Le contrôle modulaire
Pangolab est une société française fondée par deux régisseurs lumière du théâtre de l’Odéon. Sa vision des systèmes de contrôle d’éclairage est orientée vers des interfaces modulaires et nomades, avec comme clé de voûte le logiciel Prego. Distributeurs de cette solution logicielle et développeurs d’interfaces mobiles permettant de la piloter, ils nous ont proposé de tester leurs systèmes Wily! et Crafty! pour que nous puissions nous faire un avis.
Des contrôleurs qui viennent de loin
Impossible de commencer ce banc d’essai sans parler un peu de l’histoire des consoles, tant le lien est évident. Prego est un logiciel développé par la société norvégienne Yngve Sandboe AS depuis 2004, avec comme fondement le langage de programmation AVAB VLC qui faisait tourner les consoles Safari, Presto, Pronto… Logiciel indépendant, nous le connaissons principalement en France sous le nom d’Hathor, lequel équipait les consoles d’ADB Liberty, Freedom, etc. de 2010 à 2019, date à laquelle la société française a arrêté de développer des consoles. On peut également trouver Prego dans les consoles de la marque E.GO hors de nos frontières.
Depuis 2019 donc, de nombreux théâtres et programmeurs ont été quasiment contraints de passer sur l’écosystème concurrent Eos d’ETC.
Et c’est là qu’intervient Pangolab, en proposant une alternative avec ses surfaces de contrôle modulaires basées sur Prego. Car ce dernier est toujours développé et propose de nombreuses options de connectivité.
De quoi parle-t-on ?
Pangolab propose donc des licences Prego, en tant que distributeur de la marque en France depuis 2021. Prego est une interface sur PC, utilisable en mode hors ligne sans licence pour préprogrammer un spectacle, ou en liaison CITP avec le logiciel Capture pour prévisualiser en trois dimensions ses projecteurs. Pour pouvoir sortir des paramètres en ArtNet ou sACN, il faudra débloquer des paramètres, et bien sûr, le prix des licences sera fonction du nombre de paramètres voulus, entre 128 et un nombre illimité.
Avec Prego, les utilisateurs de consoles ADB ne seront pas perdus, vu qu’il en reprend la philosophie et les fonctionnalités. Mais pour entrer dans le détail, le produit phare de Pangolab est l’application pour iPad Wily!
Sauvez Wily
Wily! n’est pas, comme on pourrait le penser, une simple télécommande de Prego. Wily! peut être configuré en extension de console, mais également en mode autonome. L’application utilise un protocole dédié pour s’interfacer rapidement avec le logiciel, qui reste à la barre et émet le protocole DMX. Mais Wily!, développé par Pangolab indépendamment de Prego, dispose de son interface bien à part, et a été pensé dans le but d’offrir une surface de contrôle innovante et nomade. Un programmeur peut parfaitement patcher des circuits, les piloter, enregistrer des mémoires ou une conduite, assigner des éléments à des faders et les piloter en mode virtuel sans jamais s’asseoir derrière le logiciel Prego. Tout passe par Wily!, et c’est tant mieux car cette application dispose d’une interface utilisateur beaucoup plus claire et digeste pour un débutant.
En effet, Wily! ne propose que les fonctions principales de Prego, permettant ainsi d’épurer l’interface. Plusieurs codes couleur sont au choix, et un bouton permet de modifier l’affectation des touches pour configurer son Wily!, changements qui seront conservés à la création d’un nouveau spectacle.
Wily! est uniquement disponible sur iPad. En effet, pour des raisons de cohérence de hardware, Pangolab ne peut pas garantir la fiabilité du logiciel sur tous les appareils Android, alors qu’il fonctionnera sur quasiment tous les iPads.
À l’usage, les boutons réagissent bien, les faders virtuels également, mais certaines combinaisons de touches, bien que réalisables en multitouch, nécessitent parfois d’utiliser deux mains, ce qui implique de poser l’iPad. Pour éviter les mauvaises manipulations, certaines touches profitent du multitouch, comme le Go, qui nécessite d’être actionné à deux doigts, un sur la touche, et un autre au moment du top.
Le système Wily! permet de connecter jusqu’à quatre iPads en simultané, soit pour créer une surface de contrôle plus grande, soit pour travailler à plusieurs pupitreurs.
Pour résumer, avec une bonne borne Wi-Fi, un opérateur pourra créer son spectacle de n’importe où dans la salle (à côté de l’éclairagiste, au plateau…), ce qui est un atout indéniable.