Roberto Alagna, L’artiste aux multiples facettes

9 Mai 2025 | n°509, Reportage Son

Le spectacle Hors-la-loi reprend en récital des chansons de la comédie musicale Al Capone, écrite par Jean-Félix Lalanne et interprétée sur une cinquantaine de dates aux Folies Bergère par Roberto Alagna, Anggun et Bruno Pelletier. Un mariage d’univers opératiques et pop souhaité par l’auteur-compositeur, qui requiert des solutions techniques spécifiques.

Pour Hors-la-loi, Jean-Félix a présenté à Roberto le directeur technique Gilles Hugo, chargé d’apporter des solutions sur la tournée à venir. Jean-Félix et Gilles sont des complices de longue date. Gilles intervient suivant les besoins de Jean-Félix sur les aspects de production, en préconisant une fiche technique… voire, comme ici lors des spectacles, en chaperon bienveillant à cheval entre l’artistique et la technique.

Le spectacle Hors-la-loi a été imaginé pour des salles de 1 200 à 1 500 places. Elles permettent de préserver la proximité entre les artistes et le public. Cinq jours de résidence initiale ont été consacrés à la mise en place du show, avec la présence de l’ingé-son Hamid Malki, de l’assistant Noa Renault et de Gilles Hugo à la coordination. Charles-Édouard Brun et Deyan Bussières sont chargés de l’aspect lumière.

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L’équipe technique de tournée au complet, Charles-Édouard Brun, Noa Renault, Gilles Hugo et Hamid Malki. Deyan Bussières assure le pupitre lumière sur d’autres dates et le chauffeur Serge Juarez se repose.

SONO Mag : qu’est-ce qui caractérise cette tournée d’un point de vue technique ?

Gilles Hugo : C’est un spectacle relativement intimiste, qui se produit sur une vingtaine de dates. Nous avons voulu de voyager léger. En petite équipe, et avec le moins de matériel possible. Cela a débouché sur des choix tels que celui de personal monitor, un principe que j’utilise depuis longtemps. Avec mon complice Shitty à l’époque de Silence !, nous avions même conçu un mixeur personnel analogique, inspiré de ce qu’avait réalisé le groupe Abba au Polar studios. La marque Aviom a ensuite proposé une solution numérique que j’ai beaucoup utilisée, et qui est présente sur les plus grosses comédies musicales américaines, et également lors des plus grands shows chinois. Mais il faut bien reconnaître qu’en France, ces solutions ne sont pas très utilisées.
Si ce système a pu être adopté sur la tournée Hors-la-loi, c’est grâce à l’implication de Jean Félix, qui a su convaincre les musiciens. Dès le début, tout a été très fluide et tout le monde est heureux. Avec ces personal monitor en IEM, on élimine l’influence de l’acoustique de la salle, les balances de retours sont donc préservées d’une date à l’autre si aucun musicien n’a modifié ses paramètres.

Hamid Malki : Un accompagnement reste tout de même utile pour gérer certains routings, pour les effets par exemple, et il faut configurer l’interfaçage avec la console de mixage. Les mixettes Allen & Heath ME-1 récupèrent des sons « travaillés », je fais le gain, l’EQ, la compression… À la suite de quoi les artistes ont accès à toutes les sources pour réaliser leur balance. Ils ont seize canaux de mixage en accès direct, mais peuvent basculer les 40 sources dessus. On sent que l’ergonomie globale de ce matériel a été conçue pour les musiciens. À y réfléchir, c’est logique, mais c’est une vraie qualité que l’on ne retrouve pas sur tout le matériel destiné aux artistes. Au début de la résidence, ils avaient le réflexe de me demander de monter ou de descendre tel son dans leur mixage. Mais ils ont vite compris que c’était à eux de le faire directement.

Jean-Felix Lalanne : Dans une configuration de retour traditionnelle, que ce soit en wedges ou en IEM, beaucoup d’énergie est en effet utilisée par les artistes au moment d’échanger avec l’ingé-son retour. C’est un peu la foire d’empoigne, chacun donnant ses consignes en essayant d’attirer l’attention pour arriver à obtenir le son qu’il souhaite. Même quand l’ingé-son est excellent, une énergie folle est utilisée pour autre chose que faire de la musique. L’un des immenses intérêts de ces retours personnels est que chacun économise cette énergie en s’occupant soi-même de sa balance. Il y a une vraie sérénité sur scène, d’autant plus lorsqu’il y a sur le plateau très peu de sources acoustiques, peu d’influence de l’environnement. Ces conditions nous ont permis de conserver les mêmes balances de retour entre la résidence et toutes les dates de concert, en jouant éventuellement légèrement sur la quantité d’ambiance.
Et ce réglage se gère en quelques minutes de balance.

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