LA MUSIQUE URBAINE À 360°
Inspiré du film Death Takes a Holiday, datant de 1934, Baiser Mortel est une création originale imaginée par le compositeur et metteur en scène français Low Jack, la compositrice et rappeuse Lala &ce et la chorégraphe Cecilia Bengolea. Le spectacle mêle ballet, folklore urbain et arts sonores. Sa création a eu lieu à l’auditorium de la Bourse de commerce de Paris via un système de diffusion immersif Meyer Spacemap Go.
Baiser Mortel aborde le thème de la mort. « On me demande ce que ça fait de jouer la mort : je dirais que ça donne envie de vivre », résume Low Jack à propos de ce spectacle hybride, tant dans sa forme que dans son contenu. Le projet rêvé pour déployer un univers sonore dans les trois dimensions.
Producteur de musique électro, Low Jack a réalisé l’ensemble du contenu sonore du spectacle. Il est fan de TR 808, de synthés et de samplers. Il traite beaucoup les voix qu’il enregistre, avec une passion pour le son cristallin. Elles revêtent pour lui une importance majeure dans la production musicale.
SONO Mag : À quel moment l’approche spatiale immersive du son est-elle apparue dans le projet ?
Low Jack : À l’origine, l’ensemble de la création a été réalisé en stéréo, avant que Rodolphe Malo, notre ingénieur du son, ne nous propose cette approche spatiale inédite pour nous. Au vu du projet, de ce que nous voulions raconter, et surtout de la façon dont nous voulions le diffuser, la solution Spacemap Go qu’il nous a proposée nous a permis d’installer le public dans une cloche sonore, et de transmettre des émotions via une intimité avec le son.
Pour réaliser ce projet immersif, il nous a fallu déconstruire ce que nous avions produit en stéréo et réaliser des stems destinés à la diffusion Spacemap Go. Ce travail a été fait directement sur place, dans la salle de la Bourse de commerce, lors d’une résidence d’une semaine au cœur du système Meyer installé pour le spectacle. C’est Rodolphe qui était aux manettes. En amont de cette résidence, il avait déjà préparé le terrain dans sa station de travail, au studio.
La diffusion spatialisée est vraiment une nouvelle approche, dont le principal intérêt pour moi est de mettre en lumière certains événements sonores via d’autres paramètres que le simple traitement des niveaux et des spectres. Cela permet d’accompagner la narration d’une façon tout à fait nouvelle. Le principe est très intéressant, dès lors qu’il répond à un besoin narratif, comme c’est le cas sur des pièces particulières telles que Baiser Mortel, et que l’équipe dispose des compétences pour valoriser le procédé, comme c’est le cas pour nous avec Rodolphe.
Rodolphe Malo est l’ingénieur du son du projet. Il collabore avec de multiples artistes de musiques urbaines, en studio pour la création de titres, mais aussi en live sur des spectacles et des tournées. Il promeut une approche globale de son rôle, de la production de l’album studio à la promo et jusqu’à la prestation de tournée… le son à 360°, déjà. La seule limite qu’il se fixe est de ne pas s’immiscer dans la création artistique. Chacun son travail.
SONO Mag : Peux-tu nous situer le cadre de travail de ce projet ?
Rodolphe Malo : L’univers est celui de la musique urbaine, et le maître-mot du projet est innovation. Le spectacle a été imaginé en même temps qu’un album a été enregistré. Lors de notre travail de mixage en studio, il nous est apparu évident que l’immersion sonore été indispensable. L’immersion entendue pas seulement au sens d’un englobement du public, ce qui ne serait pas très original et se pratique depuis des décennies au théâtre, mais aussi en intégrant des trajectoires sonores.
Notre contenu audio est issu du multipiste des séances studio, dans Logic. Il contient une centaine de canaux, regroupés dans des stems. À la base, comme le disait Low Jack, le contenu sonore a été conçu pour la stéréo.
Tous les stems réalisés pour la spatialisation sont restés stéréo, y compris ceux des basses ou des kicks. Mais pour pouvoir exploiter les possibilités spatiales, je sépare souvent la mélodie et l’harmonie. Je place aussi à part les effets sonores et les voix, qui sont très produites, avec beaucoup de réverbs très claires, des délais ping-pong… et qui servent de soutien aux artistes qui chanteront sur scène. Le propos n’est pas celui d’un concert, mais plus d’un spectacle de comédie.
Au final, j’arrive à regrouper mes pistes sur 32 canaux, qui correspondent à la capacité d’entrée du Spacemap Go, en comptant le canal réservé au tout venant, un micro d’annonce ou la musique d’attente par exemple.