Pas de hasard dans le choix, par le fabricant japonais, de la dénomination DM. Les DM1000 et DM2000 avaient, en leur temps, apporté une proposition originale de consoles polyvalentes, que l’on a vu en live comme en production, en broadcast ou en enregistrement. La gamme DM7 s’inscrit dans cette lignée, et l’évolution de la technologie lui permet d’aller beaucoup plus loin.
C’est au cours d’un événement organisé le 6 juin à la Maison du Japon, à Londres, qu’a été dévoilée en Europe la gamme DM7.
On est tentés de le penser, Yamaha le réfute. La DM7 ne prend pas la place de la CL5, modèle datant pourtant de 2012 et qui continuera cependant à être livrable aux utilisateurs pendant un certain temps. Cependant, par leur ergonomie et leurs capacités, les DM7 répondent à la plupart de attentes d’utilisateurs de CL. La cohabitation durera le temps de la transition sans doute.
Système modulaire
La gamme est composée, en termes de hardware, de deux consoles et d’une unité d’extension de contrôle. Des propositions de logiciels additionnels permettent au kit choisi de s’optimiser pour le live, l’événementiel, le broadcast, le streaming et le mixage hybride où la même console est splittée pour réaliser plusieurs mixs.
En termes de choix technologique, l’adoption du 96 kHz en tant que fréquence d’échantillonnage « standard » est de mise. Pas de nouveaux stageboxes à l’appel, on utilisera les Rio1608-D2 ou Rio3224-D2 déjà en parc.

Quatre combinaisons sont possibles en associant DM7 ou DM7 Compact à l’extension Control. © DR
Deux consoles
La DM7 dispose de 32 entrées, 16 sorties et peut traiter 120 canaux d’entrée dans un encombrement de 793 mm x 564 mm. La DM7 Compact propose quant-à-elle 16 entrées, 16 sorties et peut traiter 72 canaux d’entrée dans un encombrement de 468 mm x 564 mm.
Les deux modèles offrent jusqu’à 144 entrées/sorties en réseau Dante à 96 kHz, ainsi que 48 bus de mix, 12 bus de matrice et deux bus stéréos. Ils peuvent être utilisés avec les racks d’E/S Yamaha de la série R et une variété de périphériques Dante pour des systèmes audio extrêmement personnalisables et flexibles.

La DM7 et son extension optionnelle. © DR

La DM7 Compact telle que dévoilée lors de son lancement à Londres. © Éric Moutot
Une extension de contrôle
Les deux consoles peuvent être complétées par l’extension DM7 Control. Cela permet de créer une entité DM7-EX (ou DM7-EX Compact). L’unité d’extension ajoute deux faders, des commandes utilisateur, une roue codeuse pour le contrôle de séquenceurs audionumériques, des commandes de mémoires de scène, panoramiques et retours. Il offre un environnement de travail confortable pour les productions telles que les comédies musicales, qui nécessitent un déclenchement et des changements de scène précis, et le broadcast, univers dans lequel le contrôle des retours et des séquenceurs audionumérique est essentiel. On peut ainsi construire la surface de travail optimisée pour son workflow.
Le DM7 Control est livré avec les packs logiciels Broadcast et Théâtre dédiés. Le pack Broadcast comprend des fonctions destinées à faciliter le mixage broadcast, notamment la prise en charge du son surround 5.1, du Mix Minus, de l’Audio Follow Video et du Loudness Meter. Le pack Théâtre apporte plusieurs fonctionnalités dédiées au spectacle vivant comme Actors Library et DCA Scene Grid, ainsi que le contrôle d’AFC Image. Ces packs peuvent être achetés séparément pour les utilisateurs de la série DM7 qui n’ont pas besoin du DM7 Control.
A noter que la suite logicielle n’est pas liée à un hardware. Autrement dit, un loueur de matériel disposant d’une suite logiciel pourra librement en basculer l’utilisation d’un mixeur à un autre au fil des besoins.

Andy Cooper à l’œuvre sur la DM7 présentée à Londres. © Éric Moutot
Outils de traitement du son
Chaque tranche de DM7 comprend les quatre types d’égalisation de la série RIVAGE PM, ainsi que deux traitements de dynamique inédits – un limiteur à transistor à effet de champ et un compresseur à pont de diodes. L’ordre entre le signal de l’EQ et de Dynamics 2 peut être modifié.
Le mixage automatique Dan Dugan est inclus en standard. Préaffecté sur le Channel Strip, il permet d’automatiser jusqu’à 64 canaux de mixage sans consommer les ressources du rack d’égalisation. Le système comprend également une gamme de plug-ins de modélisation de circuits virtuels (VCM), tels que l’égaliseur Portico 5033 et le compresseur/limiteur Portico 5043 créés en collaboration avec Rupert Neve Designs, ainsi que le suppresseur de bruit dynamique DaNSe et l’égaliseur Dynamic EQ. Un rack d’effets permet d’accéder à une gamme d’effets de haute qualité.

