Phantom, lumière & scénographie

9 Juin 2023 | n°490, Reportage Lumière & Vidéo

La salle hybride

Phantom, c’est le nouveau projet de l’entreprise Paris Society qui a signé le bail en 2021. Son but : créer « un nouveau lieu festif en plein cœur de l’Accor Arena », baptisé Phantom, du grec phantasma, fantôme, spectre, qui a donné en français l’adjectif fantasmagorique. Mais aussi, pour ceux qui ont lu « Le fantôme Fantôme de l’Opéra », de Gaston Leroux, jouer sur l’idée d’une « salle secrète », située non sous l’Opéra de Paris comme dans le roman, mais à côté de l’Accor Arena. Intrigués, nous avons poussé les portes de cette salle ouverte en avril pour aller à la rencontre des équipes qui l’ont créée.

Phantom, c’est un projet qui sort de terre à la suite d’une rencontre entre Laurent de Gourcuff, directeur du groupe d’hôtellerie et restauration Paris Society, et de Nicolas Dupeux, directeur de l’Accor Arena. D’après ses créateurs, c’est « une entité, un esprit qui habite depuis quatre décennies les murs de la mythique Accor Arena, qui se joue des limites temporelles et augmente l’expérience proposé…» On nous promet une scénographie spectrale, la visite d’une faille temporelle, le tout dans un style minimaliste. Et au niveau scénographique, un miroir fantomatique qui se fissure puis se brise. Nous reste alors à découvrir ce qui se cache derrière ce fameux miroir. Tout un programme…

C’est donc par une entrée parallèle à l’Accor Arena que nous entrons dans Phantom, côté parc, par un couloir d’accès scénographié qui nous met tout de suite dans l’ambiance. Paris Society a voulu proposer une expérience immersive du début à la fin, ce qu’ils ont appliqué à la lettre, même les sanitaires étant thématiques, ayant l’apparence et l’ambiance sonore d’une station de métro.
Quelques pas de plus dans ce couloir et nous serions dans la grande salle de Bercy, mais après une bifurcation s’ouvre à nous un grand espace aux murs recouverts de grillage, formant des arches et des colonnes soulignés de lumière. À gauche, une grande scène large mais peu profonde attend les artistes, l’arrière de celle-ci étant formé par un mur de LEDs pour la vidéo. En face de cette scène, on trouve un mur complet constituant le bar, au milieu duquel, surélevées, on aperçoit les régies. Mais ce qui attire particulièrement notre attention, c’est la zone centrale du plafond, composée de nombreux triangles, mosaïque rectangulaire étrange, sans symétrie apparente, au revêtement miroir.
A la régie nous accueille une partie de l’équipe qui a réalisé ce lieu. Côté éclairage, c’est Thiebaud Richard, qui a réalisé la direction technique lumière pour Novelty.

Miroir, mon beau miroir…

SONO Mag : Peux-tu tout d’abord nous parler du lieu dans lequel nous nous trouvons ?

Thiebaud Richard : Phantom est situé dans l’ancienne salle Marcel Cerdan de Bercy, qui a eu de nombreuses fonctions depuis sa création, à savoir lieu de stockage, d’entraînement, hébergement d’événements publics (tournois de tennis, défilés de mode…). Aujourd’hui, elle a été entièrement revisitée pour accueillir Phantom.

SONO Mag : Effectivement, la scénographie est impressionnante, mais je remarque qu’il y a peu de vidéo, ce qui est étonnant vu que c’est la tendance. Tu peux nous en dire un peu plus ?

T. R. : Paris Society gère de nombreux clubs, dont certains ont dans leur ADN la vidéo, ce qui est moins le cas ici. Nous avons un mur de LEDs en fond de scène et du ruban de LEDs autour des triangles, mais c’est tout. La base de la scénographie, l’identité du lieu est constituée des arcades et de l’origami central. La direction artistique a été confiée à la société Light is More, qui a imaginé ce décor en partenariat avec Paris Society, puis plusieurs sociétés ont participé à la construction, dont CMDS pour les décors et MECAoctet pour les triangles du miroir asservi.

SONO Mag : Le lieu était déjà adapté à ce genre d’installations ?

T. R. : Pas du tout, il a fallu faire une étude de charges, ce que Novelty a réalisé via des sous-traitants, et qui a permis de déterminer les points d’accroche à percer. Le gril est énorme et entièrement démontable, il a donc fallu bien réfléchir à toutes les configurations nécessaires, et aux adaptations à réaliser.

Des faisceaux de partout, qui viennent déstructurer la perception des volumes. On a un bel aperçu du rendu des piliers.

SONO Mag : Pourquoi prévoir un plan démontable ?

T. R. : Cette salle accueille le court n°2 du Masters de Paris, il est donc possible que cet événement et d’autres amènent à son démontage complet le temps de leurs déroulements.
Le kit d’accroche a donc été conçu pour être entièrement démontable. Nous avons également tous les plans techniques jusqu’à la prise. La seule partie de la scénographie qui reste, ce sont les côtés, le grillage. Nous avons donc prévu des multipaires, des boîtiers RJ45, pour pouvoir réacheminer rapidement les réseaux sur les ponts au remontage.

SONO Mag : Ça fait tout de suite penser à un kit de tournée qui a besoin d’être démonté et remonté régulièrement…

T. R. : En effet, le côté hybride de la salle amène cette contrainte à laquelle notre installation est prête à faire face. Pour rester dans le modulable, on a pensé à toutes les problématiques possibles. La régie peut être placée à trois endroits différents, avec à chaque fois des fibres permettant de faire passer n’importe quel protocole. Et on a prévu plus pour ne pas avoir à tirer des câbles quand le moment sera venu.

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