réalisons nos mesures, tests et photos à 5 m. Cette distance est en deçà de la zone de réglage minimum annoncée sur le mode d’emploi des machines (avec trois valeurs réglables pour optimiser le focus par rapport au zoom : 7 m, 15 m ou 30 m). Petite particularité du focus, vous ne pourrez jouer avec que si votre niveau du channel zoom se trouve en dessous de 96 %. Rien de très embêtant mais bon à savoir tout de même ! Vous pouvez choisir votre courbe de dimmer dans les paramètres du menu mais par défaut, vous obtenez une parfaite courbe square law. Juste trois mots sur le dimmer : parfait, précis, exemplaire.
LES COULEURS, PERSONNALITÉ, EFFETS ET RAPIDITÉ
Avant de parler de couleur, parlons de blanc. A notre goût, la version Cold est plus polyvalente que la version Warm, et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’IRC (Indice de Rendu des Couleurs, CRI pour Yoda) a toujours été meilleur pour les LEDs blanc froid que les LEDs blanc chaud. Ici, Martin annonce un IRC supérieur à 90 pour les deux modèles, ok je veux bien. Ce qui est sûr, c’est que le Cold avec un correcteur blanc chaud est nettement plus crédible que le Warm avec un correcteur blanc froid. Pour brouiller les pistes (comme sur une des machines prêtées), vous pouvez activer le mode Alternate Color Temp qui passe le cold en warm et inversement, ahah ! Vous ne m’avez pas eu !
Observez et tentez de retrouver les impacts cold et warm sans changement de température de couleur !
Il existe également un mode tungstène caché dans la partie contrôle de vos canaux DMX pour simuler le filament avec son inertie et son rougeoiement. Sinon, vous avez aussi évidemment une trichromie et une roue de couleurs. Le mélange des teintes est superbe et combiné au canal de température de couleur, vous aurez une très large gamme de coloris au choix. Disons-le tout de suite, les mélanges fonctionnent vraiment bien, les pastels sont irréprochables et les teintes bien saturées. C’est un véritable succès qui ravira les plus frileux. Bravo ! Les gobos sont sobres et classiques, aucune grande originalité de ce côté-là. En revanche, ils sont très bien choisis car vous en trouverez des sympathiques en volumétrie, en graphisme et même un texturé. Par contre, vous avez une roue de gobos tournants et une roue d’animation et c’est tout. Pas de seconde roue et pas de prisme. C’est quand même un peu décevant, vous avez bien compris que ce n’est pas une machine polyvalente destinée à éventuellement renforcer votre parc de machines de contre sur une scène rock. Pour la roue d’animation, nous retrouvons la possibilité de l’insérer à la verticale ou à l’horizontale, ce que toutes les machines ne font pas. Un bon point pour Martin.
etit bémol : il est impossible d’avoir le net sur l’ensemble du gobo sur la machine cold. L’iris respecte le travail que nous lui demandons, il créée un faisceau très serré et petite surprise : il n’est pas parfaitement centré, toujours sur le cold. Ce n’est pas dramatique bien sûr, mais nous commençons à croire que notre machine cold a un problème qui crée du fl ou et du décalage axial. Après démontage et remontage, le problème persiste… le Warm n’a absolument pas ce défaut. Le frost est très progressif et donne un nouvel effet à l’impact et/ou au faisceau. Les Mac Encore Peformance ne proposent pas d’autres strobes que le très classique de lent à rapide ou random. Pas de strobes opening ou closing en pulse, du moins pas sur le canal shutter.
