Partie 2 : Premières expériences d’exploitation
Dans le premier volet de ce dossier, nous avons décortiqué la proposition originale que réalise Audio Technica avec sa solution de prise de son 8.0 BP3600. Echangeons maintenant avec certains des primo utilisateurs du dispositif. En l’espèce RFI Labo, qui a confronté le micro avec son expérience de la captation immersive, et l’équipe Flux:: qui a réalisé une passerelle entre le BP3600 et l’environnement immersif de SPAT Revolution.
Cet SPAT Revolution est un moteur de mixage audio immersif en temps réel dans lequel les objets sources entrants peuvent être positionnés dans l’espace à l’aide d’une interface graphique intuitive. Conçu pour s’intégrer dans pratiquement n’importe quel flux de travail et avec une automatisation complète de tous les paramètres de spatialisation, SPAT Revolution offre un large éventail de possibilités permettant aux artistes, aux concepteurs sonores et aux ingénieurs du son de disposer de possibilités pratiquement illimitées pour concevoir, créer et mixer des contenus immersifs. La version 23.08 du logiciel de spatialisation prend désormais en charge le BP3600. Chaque micro du BP3600 devient un objet sonore situé directement dans l’environnement 3D via des presets définis. Pour détailler les possibilités, nous avons échangé avec Gaël Martinet, directeur du développement software chez Flux::.
SONO Mag : Que sais-tu de la genèse du micro BP3600 ?
Gaël Martinet : Dans les recherches initiales d’Audio Technica pour développer un micro immersif, une piste avait été explorée d’une solution Ambisonic à 32 capsules. Une option sans doute intéressante en termes de potentiel et de finesse de résolution de prise de son, mais très compliquée à gérer dans une chaîne de production. Le format Ambisonic nécessite en effet un étage d’encodage des signaux des micros pour obtenir un format exploitable en production et en diffusion. L’équipe Audio Technica a rapidement conclu qu’il serait préférable de trouver une solution directement et simplement exploitable. De fil en aiguille, ils sont arrivés au BP3600, un micro à huit capsules « channel based », orienté canaux. Le signal de chaque micro alimente directement un canal de diffusion, sans qu’aucun décodeur ne soit nécessaire.
Les huit capsules des micros étant agencées au niveau des sommets d’un cube, le dispositif est parfaitement symétrique. Audio Technica laisse un libre choix pour l’orientation du micro, suivant la configuration de prise de son la plus pertinente vis-à-vis de la situation. Le BP3600 peut être posé sur pied, pendu au plafond, voire placé à l’horizontale. La cohérence entre la position du micro et le sens de la prise de son s’obtient ensuite par simple modification de l’affectation de branchement des câbles des micros.
SONO Mag : Quelle a été la feuille de route de l’équipe Flux:: pour l’intégration du BP3600 dans SPAT Revolution ?
G. M. : Le gros du travail a consisté à concevoir une interface d’assistance à l’affectation correcte des canaux en fonction de la position botom front left du capteur. L’interface prévoit une exploitation des couleurs identifiant les câbles. Dès lors que les canaux sont correctement affectés, l’image sonore en 3D est fidèle à l’environnement et il est très simple de positionner et manipuler le résultat dans la chaîne de production audio immersive.
SONO Mag : Des fonctionnalités étendues, de contrôle des lobes de captation par exemple, sont-elles disponibles ?
G. M. : À ce jour, nous n’avons pas intégré de fonctions supplémentaires, par exemple pour focaliser la captation sur une zone particulière, ou ajouter certains traitements psychoacoustiques au résultat final. La perspective est réaliste, mais l’équipe Flux:: a de nombreux autres fers au feu, cela se fera en son temps.
Toutefois, il est possible d’intégrer les signaux du BP3600 dans SPAT Revolution puis d’encoder le résultat en Ambisonic afin de disposer de toutes les latitudes de traitement que permet ce format. Mais la philosophie d’Audio Technica pour ce micro étant la recherche de l’efficacité dans la simplicité, l’équipe Flux:: a souhaité y rester fidèle, en se focalisant sur les priorités d’aide à la configuration et l’intégration dans le workflow.
SONO Mag : À l’usage, comment se comporte le BP3600 ?
G. M. : L’ensemble est très simple à mettre en œuvre, et aussi très robuste. Tant pour le micro lui-même que dans son conditionnement, prévu pour protéger le dispositif des aléas de la route.
En termes de son, le BP3600 est capable de supporter des pressions acoustiques très élevées. Une qualité qui a sans doute été une priorité de l’équipe de développement quand on sait que les situations initiales de test ont été les grands prix de moto, sites furieusement bruyants s’il en est.
En corolaire, nous avons noté un niveau de bruit propre qui, bien que la plupart du temps masqué par la rumeur ambiante, rendra le BP3600 peu pertinent pour les prises de son très fines, sur des instruments acoustiques à faible niveau et dans des environnements très silencieux par exemple. Nous avons réalisé des prises de son studio et en pleine nature et j’ai retrouvé une signature sonore que je qualifierais d’analogique, avec son grain caractéristique.