RFI Labo

10 Oct 2024 | n°503, Reportage Son

L’audio 3D continue sa mue

RFI labo mobilise sept personnes dédiées au son 3D. Cette unité de production réalise des programmes diffusés à l’antenne et sur les plateformes. Pour les solutions techniques déployées en captation et post-production, le processus d’amélioration continue n’est pas ici une simple formule. En 2024, le système du studio Atmos a été refondu et une réverbération à convolution multicanale impulsée en partenariat avec NoiseMackers.

C’est dans les locaux de RFI, à Issy-les-Moulineaux, que nous retrouvons Xavier Gibert, le dynamique responsable de RFI Labo, entité consacrée à l’innovation audio 3D au sein de France Media Monde. À la radio, le son spatialisé est une longue histoire. Les expérimentations multicanales ont débuté à Radio France dans les années 1970, quand les studios 110 et 111 furent équipés en tétraphonie. Une diffusion en hexaphonie fut implantée au 103 dans les années 1980… Nous pourrions citer une longue liste d’expériences pour arriver jusqu’au son 3D d’aujourd’hui, en mixage objet, sur des formats d’écoute à 360°.

Xavier Gibert : Notre studio de post-production a obtenu l’agrément Atmos voici deux ans, cela a constitué une première étape pour nous. Pour optimiser la régie, nous avons décidé cette année de renouveler les haut-parleurs. Nous apportons un grand soin à cet aspect, dans le choix du matériel, mais aussi dans son positionnement. Par exemple, les distances sont calées au télémètre laser et les studios sont réétalonnés chaque année. Nous considérons que la portabilité d’un mixage ne peut être obtenue que si ce dernier a été réalisé dans un environnement neutre. Le son d’un haut-parleur en soi ne veut pas dire grand-chose, il faut toujours le considérer dans la pièce où il est utilisé.

Pour nos studios, nous avons toujours choisi des enceintes à directivité décroissante constante. Pour obtenir une réponse plate sur l’ensemble du spectre, nous les associons à une solution d’alignement Trinnov (vous retrouverez les détails de l’optimisation Trinnov dans un article dédié à paraître – NDLR).

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Bien que respectant les préconisations de Dolby, un angle minimal de 45° de haut-parleurs d’élévation par exemple, le local qui accueille le studio Atmos a des dimensions modestes. Calibré par Alexandre Garcia, le dispositif Trinnov permet, en virtualisation via des délais, de replacer les enceintes à des distances plus confortables pour le mixage. Les 2 m qui séparent physiquement les oreilles du mixeur de la couronne horizontale sont retrouvés via des délais sur les enceintes d’élévation.

Je n’étais pas un fan de Genelec. J’entendais dans ces enceintes une forme d’avancée de l’aigu, un peu flatteuse mais avec un sweet spot très étroit et un son assez artificiel. Lorsque j’ai écouté pour la première fois et sans optimisation les 8361 et 8341, j’ai trouvé la base de départ excellente, équilibrée par nature. L’architecture coaxiale y est sans doute pour beaucoup, et les deux boomers elliptiques apportent un vrai plus. J’entends un son tout à la fois dynamique et avec de la réserve, qui produit de très belles transitoires, mais sans aucune dureté.

J’ai d’ailleurs appris par la suite que Radio France avait aussi commandé des 8361. Nous avons la même culture sonore et nous nous sommes retrouvés sur nos choix.

SONO Mag : Le sub n’est pas placé face au mixeur, pour quelle raison ?

X. G. : C’est une contrainte liée à la taille du sub et à la disposition du studio. Nous avons dû le placer assez proche de deux murs, à un angle d’environ 40°, du côté gauche. Le talent d’Alexandre Garcia, qui réalise l’optimisation Trinnov, lui permet d’adapter cette situation pour que les performances du sub restent cohérentes. L’ensemble est un compromis qui garantit d’obtenir une qualité sonore optimisée dans des conditions données en termes d’architecture et de budget.

SONO Mag : Comment RFI arrive à obtenir une cohérence entre la diversité des canaux de diffusion et celle des formats audios ?

X. G. : RFI est un broadcaster, ce qui signifie aujourd’hui une diffusion à 95 % d’audio en stéréo. On retrouve la même proportion sur les replays en ligne et les plateformes. Pour les programmes en audio 3D, les canaux de diffusion principaux sont numériques via le streaming. Et nous savons que la plupart des auditeurs utilisent des casques, ce qui permet le recours au binaural de synthèse. Historiquement, nous réalisions trois mixages. Un premier sur notre système 7.1.4, puis une réduction stéréo destinée au broadcast et un troisième en écoutant au casque via un moteur binaural.

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