MotoGP et Audio-Technica relèvent le défi sonore

9 Juil 2025 | n°511, Reportage Son

Plus de 400 millions de téléspectateurs assistent en direct au MotoGP, et l’on imagine aisément le rôle clé que joue le son dans la perception de ce type d’univers. Chez Dorna Sports, détenteur des droits du MotoGP, qui produit les contenus AV de la course, on a pris cet aspect très au sérieux via une collaboration étroite avec un leader de l’univers des microphones, le Japonais Audio-Technica. Nous nous sommes rendus au Mans pour en savoir plus lors Grand Prix de France de MotoGP.

Froid, chaleur, humidité, vibrations, liaisons HF, vent relatif à 340 km/h et des pressions acoustiques mesurées au-delà de 130 dB SPL ! Pour un ingénieur du son, les conditions réunies sur un MotoGP constituent un succédané de l’enfer. Pourtant, le son est un élément essentiel pour les amateurs de ce type de course, et dès 2018, Audio-Technica travaille avec les équipes de Dorna Sports afin de développer des solutions de prise de son adaptées aux contraintes.
Mais avant de développer l’aspect purement lié au son, situons globalement l’environnement audiovisuel déployé par MotoGP. C’est Marc Jové Renon, le manager technique pour le contenu média, ainsi que Sergi Sendra i Vives, Head of Global Technology, Senior Director, qui nous en font découvrir les coulisses.

Marc Jové Renon : Nous avons la responsabilité des signaux audio et vidéo utilisés à travers le monde, et en particulier de l’IPF, International Program Feed, que les diffuseurs prennent comme base de leurs flux. MotoGP délivre aussi le contenu aux broadcasters présents sur place, comme Canal+ au Mans.
En plus de l’IPF envoyé à travers le monde, les équipes de télévision présentes sur place reçoivent cinq flux vidéo divergés de caméras embarquées sur les motos de leaders ainsi que celles de pilotes du pays hôte tels que Quartararo et Zarco ici. Ils bénéficient aussi de ce que nous appelons des caméras « beauty shot ».

D’un point de vue des liaisons, on totalise environ 25 km de fibre multicore déployées sur le site de chaque GP, et d’un système HF conçu et géré par MotoGP. Depuis toujours, nous développons de technologies spécifiques innovantes et optimisées pour nos usages, en son comme en vidéo.

Sergi Sendra i Vives : Dans un match de foot de Ligue des champions, on utilise 60 à 70 caméras. Sur un MotoGP, jusqu’à 156 caméras dont une centaine sur les motos. Pourquoi une telle quantité ? En MotoGP, les motos des pilotes de haut niveau sont potentiellement équipées de quatre caméras chacune. La transmission HF doit couvrir l’ensemble du circuit sur les 22 sites de course répartis dans 13 pays à travers le monde.

M. J. R. : Le défi de cette transmission n’est pas anodin. Le nombre de canaux HF est inférieur à celui des caméras embarquées, et nous commutons les flux AV vers les canaux HF en fonction des choix du réalisateur. Dorna dispose d’une équipe interne dédiée à la gestion de la HF, un aspect clé du MotoGP. Nous utilisons aussi les données de course pour la commutation automatique, lorsqu’une moto chute par exemple, pour ne rien manquer de l’action, ou simplement quand un pilote change de moto.

Ces caméras embarquées n’existaient pas à l’origine, puis nous avons installé des caméras fixes, dont le cadre s’inclinait avec les motos, puis développé des caméras gyroscopiques dont le capteur pivotait mécaniquement pour conserver l’horizon, et désormais des modèles entièrement électroniques, avec un principe de recadrage adaptatif.

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La constitution de l’IPF se déroule en deux étapes. La réalisation d’un programme dit Track Feed, qui se base sur les 25 caméras de bord de piste. La régie finale (photo) récupère ce flux et y intègre les 120 autres caméras, présentes dans les voitures de sécurité, l’hélicoptère, les drones, les unités mobiles dont le steady cam… et aussi la centaine d’entre elles installées sur les motos elles-mêmes.
Pas moins de 75 sources vidéo sont enregistrées en divergé.

M. J. R. : Les motos sont des bijoux technologiques et l’installation d’un système de captation et transmission AV ne peut se faire qu’en collaboration étroite avec les équipes de course. Pour assurer les nécessaires bonnes relations, nous n’hésitons pas à mettre à la disposition des équipes nos outils audiovisuels. Un exemple, nous avons utilisé une caméra haute vitesse à 2500 images/seconde pour filmer le garde-boue avant d’une moto en entraînement. En diffusant l’image en ultra ralenti, nous avons remarqué une forte oscillation du garde-boue que les ingénieurs ont analysée. Ils ont pu modifier la pièce afin de supprimer ce battement et améliorer les performances de la moto. Nous sommes de véritables partenaires des équipes et ils contribuent volontiers à répondre à nos besoins.

S. S. i V. : Côté audio, 164 micros sont utilisés, dont 60 pour le bord de piste, 48 embarqués dans les motos, et 56 ajoutés au programme final international. Vous imaginez bien qu’une telle quantité de micros, déployée dans des environnements aussi complexes, nécessite une collaboration très étroite avec le fabricant. C’est ce que nous avons trouvé chez Audio-Technica, partenaire extrêmement proactif et très à l’écoute de nos demandes et des retours du terrain.

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