La page de la fonction Assist, qui anticipe un ensemble de tâches de préparation de la balance. Notez aussi l’éclairage intégré dans la casquette, une solution pour optimiser son efficacité tout en réduisant la pollution lumineuse des lampes sur col de cygne. © DR
Ergonomie
La série DM7 est dotée d’une nouvelle interface utilisateur, plus simple et plus efficace, avec un flux de travail plus intuitif, tout en conservant les notions familières bien connues des utilisateurs de consoles Yamaha.
Les écrans tactiles de 12,1 pouces (31 cm) (un sur le DM7 Compact, deux sur la DM7) combinent une utilisation intuitive et précise en utilisant les encodeurs physiques de l’écran et les contrôles familiers Yamaha « Touch and Turn ».
Le nouvel écran Selected Channel View affiche une liste d’informations sur les canaux individuels. Il permet un accès rapide aux paramètres que l’opérateur souhaite utiliser.
Un histogramme a également été ajouté aux bargraphes d’entrée pour faciliter la gestion des niveaux des préamplificateurs.
Autre innovation, l’écran utilitaire de 7 pouces (18 cm), qui permet d’accéder facilement et à tout moment aux informations et fonctions essentielles telles que les listes de scènes, les boutons utilisateur et les vumètres.
Fonctionnalités
L’une des principales nouveautés de la série DM7 est le mode Split, qui permet de diviser les canaux d’entrée, les scènes et les bus de mixage de sorte qu’une DM7 ou une DM7 Compact fonctionne comme deux consoles de mixage distinctes. Avec une seule console, les utilisateurs peuvent mixer la façade et les retours, ou la façade et le broadcast ou le streaming par exemple.
Le réseau Dante intégré prend en charge jusqu’à 144 canaux d’entrée et de sortie. La télécommande des préamplificateurs et le contrôle des appareils, par exemple des micros HF Shure, Sennheiser et Sony, sont également pris en charge. La série DM7 dispose aussi d’un port USB-C en face arrière pour un interfaçage audio offrant 18 entrées/sorties pour l’enregistrement, la distribution, la lecture et la connexion à des systèmes de conférence, ainsi que le contrôle via des appareils MIDI et des séquenceurs audionumériques.

Relié via le port USBC capable de transférer 18 entrées et sortie, l’ordinateur externe permet d’assurer un ensemble de fonctions, de traitement, d’enregistrement et de contrôle. © DR
Autres atouts
La série DM7 dispose d’une alimentation redondante. La nouvelle fonction Assist suggère des réglages de préamplificateurs, de nommage et d’équilibrage des faders, ce qui permet aux utilisateurs de réduire le temps de préparation.
De nombreux logiciels et applications sont pris en charge, dont DM7 Editor, DM7 StageMix, MonitorMix, Console File Converter (qui permet de convertir les scènes d’une console Rivage, CL ou QL en un fichier lu par les DM7), ProVisionaire Control et ProVisionaire Touch, ce qui permet la préparation hors ligne, le mixage sur un appareil sans fil, le mixage des retours et le contrôle (y compris des équipements périphériques).
La série DM7 comprend une fonction serveur OSC qui permet de contrôler les consoles à partir d’appareils compatibles OSC, et la DM7 Compact peut être montée dans un rack standard de 19 pouces pour une utilisation pratique.
Les DM7 sont également livrées avec VST Rack Elements, un logiciel hôte de plug-ins qui permet aux ingénieurs du son de créer leurs propres racks d’effets, ainsi que le logiciel Nuendo Live de Steinberg optimisé pour l’enregistrement en direct.

Une utilisation de la DM7 en mode Split, prévoyant de diviser la surface de contrôle en deux zones destinées à des opérations de mixage séparées. Une fonction qui restait jusque là l’apanage de systèmes plus imposants. © Eric Moutot
Slot d’extension au format PY
La DM7 Compact ne dispose pas de slot d’extension, et la DM7 ne permet pas d’utiliser les cartes d’extension actuellement disponibles chez Yamaha. Le fabricant se justifie en évoquant l’augmentation de la capacité de ces maillons et présente le format PY.
Trois cartes PY sont actuellement disponibles : PY64-MD (64 entrées/sorties MADI), PY8-AE (8 entrées/sorties AES/EBU sur connecteur D-sub 25 broches) et PY-MIDI-GPI (connecteurs DIN 5 broches et D-sub 15 broches pour des terminaux de contrôle MID/GPI étendus).
Budget
Chacun fera ses calculs en fonction des conditions dont il dispose chez son fournisseur de matériel Yamaha, nous donnons ici les tarifs catalogue hors taxes.
DM7 Compact 13950€
DM7 26450€
DM7 Control 4500€
Suite logicielle 2000€

Dédié aux DM7, le format de cartes d’extension PY voit le jour. © Eric Moutot
Conclusion
Les temps sont au développement de systèmes plus versatiles, capables de s’adapter à un plus grand nombre de projets en optimisant les investissements réalisés. Avec la gamme DM7, Yamaha s’inscrit dans cette tendance on ne peut plus louable. Pas de révolution, mais l’intégration, dans une gamme très bien imaginée, d’un savoir faire acquis au fil du temps avec le développement des consoles numériques. Le changement dans la continuité en quelque sorte.
Les DM7 et DM7 Compact seront disponibles à la livraison en septembre 2023, tandis que l’extension DM7 Control et la suite logicielle en décembre.
Par Eric Moutot, le 6 juin 2023.