Parlons maintenant de la découpe, qui est quand même l’élément le plus important de notre machine. Celle-ci ne fonctionne pas comme sur les concurrents, à savoir qu’il n’y a que deux plans de focale avec des couteaux en vis-à-vis. L’avantage est une netteté exceptionnellement bonne, l’épaisseur de l’ensemble étant bien moindre. L’inconvénient vient de la non fermeture des couteaux qui n’arrivent pas au centre du faisceau. C’est vrai que ce n’est pas tous les jours qu’un éclairagiste a besoin de cet artifice mais quand même, c’est un peu dérangeant. Bon, on se console avec le poids du module découpe qui gagne en légèreté. Elle fonctionne comme j’aime, on pousse le couteau et on lui donne un angle, c’est logique et efficace. L’ensemble se tourne allégrement sur plus ou moins 55° comme il se doit. Les distances focales avec la roue d’animation et la roue de gobos sont idéales, morphing assuré et couteaux flous sur gobo net, parfait. Je m’interroge quand même sur la présence de l’iris, c’est un peu luxueux mais profitons de sa présence pour chercher les pulses disparus sur le shutter ! Ah non ? Non plus ? Pardon ? Les canaux d’effets ? Ah je vais voir après, merci. Pour la vitesse, les Encore effectuent 540° en pan en 5,6 secondes et 268° en tilt en 3,4 secondes. Pas terrible. Par contre, le mouvement est très propre. Donc les eff ets ; voyons voir ces cinq canaux enfin de patch machine. Alors nous avons deux fois la même bibliothèque avec un réglage de vitesse et de sens à chaque fois, plus un canal de synchronisation. Comme l’Aura, le Viper et les Quantum, oups. Et là, victoire ! Une vraie malle au trésor, on retrouve tout ce que l’on cherchait, à part la seconde roue de gobos et le prisme quand même. Vous avez les pulse de strobe et d’iris, les random de dimmer, les effets sur le moteur de LED, des colorwave, des color step, des pulse de CMY, des combinaisons de gobo et de roue d’animation… Génial, le tout combinable sur deux canaux avec des options de synchro et de dé-é-écalage. C’est très bien fait, merci !
De très jolis faisceaux, c’est magnifique.
Les couteaux sur deux plans favorisent la mise au net du cadrage.
Des gobos classiques mais très efficaces, notamment en volumétrie.
Les couteaux sont juste flous sur le gobo net, parfait.
REFROIDISSEMENT, BRUIT, CONSOMMATION ET FACTEUR DE PUISSANCE
Le Mac Encore Performance fait partie des imbattables et met la barre très très haut. La première impression quand vous l’allumez est ce trou noir de bruit. Rien, un grand silence. Et pourtant nous en avons allumé deux ! Et nous n’avons qu’une profusion de bonnes nouvelles à vous annoncer. Le dérating est admirable, cette splendide machine ne dépassera pas les 30,8° C. Côté éclairement, nous observons une perte de 8,5 % (soit un passage de 8 200 lux à 7 510 lux), c’est très peu, bravo ! Il existe cinq modes de ventilation de maximale à ultra basse avec intensité régulée sur la température et une ventilation régulée sur l’intensité lumineuse, qui est le mode par défaut. Nous ne mesurons que 38,9 dB(A) à pleine puissance, c’est un record. En agitant la machine dans tous les sens, seulement 46 dB(A), c’est exceptionnel. Le mode Fan Full, (par curiosité malsaine, genre « vas-tu faire du bruit oui ! ») effectue une très bonne régulation de la température (28° C pour 7 240 lux avec fluctuation). En revanche, il est moins discret et atteint les 44,8 dB(A) facilement. Cette maîtrise du bruit est vraiment impressionnante. C’est réellement ce qui s’appelle « éclairer avec l’air décontracté ». Qu’il soit en veille ou à 100 %, nous n’entendons aucune différence, ce qui explique notre étonnement face au mode Fan Full. Vous trouverez votre bonheur parmi tous ces modes. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin : la consommation maximale est de 569 W (dont 468 W de LED) ! Cela nous laisse une centaine de watts pour les moteurs, au top ! Le facteur de puissance maximal est de 0,98, que demander de plus ?
