EP 4 : L’AUDIO SUR IP
Divers protocoles de transmission de plusieurs canaux audionumériques via une liaison multiplexée ont été développés et continuent d’être utilisés au quotidien. Ils se nomment ADAT, AES EBU, MADI (AES10) ou encore AES50. Restant des liaisons « point à point », ils ne constituent toutefois pas des réseaux. Des solutions issues du milieu informatique ont donc été imaginées pour transporter de la modulation non plus d’un point A à un point B, mais d’une source vers plusieurs destinations. Les protocoles audio sur IP (AoIP) étaient nés.
Pour être connecté au réseau Dante, un appareil doit disposer d’une interface lui assurant la compatibilité. Les licences et les modules d’interface sont vendus par la société Audinate, à l’origine du protocole Dante, aux fabricants souhaitant rendre leurs équipements compatibles avec le réseau. Depuis 2006, une grande famille s’est ainsi constituée, qui hisse aujourd’hui Dante au rang de protocole leader en audio-over-
Ethernet en termes de volume de liaisons déployées.
Cela n’implique en rien qu’il s’agisse du meilleur protocole dans l’absolu, mais simplement que la proposition répond, dans son époque, aux besoins d’une grande diversité de situations d’exploitation, en proposant un excellent compromis entre qualité audio, simplicité de mise en œuvre, polyvalence et coût.
LE PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT
L’interface Dante intégrée dans chaque appareil compatible encapsule les différents canaux numériques que l’opérateur souhaite faire transiter par le réseau. L’audio est segmenté en paquets afin d’adapter les données à la transmission sur un réseau IP (Internet Protocole) standard. Les périphériques Dante sont dotés d’un système d’identification automatique qui permet de définir le routage audio sur la base des noms des périphériques et des canaux. Ce système utilise le niveau 3 de l’OSI d’Ethernet (adressage IP). Les paquets contiennent donc des informations de synchronisation et les adresses de réseau source et de destination, qui permettent d’acheminer les données à travers le réseau de la source vers la destination finale.
Également obligatoirement doté d’une interface Audinate, l’équipement qui reçoit des paquets audio Dante les reconstruit en flux audionumérique continu, pour que l’appareil récepteur puisse les lire et réaliser le rôle auquel il est destiné, que ce soit de l’enregistrement, du traitement, du mixage…
Pas de compression des données, l’intégrité des signaux numériques circulant au sein du réseau Dante est préservée à 100 %, suivant une quantification jusqu’à 32 bits, et à des fréquences d’échantillonnage pouvant atteindre 192 kHz.
L’application Dante Controller permet, à l’aide de simples clics dans les cases de la matrice, de réaliser toute connexion logique entre les émetteurs (transmitters) et les récepteurs (receivers) connectés au réseau.
RÉSEAU ET PATCH VIRTUEL
L’un des intérêts majeurs d’une distribution par réseau audio est celui de l’indépendance entre la topologie et le patch des liaisons.
Autrement dit, il est possible de relier au réseau les différents appareils de la configuration en ne tenant compte que de la seule logique de disposition physique sur le lieu de l’événement. Une fois cela réalisé, on agit sur l’interface de programmation de la matrice du réseau pour décider de l’architecture de la distribution.
Il est possible de préparer à l’avance sa configuration, puis de modifier en temps réel, suivant les évolutions des demandes ou les extensions du système, la distribution de l’ensemble des signaux sans toucher à quoi que ce soit des liaisons physiques. Une facilité autant utile pour l’évolution de spectacles que dans le cas de systèmes installés, qu’il est possible de faire évoluer sans tirer de nouveaux câbles.
Nous reviendrons bien entendu en détail sur ces capacités de configuration et contrôle du réseau Dante via les différentes applications mises à disposition des utilisateurs par Audinate.
LES TOPOLOGIES
Il existe diverses façons d’imaginer l’architecture d’un réseau. La plus simple consiste à chaîner les appareils entre eux (fig. 1).
Mais ce choix présente plusieurs inconvénients. Le principal étant qu’en cas de panne d’un élément de la chaîne, le réseau se trouve séparé en deux parties qui ne communiquent plus.
La topologie en boucle, également appelée en anneau (fig. 2), consiste en une chaîne bouclée sur elle-même. Si l’un des maillons défaille, la liaison entre les autres appareils est préservée et le système continue de fonctionner.
Familière des installations informatiques, la topologie en étoile (fig. 3) permet d’optimiser les ressources du réseau. Le centre des étoiles se voit doté de ressources importantes pour gérer la densité du cumul du trafic tandis que les extrémités ne mobilisent que peu de ressources. Ce type de réseau est aussi très modulaire. De nouvelles branches peuvent être ajoutées facilement en tout point d’une architecture existante.