Répartiteur d’impédance Zero-ohm
Un article d'
Eric Moutot
Défier les lois de l’électricité
Le temps des pionniers de l’électronique audio a passé. Fini les enceintes imaginées et montées dans son garage, les amplificateurs assemblés au coin d’un bureau d’étudiant. La martingale a viré numérique. Et pourtant, des cousins installés à Montréal ont conçu un module hardware, passif, destiné à remiser les antiques systèmes 100 V dans les greniers de notre mémoire. L’objectif est de pouvoir, sans se poser de questions, relier une flopée d’enceintes basse impédance à une même sortie d’ampli.
Cette boîte se connecte entre la sortie de tout amplificateur et les enceintes. Le fabricant nous annonce que quel que soit le nombre d’enceintes reliées en cascade, jusqu’à quarante lorsqu’elles font 8 Ω, l’amplificateur continue de fonctionner sans altération du son. Calcul fait, quarante enceintes de 8 Ω en parallèle équivalent à 0,2 Ω d’impédance, ce qui devrait être largement suffisant pour déclencher les protections de l’ampli. Il nous fallait faire des tests en conditions réelles pour en savoir plus.
Rendez-vous est donc pris avec Alain Roy chez Espace Concept. Ce prestataire implanté à Besançon, et par ailleurs point relais SONO Mag (vous pouvez sur place vous procurer les dernières éditions du magazine), dispose d’un important parc Nexo, dont des PS10, PS15 et amplis NXAmp. Idéal pour notre test. Notre but va consister à comparer le comportement d’un ampli relié directement aux enceintes à celui d’un autre via l’interface Zero-ohm, par des commutations A-B instantanées pour les écoutes, mais aussi via des mesures de réponse et d’intensité électrique.
1 – COMPARAISON A-B À CHARGE ÉQUIVALENTE
Première constatation, les réglages de gains des deux amplis, pour obtenir la même pression acoustique avec les deux circuits, sont identiques. Les deux NXAmp semblent donc « voir » la même chose, le maillon Zero-ohm serait transparent dans le cas présent. Pour le son, même constat. Des deux côtés, que ce soit en termes de réponse ou de dynamique, on obtient un résultat assez proche. Pour s’assurer de la cohérence de nos écoutes, nous permutons les deux systèmes d’enceintes. Rien ne change, tout va bien donc, nos quatre PS10 sonnent pareil.
2 – COMPARAISON A-B –2 VERSUS 8 ENCEINTES
Nous nous attendions à devoir pousser le gain de l’ampli B pour équilibrer le niveau entre les deux systèmes, il n’en est rien. En cela, le montage se comporte comme une vraie mise en parallèle des enceintes. Mais là commence le mystère. L’impédance équivalente de huit enceintes de 8 Ω en parallèle est… 1 Ω. L’ampli NXAmp est conçu pour fortement limiter le courant dès lors que l’impédance de charge descend sous les 2 Ω. Dans notre cas, il faut bien admettre qu’il ne « voit » pas cette très faible impédance de 1 Ω. L’interface Zero-ohm agit bien comme un leurre dans la chaîne du son. Pour le son, on note une incidence. Sans que le résultat ne soit réellement altéré, nous avons perdu de l’aigu, le son est moins présent, moins fin. Côté basses fréquences, nous avons une dégradation de la précision. Une forme de halo s’est constituée, gommant un peu les impacts. Les basses sèches se sont quelque peu mouillées, boursouflées. Rien de rédhibitoire pourtant. Somme toutes, nous retrouvons un comportement électronique audio bien connu. Quand l’impédance de charge diminue, la bande passante se décale vers le bas.
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