LA FABRICATION ET L’ENTRETIEN
Contrairement au Faucon Millenium (« vous voulez que je sorte pour pousser ? »), le MAC Encore est un plaisir à maintenir en bon état ; vous n’avez que deux vis étoile (noires !!) à retirer pour la tête et une dizaine pour les bras. Pourquoi autant de vis pour les bras, était-ce vraiment nécessaire ? Malheureusement, nous n’avons pas réussi à accéder à l’intérieur de la base. Cela ne nous a pas empêchés de voir que les finitions sont belles jusqu’à l’intérieur. Encore une fois, nous n’avons rien à redire. Le guide d’installation (à ne pas confondre avec le manuel d’utilisation), donne toutes les informations de démontage avec de nombreux détails. Vous saurez comment retirer les coques de la tête, comment accéder aux différents modules, comment entretenir le tout ou comment changer des gobos. Pour compléter, la totalité de ces manipulations est illustrée. Juste un petit retour sur les bienfaits de la pression positive, sa force est de chasser les poussières hors de la machine en permanence. J’en profite pour donner mon avis sur le changement d’usine car il s’agit de la première lyre fabriquée en Hongrie et non au Danemark : et bien visiblement, c’est encore meilleur. La fabrication est parfaite. Martin a gardé son savoir-faire, et compte bien le faire savoir.
Un accès facile à tous les modules et de très bonnes indications dans la documentation.
MENU ET MODES
Pas beaucoup de choix au niveau du DMX, vous vous contenterez du mode trente-huit canaux (« fais le ou ne le fait pas, il n’y a pas d’essai »). Aucun intérêt à décliner en 8 bits, ce serait un crime, pas de temps à gérer en interne dans la machine, ça ne sert à rien. Moi ça me va très bien. Les menus sont complets et bon nombre d’options sont disponibles sur le canal 33, sans compter que le RDM fonctionne toujours à merveille avec Martin. Je recommence à râler sur l’absence de serveur Web ou de contrôle en ArtNet ou autre sACN, c’est quand même vraiment dommage. Je ne résiste pas au plaisir de constater que la machine a parfois soif et demande une BEER ou l’APER en cas d’erreur de position d’un couteau de découpe (BEam shaper ERror) ou d’une erreur de la position de la roue d’animation (Animation wheel Position ERror). Et encore, je passe sous silence certains autres messages d’erreur… il y en a quatre-vingt et ils font partie de la richesse et de l’histoire de cette marque que l’on aime (« je sais ») et que nous suivons dans son parcours au sein de puissants groupes représentant parfois froidement un certain côté obscur.
CONCLUSION Le MAC
Encore Performance est parfaitement réussi. Son cahier des charges est particulièrement strict, voire austère, et nous fait clairement comprendre que cette machine n’est pas là pour rire. C’est une découpe asservie, pas une machine de rock’n roll. La lumière est superbe, la conception exemplaire, son silence est ahurissant et son encombrement très raisonnable. Les Mac encore Performance me rappellent le combat des découpes ETC en face des SX2 de Juliat. C’est un choix plus léger, moins puissant, moins créatif, mais plus économique et vraiment performant. C’est une très belle machine, digne héritière d’un savoir-faire qui est loin d’être perdu et que nous espérons voir préservé à l’avenir.
bilan
INNOVATION Un extrême silence
QUALITÉ DE FABRICATION Exemplaire
EXPLOITATION Simple, sauf si on entre en détail dans tous les paramètres
PERFORMANCES Bonnes
RAPPORT QUALITÉ/PRIX Bon
LE MOT DU CHEF PRODUIT : David Deforge
Le MAC Encore Performance est une nouvelle lyre polyvalente conçue pour délivrer le spectre le plus complet jamais vu à partir d’une source LED. Elle dispose de deux variations de température de couleurs, et assure un fonctionnement sans scintillement à n’importe quelle vitesse d’obturation de caméra. De plus, elle est la plus silencieuse jamais conçue par Martin. Sa découpe asservie est un modèle de netteté et de facilité de travail.
Son design compact, son poids et ses poignées ergonomiques assurent le confort des techniciens lors de manipulations répétées pendant les tournées ou les installations. Je terminerai par la qualité de fabrication exceptionnelle, une maintenance complète peut être effectuée sans qu’une seule vis ne se retrouve dans vos mains.
François Guillet & Marion Pageaud
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