NEXO ET FLUX:: FONT LE SHOW
Proche de Pigalle et Montmartre, le 10 rue Pierre-Fontaine est le témoin de la vie nocturne parisienne depuis le début du 20e siècle. Y ont joué Django Reinhardt comme les Inconnus, Louis de Funès, Patachou ou Gérard Jugnot. Le théâtre propose aujourd’hui des comédies contemporaines, comme Berlin Berlin, actuellement à l’affiche. Distinguée de deux Molières et déjà jouée plus de 200 fois, elle a inauguré voici un an le système de diffusion installé par Espace Concept et associant Nexo et SPAT Revolution.
Le partenariat entre Espace Concept et PLP (Pascal Legros Production), qui gère le théâtre Fontaine, date d’il y a presque 20 ans. L’époque où Alain Roy, le dirigeant d’Espace Concept, assurait en micros numériques les tournées de Georges Moustaki. L’éclairagiste de la tournée était devenu régisseur général chez PLP et en charge d’un théâtre en Belgique, où nombre de prestataires s’étaient cassé les dents pour proposer un renforcement sonore efficace.
Alain Roy propose alors de mettre en œuvre une configuration en micros numériques, une solution qui donne toute satisfaction au théâtre. La confiance acquise débouche sur une multiplication des collaborations.
En tournée avec les artistes, mais aussi dans les salles comme le théâtre Fontaine où nous avons retrouvé Alain, accompagné d’un collaborateur régulier, Nicolas Erard.
Après la classe préparatoire aux métiers du son de Chalon-sur-Saône, Nicolas Erard intègre la FSMS du conservatoire de Paris. Passionné de spatialisation sonore, il réalise en dernière année un stage chez Flux:: avec Gaël Martinet en tant que directeur de mémoire. Depuis, il travaille pour Flux:: en tant que consultant et également comme ingénieur du son sur divers projets, immersifs ou non. Il intervient très régulièrement sur les projets d’Espace Concept.
Nous retrouvons Nicolas et Alain sur place pour en savoir plus sur la configuration.
SONO Mag : On trouve en façade des enceintes colonnes Nexo.
Alain Roy : Le système gauche-droite est assuré par deux ID84. Cette enceinte est constituée de petits haut-parleurs non pavillonnés, ce qui évite de retrouver la signature sonore un peu bouchée que l’on a parfois sur des enceintes à pavillon.
Nous avons ajouté une ID24 en canal central pour équilibrer l’espace. C’est une enceinte pavillonnée, qui va donc sonner pavillon, mais qui permet une portée assez longue. Deux subs 312 dissimulés complètent la réponse en fréquence.
SONO Mag : Peut-on exploiter l’élévation ?
A. R. : En étudiant la question, nous sommes arrivés à la conclusion que considérer que l’on allait pouvoir gérer l’élévation entre le parterre et le balcon n’avait pas de sens. Les deux espaces constituent des zones séparées. Une information sonore qui passerait de la zone basse à la zone haute serait initialement perçue par les seuls spectateurs du parterre puis les seuls du balcon. Couronne haute et basse constituent donc ici un seul et même système. Les ID14 de la couronne supérieure sont disposées à l’exact aplomb de celles du parterre, ce qui permet de les câbler par paires sur le même canal d’ampli.
Enceinte deux voies passive coaxiale non pavillonnée qui restitue un résultat assez transparent, l’ID14 se marie très bien avec les ID84 et ID24.
SONO Mag : Que retrouve-t-on en régie ?
A. R. : Le fonctionnement du théâtre Fontaine est traditionnel, les comédiens s’expriment la plupart du temps en acoustique, la salle est conçue pour cela. La régie est donc équipée d’une console Yamaha QL1, d’un poste QLab qui permet de lancer des événements sonores et vidéo et du processeur SPAT Revolution. L’ensemble communique en Dante.
SONO Mag : Peut-on détailler l’architecture du SPAT Revolution tel qu’il est utilisé ici ?
Nicolas Erard : Un système SPAT est toujours constituée d’entrées, de rooms et de sorties pour alimenter le système de diffusion.
En entrées, on retrouve l’ensemble des sources sonores. Elles peuvent être constituées de contenus mono ou stéréo traités en objets sonores, mais aussi de formats immersifs natifs tels que du multicanal 5.1, 7.1… ou encore de formats Ambisonic.
Il est vite possible de faire face à une grande quantité de canaux d’entrée. Si, en mono ou en stéréo on retrouve des nombres de canaux habituels, un son Ambisonic d’ordre 1 va nécessiter quatre canaux d’entrée, et un format multicanal 7.1 utilisera huit canaux. La quantité de canaux d’entrée est un aspect à ne pas négliger dans la configuration de la régie et de la distribution.
Tous les canaux de diffusion passent par le SPAT. Le système frontal gauche-droite prend la forme de deux objets sonores intégrés dans la diffusion, et une première room du SPAT permet une ambiance générale sur la diffusion frontale.
Pour le spectacle Berlin Berlin joué en ce moment, le metteur en scène a choisi que le micro chant soit directement diffusé en frontal depuis le canal central, sans effet spatial. La sortie directe de la tranche du micro sur la QL1 est donc traitée en tant qu’objet sonore qui est directement placé dans le canal central de diffusion.
Et la solution SPAT permet de remplacer avantageusement certains dispositifs de diffusion typiques du théâtre, comme par exemple une enceinte au lointain pour simuler l’éloignement d’un effet sonore. La transformation du son pour figurer son déplacement se réalise via le processeur.
D’un point de vue du cheminement des données, les sons, mais aussi les commandes OSC issues du QLab et destinées au SPAT, transitent par le réseau Dante. Les sons alimentent le processeur SPAT via une carte Dante Yamaha AIC128 qui permet le transfert de jusqu’à 128 canaux à 96 kHz. Elle est installée dans le PC rackable dédié au SPAT et assemblé par Espace Concept. Les différents ports Ethernet sont tous reliés à un switch, sans serveur d’adresse IP, dont tous les ports sont en 169.254. On y entre même les vidéoprojecteurs.