Renaud, « Dans mes cordes »

par | 10 Avr 2024 | n°498, Reportage Lumière & Vidéo

Quarante ans au service d’un artiste

Renaud est un survivant de la chanson. Cela fait des années que tout le monde prédit sa retraite et pourtant le voilà en tournée, « toujours debout, toujours vivant » comme il le chante, dans une version théâtre inédite avec à la création lumière son éclairagiste historique, Jacques Rouveyrollis, et au pupitre Arthur Oudin. Et c’est sur l’invitation de ce dernier que nous nous sommes rendus aux Folies Bergère, où se jouait l’une des dernières dates de 2023.

À vrai dire, Arthur m’a fait une surprise. J’avais rendez-vous avec lui pour le reportage sur ce concert, et en arrivant sur site en régie, il me demande : « Tu connais Jacques ? » Et me voilà face à une légende de la lumière, Jacques Rouveyrollis, éclairagiste de Johnny Hallyday, Michel Sardou, Renaud, Serge Gainsbourg et j’en passe… C’est donc avec eux deux (et quelques autres que nous présenterons) que va se dérouler cette interview, réalisée sous les ors du grand hall des Folies Bergère.

SONO Mag : Bonsoir Jacques, Arthur, merci beaucoup pour l’accueil. Jacques, pouvez-vous me parler de votre relation avec Renaud ?

Jacques Rouveyrollis : Mon histoire avec Renaud commence en 1984. C’est à l’occasion de l’inauguration du Zénith de Paris que j’ai fait ma première date avec lui. Le projet s’appelait « Les Lumières de la ville ».

L’idée lui convenait, mais il m’a demandé si c’était possible pour moi de travailler avec une entreprise de lumière qui l’avait aidé à ses débuts, à savoir S.P.L, dont le fondateur, Daniel Schrieke, est avec nous ce soir. Et ça a été le début d’une belle aventure car nous avons travaillé 30 ans ensemble par la suite. J’ai réalisé toutes les tournées après cela, sauf le « Phoenix Tour » : « L’Arbre », « Karaboudjan », « Tournée d’enfer », « Rouge sang »… Et cette année, on est parti depuis début janvier pour faire ce que vous allez voir ce soir.

SONO Mag : Quand a démarré ce projet ?

J. R. : J’ai commencé à recevoir des informations vers la rentrée de septembre 2022, et les répétitions ont eu lieu à La Seine Musicale début janvier. Enfin, nous avons réalisé une semaine de résidence à Avignon, à l’Alhambra.

SONO Mag : Quelle est l’idée fondatrice de cette création ?

J. R. : J’ai demandé à Renaud ce qu’il voulait pour cette tournée, et il m’a répondu « rien ! ».
La bonne idée de la production a été, plutôt que de faire des Zéniths, d’organiser cette tournée dans des théâtres. Nous avons alors décidé de baser notre concept sur le fait qu’il ne voulait rien, en déshabillant les salles. Pas de pendrillons, rien. Ça nous offre au contraire un nouveau décor chaque jour, car aucun théâtre ne ressemble à un autre.

Arthur Oudin : Que ce soit dans les théâtres ou dans une arena (sachant qu’au début on était parti pour des jauges allant de 500 à 900 places, et que l’on a été par la suite jusqu’à 3 000 places), la demande est la même partout. Parfois, les salles ont du mal avec ça et laissent les pendrillons à notre arrivée, qu’on leur fait enlever.
J. R. : La mise en scène a été réalisée par Jérémie Lipman, à savoir les musiciennes autour de lui et le piano au fond.

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Sur ce tableau, les gobos des Forte sont encore bien visibles malgré un très grand angle de focale. L’avantage de disposer de 1 000 W de LEDs.

SONO Mag : Jacques, à quoi pense-t-on quand on te dit « rien » ?

J. R. : On a eu de la chance, avec ma collaboratrice Jessica, de faire un opéra à Versailles, le King Arthur. Dans les théâtres, quand la salle est vide, il y a la servante, une lumière que l’on met pour que les gens ne se cognent pas. Et à l’opéra de Versailles, c’est un ballon qui joue le rôle de cette lumière de service.
En voyant le ballon, je me suis dit que si on en avait six sur scène pour Renaud, éclairés de l’intérieur, ce serait parfait. Ensuite, comme je suis parti avec lui en 1984 pour faire les lumières de la ville, j’ai tout de suite pensé à mettre une guirlande. C’est un fil rouge par rapport à mes anciennes créations avec lui qui en ont toujours comporté (« Les Lumières de la ville », « Karaboudjan », « L’Arbre »…).
Arthur a trouvé de quoi éclairer les ballons de l’intérieur, ainsi qu’une guirlande qui fait de la trichromie et peut être allumée lampe par lampe.

SONO Mag : Si je lis bien la fiche technique, vous avez un kit de lumière hybride accueil/tournée.

A. O. : Dans le camion, on a quatre BMFLs pour faire la projection des gobos multicouche (projecteurs à lampe, car ce n’est pas possible de les utiliser sur un asservi à LED à cause de la dalle de LEDs), huit Robe Forte pour le gril au plateau, les six ballons à l’intérieur desquels il y a des lanternes de découpes ETC, trois guirlandes de LEDs Chauvet DJ et douze Mac Aura au sol.

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