Transitions Scéniques

13 Nov 2023 | News Divers

Les organisateurs de Transitions Scéniques deuxième édition : Ulrich Brunet (à gauche), président de Spectaculaires et Samuel Brouillet, directeur de Zébulon Régie.

Vers des solutions soutenables

Le jeudi 5 octobre s’est tenue à Rennes la deuxième édition de Transitions Scéniques, avec pour objectif de partager les bonnes pratiques et les innovations répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux dans les métiers techniques du spectacle et de l’événement. Les premières Transitions Scéniques eurent lieu en 2021 à l’initiative de Ulrich Brunet, directeur de Spectaculaires. Retour sur l’édition 2023.

L’événement

Pour cette seconde édition, la société Zébulon Régie de Samuel Brouillet a été invitée à organiser des ateliers thématiques. Zébulon Régie fait déjà référence en matière d’écoconception des événements grand public. Notons ici que la gratuité de l’accès à l’événement pour le public comme pour les exposants permet d’écarter les éventuelles suspicions de greenwashing de la part de ses organisateurs. Pour accueillir l’événement, la Halle de la Courrouze de Rennes fut séparée en trois zones : un espace conférence, un espace exposants et une zone d’expérimentation interactive. Le public fut au rendez-vous avec un doublement du nombre d’inscrits et la présence de nombreux jeunes étudiants.

Les enjeux : économique, sociétal, environnemental

Empreinte énergétique, émission carbone, gestion des déchets, transport, durée de vie des équipements, égalité, inclusion, violence sexiste… Tous ces thèmes écologiques et sociétaux vont préempter les habituelles préoccupations techniques et tarifaires dont on aime s’entretenir sur les salons. Transitions scéniques n’est pas un énième show mais un espace de réflexion et de rencontres dont le but est « d’impulser notre intelligence collective pour opérer de réelles transitions au niveau économique, sociétal et environnemental » précise Ulrich Brunet dans son discours d’ouverture. Pour Samuel Brouillet, ces changements impactent le management, les investissements, mais aussi les petits gestes du quotidien. C’est tout un système qui doit se remettre en question.

Des ateliers de réflexions

Cinq ateliers ont permis la diffusion de nombreuses informations sur les différents aspects du RSE. Le directeur du CFPTS, Bruno Burtre, ouvre le bal en précisant que le centre de formation intègre déjà l’évolution des mentalités et des pratiques : égalité, diversité et inclusion, VHSS, RSO, RPS, RSE. Depuis 2012, la formation de Direction technique propose des modules de Management responsable ou d’Organisation et logistique éco-responsable. Pour 2024, de nouvelles formations apparaissent au catalogue comme Enjeux de la RSE et transition écologique dans le spectacle vivant ou Accueil du public en situation de handicap sur les spectacles et événements.

Dans l’espace d’exposition, quatorze exposants ont été sélectionnés pour leur gestion éco-responsable.

Intervient ensuite Philippe Abergel, du Synpase, qui vient présenter le label PRESTADD. Aujourd’hui, près de 60 prestataires ont déjà obtenu ce label RSE. Il est valable quatre ans, et permet à l’entreprise d’améliorer son image et sa réputation. Il donne un avantage concurrentiel face aux appels d’offres mais permet aussi de réduire ses coûts énergétiques et frais de gestion de déchets. En interne, il permet un regain de motivation et de cohésion des équipes. Après quatre ans, le label n’est réattribué que si l’entreprise s’est améliorée.

Amelie Orfila, co-directrice des Connexions, vient ensuite sensibiliser le public sur les enjeux DD dans l’événementiel avec notamment la « théorie du donut ». Le périmètre extérieur du donut étant le plafond écologique et le périmètre intérieur étant le plancher social. Tout l’enjeu pour l’entreprise est de rester entre les deux.

Jean-Claude Herry, fondateur de IPAMA Conseil, est également venu parler de la norme ISO 20121 qui soulève la question du greenwashing, notamment lors de la préparation et l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar, qui déplore de nombreux morts. « Il s’agit d’une norme de moyens et non pas de résultats » explique Jean-Claude Herry. Certes, elle présente certaines limites car aucun niveau minimal de performance n’est requis, cependant c’est un bon outil car il oblige à se structurer et a un effet très positif lors de la période de préparation à l’audit.

Enfin, Manon Ouvrard, directrice technique de Grand R à la Roche-sur-Yon, a animé une discussion autour des problèmes d’égalité et de mixité dans les équipes.

Zoom sur les solutions techniques

Différents acteurs ont pu partager leurs solutions sur leur stand ou lors des ateliers « zooms techniques » dans l’espace conférence. Bien sûr, l’évolution de la technologie –LED, laser, miniaturisation et baisse de la consommation de l’électronique – bénéficie à de nombreux fabricants qui peuvent mettre en avant une réduction de leur empreinte énergétique et CO2 (produits plus compacts et donc moins de transports), une réduction de l’obsolescence et donc des déchets. Ainsi, Barco présente son projecteur G50-W8 qui détient le record d’efficacité énergétique dans sa catégorie : 18 lm/W. Des démarches plus proactives sont aussi adoptées par certains.

L’équipe des Nantais de Naostage présente son système de tracking innovant K System.

On notera notamment l’intervention du distributeur Algam qui met en avant un nouveau process de fabrication écoresponsable de ses guitares avec des bois labellisés FSC (gestion durable des forêts) et sans vernis. Chez ETC, c’est la réutilisation des optiques de leurs projecteurs : une optique de 1992 est adaptable sur un projecteur de 2023. Chez Robe, la technologie Transferable Engine permet d’upgrader plutôt que de tout remplacer. Panasonic possède déjà 31 usines « zéro CO2 » dans le monde. Des panneaux solaires sur les toits des usines alimentent des centrales à hydrogène.

Côté mediaserveurs, Waves System, qui fabrique à Nantes, privilégie les fournisseurs locaux et minimise le « casing ». Modulo Pi met en avant la baisse de consommation en montrant qu’un mapping pour 1 000 personnes consomme seulement 12 kW là ou un streaming pour 1 000 personnes consomme 240 kW. Televic innove dans la visioconférence et pousse à son utilisation qui fait partie des demandes RSE. Enfin, les jeunes Nantais de Naostage sont à l’honneur dans la zone d’expérimentation interactive avec leur produit phare, le K system. Ce système de tracking fonctionne sans balise à l’aide d’un capteur renfermant cinq caméras (dont deux IR et deux thermiques). « Les composants sont sourcés en France à 90 % et l’IA est entraînée de manière éthique » précise Paul Cales, fondateur de Naostage.

De multiples démonstrations sont présentées sous forme d’expérience interactives

Cet événement poussé par la détermination et la jovialité d’Ulrich Brunet laisse une sensation de « bonnes nouvelles » et d’espoir dans un contexte socioéconomique qui en manque cruellement.
Rendez-vous en 2025 pour la troisième édition.

Un article de Luc Bara

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