Yuston XIII à l’Olympia

31 Déc 2024 | n°505, Reportage Lumière & Vidéo

One shot tracké

L’artiste Yuston XIII, discret dans les grands médias, a développé sa notoriété sur Internet et via les réseaux sociaux. Une courte phrase de promotion, reprise partout, nous parle d’un univers « riche, mystérieux, qui met en avant la voix envoûtante de l’artiste… » Et c’est à l’Olympia qu’il s’est produit en ce mois d’octobre, pour une date unique à laquelle nous avons assisté.

Alexis David, éclairagiste rompu à ces univers et styles musicaux, nous accueille en ces lieux pour parler de son design, mais également de la scénographie qu’il a réalisée.

Alexis David : En juillet 2023 j’ai été contacté par VeryShow, la production de Yuston XIII. Elle m’a proposé de collaborer sur ce projet, qui m’a bien plu sur le plan artistique. J’ai rencontré l’artiste en visio pour une date à la Cigale de Paris, ça a collé, il a aimé mes visuels. On a enchaîné avec une petite tournée club de dix concerts, quelques dates de festival, deux semaines au Canada pour trois spectacles, et le dernier concert de cette première tournée se joue à l’Olympia à guichet fermé.

SONO Mag : Tu réalises la lumière du projet et également sa scénographie. Peux-tu nous décrire cette dernière ?

A. D. : Avec l’artiste, on voulait avoir cette grande montagne en fond de scène avec les musiciens entourés de roche, comme si elle s’effondrait à la suite d’un tremblement de terre. J’ai imaginé un décor autoporté recouvert d’une feuille en aluminium de la marque Formit Technologie (référence Volcano), et deux échafaudages Layhers pour les musiciens, recouverts également de ce matériau. On est très contents de ce décor. Pour Yuston XIII, l’Olympia est un point déterminant dans son évolution en tant qu’artiste, une base sur laquelle construire son futur.

SONO Mag : Pour un spectacle hors tournée, le kit lumière est très fourni.

A. D. : Oui, le décor est imposant, donc on avait besoin de bien l’éclairer. J’utilise une ligne de Tetra 2 Robe pour lécher montagne et Layhers, ainsi que pour des effets de flare et d’ombres chinoises. Beaucoup de titres parlent d’ombres et de fantômes, donc cela colle à son univers. J’utilise également beaucoup de fumée et peu de face, pour obtenir un univers orageux, ténébreux…

Les beams laser Baracca 360 permettent de faire une muraille, de tracer le XIII, ou de représenter une armée d’ombre derrière l’artiste. Les spots sont là pour la face et les contres, souvent asservis au logiciel de tracking. Le reste du kit sert à réaliser un remplissage de couleur via les Floodlite HD répartis dans l’espace, les ColorStrike M au lointain et les washs Mac Aura XB. Pour les effets stroboscopiques et les éclairs, les Atomic 3000 sont un choix délibéré. Il y a beaucoup de strobes à LED très performants aujourd’hui, mais je ne retrouve pas encore le blanc du crayon de l’Atomic.

SONO Mag : La texture d’aluminium sombre prend-elle bien la lumière ?

A. D. : J’ai réellement découvert la texture sur place. J’avais eu un échantillon d’1,20 m pour tester des choses, mais rien ne remplace la réalité du décor. Elle prend assez naturellement la lumière en termes de colorimétrie, mais il y a eu besoin de plus de travail de recherche pour l’intensité lumineuse. Et dans la pénombre, elle reste très discrète.

SONO Mag : Tu utilises un système de tracking de NaoStage sur ce projet. La dernière fois que l’on s’est vus, sur Khali, c’était le Smart System de ZacTrack. Peux-tu nous parler de ces solutions et de ton besoin spécifique ?

A. D. : J’ai du mal avec les faces générales. On a ici un décor à mettre en valeur dans la pénombre, et la face va venir casser les reliefs et révéler la fausse roche. Je ne voulais donc pas de ce côté « neutre ». Et comme l’artiste avait besoin d’un cocon autour de lui, sombre ou pas, le tracking était la solution pour des faisceaux serrés pas trop invasifs. J’aime bien utiliser les divers systèmes de tracking, RoboSpot, ZacTrack… et j’ai donc contacté NaoStage pour pouvoir essayer leur système de barre de caméras au gril. Le tracking, c’est le futur selon moi. Ça permet des faces très serrées.

Les artistes n’ont pas à se préoccuper de leur positionnement, ce qui est très utile dans la musique actuelle, où l’habitude de se tenir sur les marques est moins ancrée qu’ailleurs. J’aime aussi le fait que ce système est ouvert à toutes les marques de projecteurs, cela ouvre à plus de créativité et à une utilisation avec d’autres machines à des moments particuliers du spectacle.

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